Visite de Mohamed Bedjaoui en Espagne

Visite de Mohamed Bedjaoui en Espagne

L’énergie et le Sahara occidental monopolisent les débats

El Watan, 1 novembre 2006

Le ministre des Affaires étrangères, Mohamed Bedjaoui, a achevé hier une visite de deux jours à Madrid au cours de laquelle il a rencontré le roi Juan Carlos et le chef du gouvernement espagnol, José Luis Rodriguez Zapatero, et son homologue Miguel Angel Moratinos.

Ses entretiens visaient à préparer un voyage du roi d’Espagne en Algérie début 2007, ainsi que la 3e réunion de haut niveau algéro-espagnole à laquelle M. Zapatero participera le 12 décembre prochain à Alger. Les relations bilatérales aux plans politique, économique, notamment le partenariat énergétique et culturel entre les deux pays, ainsi que les questions régionales et internationales d’intérêt commun, particulièrement la coopération en Méditerranée, le Proche-Orient, le Sahara occidental et l’immigration ont été au centre des discussions avec les responsables espagnols. L’on fera remarquer, cependant, que les dossiers de l’énergie et du Sahara occidental ont pris la part du loin dans les débats. Cela transparaissait d’ailleurs lors de la conférence de presse conjointe animée par Mohamed Bedjaoui et Miguel Angel Moratinos. Le ministre algérien des Affaires étrangères a ainsi saisi l’occasion d’une question se rapportant au dossier sahraoui pour rappeler la position de l’Algérie. Une position utile à souligner à nouveau d’autant plus que l’Espagne de Zapatero est connue pour ses penchants en faveur du Maroc. Ainsi, il a réitéré la nécessité de respecter la légalité internationale au Sahara occidental à travers la tenue d’un référendum d’autodétermination permettant au peuple sahraoui de décider « librement » de son destin. « Nous sommes pour l’autodétermination du peuple sahraoui comme l’ensemble de la communauté internationale qui a bâti une légalité au niveau des Nations unies et cette légalité doit être respectée », a-t-il affirmé, avant d’ajouter : « Il y a une légalité internationale qui veut que les peuples soient consultés. Nous ne sommes plus au Moyen-Age où c’est le territoire qui détermine le sort d’une population. Aujourd’hui, dans le droit international contemporain, c’est le peuple qui détermine le sort du territoire. » Le chef de la diplomatie algérienne a indiqué, en outre, que la solution au conflit du Sahara occidental a déjà été trouvée : « Il faut donner la parole au peuple sahraoui dans un référendum afin qu’il puisse décider de son avenir. » Pour stigmatiser la position contraire à la légalité internationale adoptée jusque-là par le gouvernement Zapatero à l’égard de la question sahraouie, M. Bedjaoui a rappelé que l’Espagne, dès août 1974, avait proposé le référendum d’autodétermination au Sahara occidental. « Nous avons déjà perdu plus de 30 ans. Le fait de dire qu’il faut chercher une solution n’est pas véritablement la voie qu’il faut prendre. La solution existe, il faut demander au peuple sahraoui ce qu’il veut par un référendum sous le regard de l’ensemble de la communauté internationale pour que ce référendum soit libre, authentique et serein », a-t-il poursuivi. Dans ce contexte, M. Bedjaoui a qualifié de « mirage » un plan d’autonomie du Sahara occidental qu’envisage de présenter le Maroc. « Pour l’instant, ce plan est un mirage », a-t-il dit, rappelant que la seule solution pour régler ce conflit demeure le « référendum » prévu par l’ONU. Rabat avait annoncé, rappelle-t-on, son intention de présenter avant la fin du mois d’octobre à l’ONU son projet d’autonomie, soit à la fin de l’expiration du mandat de la MINURSO. M. Moratinos, selon une information rapportée par l’AFP, s’est refusé, quant à lui, à tout commentaire à ce sujet, précisant « n’avoir aucune idée et aucune information » sur ce plan, qui n’a pas été présenté, et à propos duquel il a assuré que l’Espagne n’avait pas été consultée. Néanmoins, il a réaffirmé l’appui de l’Espagne dans le conflit du Sahara occidental à une « solution politique négociée, mutuellement acceptée, qui puisse garantir et, surtout, mettre en application le droit à l’autodétermination du peuple sahraoui ». « C’est l’objectif de l’Espagne que ce droit à l’autodétermination puisse être exercé le plus rapidement possible », a-t-il ajouté.

Zine Cherfaoui