Les partis politiques face au spectre de l’abstention

La campagne électorale sera lancée dans quatre jours

Les partis politiques face au spectre de l’abstention

El Watan, 31 octobre 2012

Des responsables de formation politique estiment que les «irrégularités» qui ont entaché les dernières législatives ont achevé de décrédibiliser l’acte de vote chez de nombreux électeurs.

Le compte à rebours a commencé. La campagne électorale pour les prochaines élections locales sera ouverte dimanche prochain. Sur le terrain, rien n’indique qu’un rendez-vous électoral se prépare. Les Algériens demeurent indifférents à cette échéance électorale, qui est pourtant importante pour leur vie quotidienne. Ce constat est confirmé par la majorité des partis politiques en course pour ces élections. Le Parti des travailleurs (PT) et le Mouvement de la société pour la paix (MSP) prévoient déjà un taux d’abstention record. Ils affichent cette appréhension à l’issue de la précampagne qu’ils ont menée sur le terrain.

M. Taâzibt du PT regrette l’absence totale d’engouement et la non adhésion des citoyens à cet événement. Selon lui, «tous les ingrédients sont réunis pour ne pas permettre une élection démocratique». Le gouvernement, explique-t-il, n’a pris aucune mesure pour éradiquer et corriger les raisons ayant poussé à la fraude, le 10 mai dernier. «Le climat politique général du pays n’est pas propice à l’organisation d’une élection. Les législatives du 10 mai dernier ont été entachées d’irrégularités et le gouvernement n’a rien fait pour rectifier le tir, d’où l’indifférence des citoyens», déplore ce député du PT, qui estime qu’aucune assurance n’a été donnée par le pouvoir pour l’organisation d’une élection transparente, et dans ce cas, la confiance n’est pas au rendez-vous.

Notre interlocuteur évoque la problématique du vote des corps constitués. Le PT revient par la même occasion sur l’inscription des militaires. «Les membres de l’ANP peuvent voter chez eux, s’ils sont en permission ou alors par procuration. Il est inadmissible de transporter les militaires vers des bureaux de vote, il s’agit d’une régression par rapport à 2004, 2007 et 2009», note-t-il. Le comité central du PT se réunira, ce week-end, avec au menu, la campagne électorale. «Notre objectif est de mener une campagne politique avec les enjeux du moment. Nous allons axer notre discours sur, entre autres, la souveraineté nationale et le développement local. Mme Hanoune, les candidats et les membres de la direction du parti sillonneront les 47 wilayas du pays», explique-t-il.

Le MSP affiche aussi le même pessimisme. Il se dit convaincu aujourd’hui qu’il y a une indifférence de l’opinion publique vis-à-vis de cette nouvelle consultation dont elle sait qu’elle ne reflètera pas sa volonté et qu’elle ne répondra pas à ses aspirations. En effet, Zineddine Tabal, du MSP, note que son parti revendique l’assainissement des listes électorales, la révision de la composante du bureau de vote, la révision radicale de l’arsenal juridique qui organise les relations entre l’administration et les électeurs et la mise en place de garde-fous contre le règne de l’argent en politique. «Tant que ces facteurs persistent, les élections ne seront pas transparentes», affirme-t-il.

Pour sa part, le RCD a choisi de participer à cette consultation électorale pour que ses futurs élus auront un contact direct avec les citoyens, être à leurs côtés et améliorer leur quotidien. Quant à la préparation de ses candidats, le RCD s’élève contre le comportement et les agissements du pouvoir. Mohamed Khendak, secrétaire national chargé de la coordination, déplore, encore une fois, que le pouvoir n’a pas ménagé ses efforts envers leur parti pour mettre la pression sur les militants et les sympathisants à travers les wilayas. «Nous avons contacté beaucoup de candidats pour faire partie de notre liste. Ces candidats donnent leur accord, mais au bout de deux jours, ils reviennent sur leur décision.

Cette attitude du pouvoir sera négative sur son destin et sur celui de la nation», dénonce Mohamed Khendak.
Pour la campagne électorale, les listes choisies par le RCD seront libres de faire la campagne qui leur convient en fonction des spécificités de chaque région. La direction du parti est sur le point d’élaborer un programme de sorties, en soutien aux listes électorales. Quant à l’issue de ces élections, le RCD reste conséquent avec sa logique estimant que le régime algérien, comme à l’accoutumée, fera appliquer la politique des quotas au niveau des APW. Pour sa part, le RND n’a rencontré aucun problème, à l’exception du rejet de dossier de certains candidats. Le parti d’Ahmed Ouyahia mobilisera ses députés, sénateurs et cadres du parti pour faire campagne. Ouyahia animera le premier meeting, le 5 novembre prochain, à Chlef.
Nabila Amir