La pêche algérienne à la croisée des chemins

ACCORD D’ASSOCIATION AVEC L’UNION EUROPÉENNE

La pêche algérienne à la croisée des chemins

Le Soir d’Algérie, 31 août 2005

Parent pauvre de l’industrie algérienne, la pêche en Algérie est encore au stade artisanal. L’entrée en vigueur de l’accord d’association, à partir de demain, aura des retombées importantes sur le mode de consommation des Algériens, notamment des produits halieutiques. Loin d’avoir le ratio minimum pour ces aliments, l’application de l’accord devrait changer la donne.

Meriem Ouyahia – Alger (Le Soir) – “En ce qui concerne les produits de la pêche, ils sont admis à l’importation dans des conditions préférentielles. La liste des produits concernés figure au protocole n°4 de l’accord et porte sur 87 sous-positions tarifaires. Les avantages préférentiels accordés aux produits européens consistent en une exonération pour 39 sous-positions tarifaires et une réduction du droit de douane de 25% pour 48 sous-positions.” Voilà ce qui est stipulé dans l’accord d’association avec l’UE pour les produits de la pêche. Un “ticket” minimal est préconisé pour la mise en œuvre de l’accord. “Le démantèlement tarifaire débutera pour ce secteur comme pour les autres à partir du 1er septembre”, explique Neghli Kamel, conseiller du ministre de la Pêche et des Produits halieutiques. Dans le cadre de ce démantèlement, trois catégories de produits sont à différencier. Les espèces inexistantes dans nos eaux telles que le saumon sont exonérées d’impôts. Le démantèlement est réduit pour d’autres produits existants chez nous mais dont le conditionnement n’est pas le même, comme pour le thon congelé. “Le thon n’est pas beaucoup produit chez nous, si ce n’est exceptionnellement. Une technique assez particulière est utilisée pour sa pêche. Pour ce segment, la réduction tarifaire est de 25%. Le droit de douane passe, ainsi, de 30% à 22,5%”, souligne le conseiller. Troisièmement, les espèces autochtones telles que les sardines, les merlans et les saules ne sont pas été touchées par le démantèlement tarifaire. “Les produits maritimes considérés comme sensibles ne sont pas concernées par le démantèlement tarifaire. Il s’agit des conserves de sardines, de thons et d’anchois car ils sont des produits avec une valeur ajoutée”, note encore Neghli Kamel. Et d’ajouter : “Il s’agit aussi de préserver les filières à forte employabilité.” Il est à rappeler que des mesures correctives sont prévues par l’accord d’association. Il s’agit des mesures de sauvegarde d’une durée limitée, applicables à des branches d’activité ou à des filières industrielles confrontées à de sérieuses difficultés (article 11) et de la possibilité de renégocier de nouvelles concessions pour les produits de la pêche, les produits agricoles et les produits agricoles transformés (article 15 paragraphe 2). “D’ici cinq ans, nous rencontrerons nos partenaires pour examiner la nature des échanges et approfondir la libéralisation de cette industrie”, affirme notre interlocuteur. Sur le terrain, le marché parallèle n’aurait plus lieu d’exister. C’est un secret de Polichinelle qu’aux frontières de nos eaux, un véritable trafic de nos produits s’opère. “Il n’y aura aucune raison pour l’existence d’un marché informel. Bien au contraire, les opérateurs frauduleux devront payer des charges en plus”, soutient Neghli. Les retombées pour les consommateurs seront plus importantes. “Des produits supplémentaires seront disponibles sur le marché. Qu’ils soient de larges consommation ou pas, les consommateurs auront l’embarras du choix”, assure- t-il.
M. O.