Créer un «lobby» pour l’Algérie en Allemagne

LA FONDATION ADENAUER

Créer un «lobby» pour l’Algérie en Allemagne

El Watan, 12 novembre 2003

La fondation allemande Konrad Adenauer devra s’installer l’année prochaine en Algérie. C’est du moins l’intention de Hardy Ostry nouveau représentant permanent pour l’Algérie et la Tunisie de cette puissante fondation, proche de la CDU (chrétiens-démocrates, droite). Hardy Ostry, rencontré lundi soir à Alger, a évoqué des difficultés rencontrées par la fondation pour trouver un siège à Alger.

La loi de 1990 sur les associations souffre de «vides» qui entravent sérieusement l’installation d’ONG étrangères en Algérie. L’autre fondation allemande Friedrich Ebert a dû prendre plusieurs chemins pour pouvoir travailler dans le pays. Un pays qui traîne la mauvaise réputation que lui fait sa bureaucratie. «Je ne peux pas importer ni acheter de voiture. Je ne peux pas faire de location. Je suis ligoté», a confié Hardy Ostry. Selon lui, des responsables du ministère des Affaires étrangères ont promis à la fondation un appui pour pouvoir activer en Algérie. Il attend. «Nous voulons travailler avec les institutions démocratiques déjà installées comme le Parlement. Nous voulons organiser des échanges de visite entre députés et travailler avec le mouvement associatif», a précisé Hardy Ostry qui reconnaît la faiblesse des échanges culturels et même économiques entre les deux pays. «Nous voulons aider à créer un lobby pour l’Algérie en Allemagne», a noté le représentant de la fondation Adenauer. Il est prévu aussi l’organisation de séminaires et de séances de formation pour les journalistes et les animateurs du mouvement associatif en Algérie. La fondation Adenauer veut faire profiter les professionnels algériens des médias de son expérience sur «la communication politique». Consacré à ce type de communication, un département a été créé au niveau de Sankt Augustin (siège situé près de Bonn). Des journalistes et des experts, au niveau de ce département, analysent le contenu de centaines de journaux et de supports médiatiques à travers le monde. Cela pourrait intéresser autant les décideurs politiques que les milieux de l’opposition. «Nous élaborons des bases scientifiques pour l’action politique et nous analysons des problèmes actuels, des évolutions futures et débattons avec des experts des approches de solution. Notre recherche est axée, entre autres, sur les partis et sur les comportements politiques, économiques et la politique étrangère et les questions de sécurité», a expliqué Hardy Ostry. Portant, depuis 1964, le nom du premier chancelier allemand, la fondation Adenauer s’intéresse de près à l’éducation civique et politique et octroie souvent des bourses à des personnes douées. Elle soutient l’intégration européenne et l’entente internationale. Promouvoir la coopération en matière de politique de développement dans les pays pauvres figure parmi ses missions. Ses principes : «sauvegarder la paix et la liberté, consolider la démocratie, lutter contre la pauvreté et préserver les ressources naturelles.» Annuellement, elle fait participer plus de 150 000 personnes à des séminaires de formation et des colloques d’information. Elle a, actuellement, plus de 200 projets et programmes dans plus de 100 pays. Elle compte sur l’appui de 530 collaborateurs en Allemagne et de 85 consultants à l’étranger. La fondation possède 2 académies et 21 centres de formation. A la fondation Adenauer, on estime que cela ne sert à rien de «fermer sa porte», comme c’est parfois le cas en Europe, mais de regarder de près les problèmes d’autres pays. «Ces problèmes nous concernent simplement puisqu’ils ne s’arrêtent pas aux frontières», est-il retenu dans le plan d’action de cette fondation, dont le budget réservé à la coopération internationale est soutenu par le ministère fédéral de la Coopération économique et du Développement et le ministère des Affaires étrangères. Comme la CDU, la fondation Adenauer défend l’idée de la nouvelle économie sociale du marché.

Par Fayçal Métaoui