Renégociation de l’accord d’association: L’UE a accepté les arguments de l’Algérie

Renégociation de l’accord d’association: L’UE a accepté les arguments de l’Algérie

par M. Aziza, Le Quotidien d’Oran, 1er mars 2016

L’Union européenne a accepté les arguments de la partie algérienne pour la révision de certains points, tout en introduisant certaines modifications dans l’accord d’association de libre échange, après dix ans de sa mise en œuvre.

Mais le processus de révision devrait prendre du temps, selon le ministre du commerce. L’enjeu de ces renégociations est d’assurer une parité des intérêts pour les deux côtés, basée sur le principe gagnant-gagnant, car jusque-là, l’accord était beaucoup plus favorable à la partie européenne au détriment de la partie algérienne.

Le ministre du Commerce, Bakhti Belaïb, a affirmé hier, lors d’une réunion avec les représentants du marché de gros des produits alimentaires, au siège de l’UGCAA, que « la renégociation de l’accord d’association est en cours ». Et d’affirmer que « c’est un processus un peu long, mais les arguments qui ont été présentés par l’Algérie ont été acceptés».

Le ministre a précisé que cette renégociation n’est pas un secret. Et d’affirmer que l’UE demeure un partenaire important pour l’Algérie. Le ministre précise que le partenaire européen représente les deux tiers de nos échanges avec le monde. Mais, il reconnaît qu’après dix ans de la mise en œuvre de l’accord d’association, et après avoir effectué un bilan, conformément à l’esprit de l’accord, il a été constaté un déséquilibre des intérêts au désavantage de l’Algérie. Il détaille en affirmant que dans l’accord, il y avait des promesses, qui consistent à accroître les investissements européens en Algérie. « Or, dit-il, nous avons constaté que le volet commercial a surpassé de loin celui des investissements sur le terrain », qualifiés d’infimes voire insignifiants. Des résultats qui, selon le ministre, ne s’accordent ni avec les clauses de l’accord ni même avec les accords internationaux. Ce qui explique, selon le ministre, la demande de l’Algérie de revoir ou de renégocier certains articles pour l’introduction de certaines modifications dans l’accord en question.

En ce qui concerne les exportations algériennes hors hydrocarbures, le ministre a reconnu que l’environnement actuel n’est pas du tout favorable à l’exportation. Il dira encore qu’« il est bien plus facile d’importer que d’exporter ». Il reconnaît que l’acte d’importation est plus rémunérateur que l’acte d’exportation. Le ministre dira que « les gens qui continuent à exporter, ce sont probablement des gens qui ont une passion de faire ça », en citant les problèmes bureaucratiques auxquelles sont confrontés les exportateurs. Pour illustrer ses propos, le ministre du Commerce a cité le cas d’un exportateur algérien de caroube, classé deuxième exportateur dans le monde. Le ministre précise que « cet exportateur n’exporte pas la caroube dans sa forme ‘vulgaire’ mais sous forme de gélule, après avoir créé son laboratoire et ce, grâce à ses efforts personnels». Ce dernier, dira le ministre, a trouvé d’énormes contraintes « bureaucratiques » pour avoir une estampe au nom du laboratoire et le code d’enregistrement au registre du commerce, pour inscrire ce produit, par le fait qu’il exporte la caroube sous forme de médicament. Le ministre a précisé que les services du ministère du Commerce ont dû intervenir, jugeant que sa demande n’est pas seulement légitime, mais bien plus. Il a également précisé que cet exportateur avait demandé à la Banque d’Algérie de lui fournir une autorisation pour installer des représentations (des bureaux de liaisons), mais sa demande a été rejetée. Le ministre a affirmé que son département a mis en place une cellule pour étudier au cas par cas les dossiers et les demandes des exportateurs.

Mais, conclut-il, « c’est difficile d’exporter, c’est plus facile d’importer, c’est une culture qui s’est installée chez nous. Et pour la changer, il faut un peu de temps ».

14 milliards de dinars pour éradiquer le commerce informel

Le ministre a affirmé que l’Algérie a consacré durant ces trois dernières années pas moins de 14 milliards de dinars, dans le but de résorber le marché informel. Et ce, à travers la création des petits commerces de proximité où la priorité a été donnée à l’installation des agents qui activent dans le commerce informel. Belaïb affirme que malgré tous ces efforts, l’informel persiste, mais globalement l’action engagée a permis de réduire considérablement le commerce informel, estime-t-il. Il reconnaît que le phénomène n’est pas totalement maîtrisé, mais il faudrait s’assurer qu’il n’y ait pas de motifs qui permettent la résurgence de ce phénomène. Il dira qu’objectivement le phénomène de l’informel est en train de connaître un déclin, pas suffisant «mais le déclin existe».

Le ministre a affirmé, par ailleurs, que pas plus tard qu’avant-hier, il a présenté un dossier au gouvernement mettant l’accent sur la nécessité de développer la grande distribution. Et d’indiquer que l’Algérie connaît un déficit énorme en matière de grande distribution, comparé à d’autres pays. Pour le ministre, la grande distribution a beaucoup d’avantages, citant la transparence dans les prix et sa capacité à réduire l’informel. Il a exprimé devant les membres de l’UGCAA, la volonté du gouvernement de déplacer le seul marché de gros des produits alimentaires de Smar vers d’autres espaces.

Il avait demandé aux représentants de ce marché de gros de faire des propositions d’assiettes foncières pour l’installation d’un marché de gros moderne. Les commerçants ont proposé un site à Gué de Constantine (Smar) et deux autres à Baba Ali et à Birtouta. Ces deux derniers sont deux sites forestiers abandonnés qui appartiennent au domaine des forêts.