La «stabilité» comme objectif suprême de l’UE

Johannes Hahn, commissaire en charge de la politique européenne de voisinage

La «stabilité» comme objectif suprême de l’UE

El Watan, 22 juillet 2017

Les discussions entre les représentants algériens et le commissaire européen chargé de la Politique européenne de voisinage (PEV) lors de sa visite en Algérie ont porté à la fois sur les dossiers économiques et sécuritaires.

Dans le volet sécuritaire, une rencontre de haut niveau est prévue en octobre prochain à Bruxelles, selon Johannes Hahn. «Je peux vous annoncer que nous allons initier un dialogue de haut niveau sur les questions sécuritaires avec l’Algérie, en octobre prochain à Bruxelles», a-t-il annoncé lors de la conférence de presse à Alger.

Pour le commissaire européen, «le plus grand objectif de l’UE est d’avoir la stabilité dans le voisinage de l’Europe». Une stabilité qui ne peut être assurée, selon le conférencier, sans construire une économie «saine et stable» et sans «affronter en commun des actuels problèmes dans la région méditerranéenne, à l’exemple de la migration, le contre-terrorisme et la radicalisation».

L’Union européenne est engagée à apporter son appui pour la diversification économique en Algérie. Toutefois, des efforts sont à faire sur le plan interne pour l’amélioration du climat des affaires et l’encouragement du secteur privé. A commencer par le recadrage de la règle des 51/49 régissant l’Investissement direct étranger (IDE) en Algérie. Une loi qui constitue, selon le commissaire chargé de la politique européenne de voisinage, Johannes Hahn, une entrave au business et à l’investissement. «La règle des 51/49 n’est pas positive pour le pays. Elle n’est pas productive.

C’est une forme de protectionnisme», a déclaré le commissaire européen. «Avec cette loi, l’espace est limité pour les affaires dans la région. Certes, ce n’est pas forcément une image négative, mais cela porte atteinte à la réputation du pays. Car la décision d’investir est à 50% d’ordre psychologique», précise-t-il. Une manière d’appeler l’Algérie à alléger cette procédure pour rendre l’environnement des affaires plus attractif et encourager les investisseurs étrangers à pénétrer le marché algérien.

Des points développés dans une rencontre avec presse, jeudi dernier à Alger, au terme de sa visite au parc de Sidi Abdellah. Une visite consacrée au lancement d’un nouveau projet de jumelage portant sur le partage d’expertise dans le domaine des technologies de l’information et de la communication par le renforcement de la synergie entre la recherche scientifique et l’industrie.

Il s’agit aussi, pour l’hôte de l’Algérie, de redéfinir le rôle de l’Etat dans l’économie, planifier le rôle des autorités locales et encourager la compétitivité du secteur privé. Et ce, d’autant que le potentiel en termes de projets à réaliser est important dans les Energies renouvelables (ENR) et les TIC avec un système fiscal favorable aux start-up. Deux secteurs qui pourraient jouer un grand rôle dans la diversification économique, au même titre que d’autres (agroalimentaire, pêche, agriculture…) dans les exportations.

A ce sujet, M. Hahn annoncera l’amorce d’un dialogue de haut niveau sur le plan économique pour stimuler les exportations vers l’Europe en aidant les PME-PMI à se conformer aux normes exigées. «L’UE continuera à soutenir l’Algérie dans ses efforts pour la diversification. Les priorités du partenariat entre les deux parties, adoptées plus tôt cette année, ont mis l’accent sur les questions économiques. Il est maintenant temps de traduire ces priorités en actions et réformes concrètes», a résumé M. Hahn.

En application de cet engagement, 18 projets d’une valeur de plus de 200 millions d’euros ont déjà été identifiés par les deux parties. Certains ont été réalisés et ont atteint leur objectif, selon le conférencier qui mettra par ailleurs l’accent sur l’adhésion de l’Algérie prochainement au Partenariat pour la recherche et l’innovation dans la région de la Méditerranée (Prima), suite à la récente conclusion d’un accord international sur ce projet. «Ce qui constitue une étape majeure dans la coopération algéro-européenne dans le domaine de la recherche et l’innovation», notera-t-il. L’Algérie et l’UE devraient signer officiellement cet accord entérinant l’adhésion de l’Algérie au Prima avant fin 2017.

A titre indicatif, le Prima est un programme visant à relever les principaux défis des ressources en eau et des systèmes alimentaires. Le financement atteindra 500 millions d’euros sur 10 ans, dont 220 millions seront fournis par l’UE, tandis que le reste proviendra des Etats participants, dont la Tunisie, le Maroc, l’Egypte, la Jordanie, le Liban et l’Algérie qui s’est engagée à y contribuer à travers programme d’un montant de 20 millions d’euros.
Samira Imadalou