Investissements dans le secteur agroalimentaire dans la région MEDA

Investissements dans le secteur agroalimentaire dans la région MEDA

L’Algérie n’attire que 6,6 % des projets

par Safia Berkouk, Le Jeune Indépendant, 19 novembre 2005

Entre 2003 et 2004, la région MEDA a attiré 45 projets d’investissements dans le secteur agroalimentaire, créant 1 200 emplois, alors que l’Europe de l’Est a attiré 72 projets qui ont créé 2 413 emplois et que l’Europe de l’Ouest à enregistré 209 projets qui ont créé 7 277 emplois.

Au total, ce sont 326 projets d’investissements qui ont été réalisés dans ces trois régions. L’Algérie, avec seulement 3 projets qui ont créé 1 050 emplois, représente moins de 1 % des investissements globaux et seulement 6,66 % par rapport au nombre de projets attirés par la région MEDA, selon une récente étude consacrée au secteur de l’industrie agroalimentaire (IAA) dans la région euro-méditérranéenne.

Selon cette étude, l’industrie agroalimentaire constitue en Algérie un des moteurs de la croissance, même si le pays n’a pas encore atteint l’autosuffisance alimentaire. La balance commerciale dans ce secteur resté très déficitaire fait de l’Algérie le premier pays importateur de denrées alimentaires en Afrique.

Dans ces conditions, les auteurs de l’étude estiment qu’il existe en Algérie des opportunités réelles d’investissements liées à la fois au dynamisme du marché, aux possibilités de l’agriculture et de la pêche et aux faiblesses de la filière agroalimentaire rendant nécessaires des investissements importants dans ce secteur.

Sur l’ensemble de la plaque euro-méditerranéenne, il ressort que 66 % des projets et 68 % des emplois créés dans ce secteur entre 2003 et 2004 sont d’origine européenne. Dans la région MEDA, 62,2 % des projets d’investissements sont originaires de l’Europe, alors que 20 % sont issus de la région MENA (Moyen-Orient et Afrique du Nord) et 15 % de l’Amérique du Nord.

A noter par ailleurs que les pays de la région MENA sont à l’origine de 6,9 % des projets d’investissements réalisés en Europe de l’Est et de 2,9 % en Europe de l’Ouest. Par pays, ce sont les Etats-Unis qui viennent en tête avec 54 projets d’investissements réalisés entre 2003 et 2004 dont 7 dans la région MEDA, suivis de la France avec 29 projets dont 6 dans la région MEDA.

Ce pays est à l’origine des 3 projets d’investissements réalisés en Algérie, de même qu’il est à l’origine de l’essentiel des emplois créés dans la région MEDA dont le nombre a atteint 1 050. L’analyse effectuée fait ressortir une prédilection des pays de l’Europe du Sud pour les pays du Maghreb et de l’Europe du Nord pour la Turquie.

A titre d’exemple, l’Espagne a implanté au Maroc 100 % des projets qu’elle a réalisés dans la région MEDA. Outre l’Algérie qui a réceptionné seulement 3 projets sur les 45 qui ont été comptabilisés, la Turquie est le pays qui attire le plus d’investisseurs dans le secteur agroalimentaire avec 14 projets, devant le Maroc avec 10 projets et l’Egypte avec 4 projets.

Les atouts et les inconvénients de l’IAA dans la région MEDA Selon les auteurs de l’étude, l’existence de ressources agricoles non négligeables, les spécificités du marché local et les opportunités offertes par les privatisations peuvent constituer des incitations significatives à l’implantation de plus gros investissements dans la région.

Toutefois, ce mouvement «est freiné par la persistance de l’informel, les insuffisances de l’environnement des affaires et la fragmentation du marché». De ce fait, les firmes multinationales de l’agroalimentaire n’ont pas jusque-là donné une priorité à l’investissement dans la région MEDA.

Avec 160 filiales recensées en 2003, leur présence est moins importante qu’en Europe de l’Est par exemple. On affirme, cependant, que la perspective de l’établissement d’une zone de libre-échange à l’horizon 2010, l’amélioration du cadre réglementaire et la progression des réformes, ainsi que l’existence d’une main-d’œuvre abondante et flexible constituent de réels atouts.

Par ailleurs, on estime que les pays MEDA ont des besoins importants à tous les niveaux de la filière agroalimentaire en termes d’emballage, de modernisation de la logistique, de distribution, d’équipements de production, ce qui peut constituer de véritables incitations aux investisseurs étrangers désireux de développer leur activité dans ce domaine.

Néanmoins, pour que cela soit réellement possible, les auteurs de l’étude recommandent de mettre en œuvre un certain nombre de mesures. Il s’agit notamment de l’amélioration de l’environnement des affaires et de la mise à niveau des entreprises et du recensement et de la mise en valeur du potentiel agricole et industriel local.

L’étude se penche, par ailleurs, sur le champ d’application des accords d’association passés entre l’Europe et ses partenaires sud-méditérranéens. Il est constaté, dans ce cadre, que ces accords sont trop focalisés sur les échanges de produits industriels.

L’élargissement de leur contenu dans le domaine des services et de la filière agroalimentaire pourrait s’avérer souhaitable, estime-t-on. D’autre part, les conséquences de la politique agricole commune européenne sur les politiques d’exportation et de développement des filières agroalimentaires sud-méditérranéennes devraient, dans le cadre de cette réflexion, faire l’objet d’un examen attentif.

S. B.