Le FLN et RND renforcent leurs positions, le dispositif électoral pour 2014 est en place

Le FLN et RND renforcent leurs positions, le dispositif électoral pour 2014 est en place

Abed Charef, Maghreb Emergent, 01 Décembre 2012

Victoire du FLN, suivi du RND, déroute des islamistes, et maintien des équilibres établis lors législatives de mai 2012 : les élections locales du 29 novembre en Algérie préservé le statu quo politique dans le pays, ne laissant guère de marge pour le changement. Avec la nomination d’un nouveau premier ministre en septembre, le dispositif devant mener à la prochaine élection présidentielle, prévue en 2014, est en place.

Les élections locales du 29 novembre en Algérie ont préservé le statuquo avec la victoire, sans surprise, du FLN de M. Abdelaziz Belkhadem, suivi du Rassemblement National démocratique (RND de l’ancien premier ministre Ahmed Ouyahia), alors que les islamistes du MSP (Mouvement de la société pour la paix de Bouguerra Soltani) et de l’Alliance verte sont en net recul. Ce vote conforme celui des législatives du 10 mai, et installe l’Algérie dans une situation d’immobilisme jusqu’en 2014, lorsque s’achèvera le troisième mandat du président Abdelaziz Bouteflika.

Puisant dans sa réserve historique et dans son implantation nationale, le FLN, malgré sa faible popularité, est arrivé en tête aussi bien pour les Assemblées communales que pour les Assemblées de wilaya. Surfant sur la faiblesse de ses adversaires, et malgré un résultat modeste, il arrive en tête en nombre de suffrages, de communes (159) et d’assemblées de wilaya (2) remportées à la majorité absolue. Il est aussi en pôle position pour remporter la présidence de centaines d’assemblées communales sur les 1.549 que compte l’Algérie. Son secrétaire général, Abdelaziz Belkhadem, avait fixé la barre à 1.000 communes.

Mais comme lors des législatives de mai 2012, le FLN n’a remporté qu’un suffrage sur cinq, et seuls 8.3 pour ces inscrits ont voté pour lui dans le scrutin consacré aux Assemblée de Wilaya. Mais face à l’effritement de l’électorat, cela lui suffit pour se proclamer vainqueur des élections.

Le FLN est talonné par le RND, qui enregistre un net redressement, sans qu’il soit possible de dire si ceci est lié au départ de M. Ouyahia du premier ministère. L’écart de voix entre les deux formations s’est nettement resserré, même si un demi-million de suffrages les séparent encore.

Déroute des islamistes

L’élection a été aussi marquée par l’écroulement des islamistes des islamistes, qu’il s’agisse du MSP ‘Mouvement de la Soxiété pour la Paix) de M. Bouguerra Soltani, ou de l’Alliance verte regroupant El-Islah de Fateh Rebiai et Ennahdha Hamlaoui Akouchi (Ennahda). L’échec des islamistes est imputé à trois facteurs essentiellement : l’érosion évidente des « islamistes modérés », l’interdiction d’activité politique des anciens du Front islamique du salut, la scission au sein du MSP provoquée par le ministre des travaux publics, M. Amar Ghoul, qui a créé un nouveau parti à la veille des élections. Le nouveau parti, TADJ, n’a pas participé aux élections.

Un nouveau parti, le Mouvement Populaire Algérien (MPA), du ministre de l’Aménagement du territoire Amara Benyounès, agréé il y a à peine six mois, a créé la surprise, en se classant à la troisième place. Ce parti, disposant d’importants moyens, et dirigé par un ancien du RCD, qui a rompu avec Saïd Saadi, veut s’imposer comme le parti dominant en Kabylie, où il veut supplanter le RCD et le FFS de M. Hocine Aït-Ahmed.

Participation électorale et adhésion aux réformes

L’autre enjeu pour les autorités algériennes lors de ce scrutin se rapportait à la participation, qui connait une baisse inexorable depuis une décennie. Une faible participation serait interprétée comme un désaveu populaire envers les réformes annoncées par le président Bouteflika. Officiellement, la participation a été de 44% pour les élections communales et 42% pour les assemblées de wilaya.

Le gouvernement a fait le forcing pour obtenir un taux de participation acceptable, sans qu’il soit possible d’en vérifier la crédibilité. Les médias publics, les partis et la société civile ont fait autant campagne pour la participation que pour leurs candidats.

Le jour du scrutin, le taux de participation était de 3% à 11 heures, historiquement le plus bas jamais enregistré en Algérie. Ce chiffre avait toutefois connu une brusque augmentation dans l’après-midi. Le ministère de l’intérieur avait expliqué cela par la mauvaise météo, et avait décidé de prolonger l’ouverture des bureaux de vote d’une heure supplémentaire, dans vint neuf wilayas, soit près des deux tiers des wilayas du pays. Le MSP a vivement critiqué cette décision, en soulignant «l’amplification flagrante du taux de participation entre midi et l’heure de la fermeture des centres de vote », ce qui a, selon, « discrédité les résultats ».

2014 en point de mire

Les élections locales de vendredi constituaient, par ailleurs, la dernière étape avant la présidentielle de 2014. Toute l’Algérie est suspendue à cette échéance : le président Abdelaziz Bouteflika briguera-t-il un quatrième mandat, malgré ses problèmes de santé, ou décidera-t-il de passer la main pour permettre à l’Algérie de s’engager dans l’après-Bouteflika ?

Le FLN et le RND, les vainqueurs de l’élection du 29 novembre, sont prêts à soutenir l’idée d’un quatrième mandat, si M. Bouteflika parvient à un accord avec les patrons de l’armée sur la question. M. Belkhadem et Ouyahia, qui ont tous deux quitté le gouvernement à la faveur du remaniement de septembre, se sont mis en embuscade, soit pour accompagner le président Bouteflika, soit pour jouer leur carte personnelle.

Mais pour l’heure, la question est abordée de manière très prudente. Un député FLN a brisé le tabou en faisant publier, sur une pleine page dans le premier journal du pays, un appel demandant au président Bouteflika de briguer un quatrième mandat. Mais le même journal a publié, en parallèle, une information affirmant que M. Ali Benflis, dauphin potentiel, se préparait à annoncer sa candidature, après avoir reçu des garanties de la hiérarchie de l’armée l’assurant que M. Bouteflika ne serait pas partant pour un quatrième mandat. M. Benflis a démenti, mais tout le monde a compris que la course était ouverte.