L’impasse ?

LE GROUPE DES 14 FACE À DE NOMBREUSES PRESSIONS

L’impasse ?

Le Soir d’Algérie, 17 décembre 2015

En «s’embarquant» dans la délicate démarche qu’ils ont enclenchée, les signataires de la demande d’audience au président de la République se doutaient-ils de l’impact que provoquerait leur lettre et de la situation dans laquelle elle allait les projeter ? Actuellement, le groupe semble se trouver dans une phase très sensible inévitablement liée aux évènements politiques qui secouent le pays.

Abla Chérif – Alger (Le Soir) – La position de Lakhdar Bouragaa, ancien moudjahid connu pour ses prouesses dans la Wilaya IV, est venue en quelque sorte confirmer la délicatesse de la situation que traverse ce groupe.
Signataire de la demande adressée au Président Bouteflika, M. Bouregaa figure parmi les premières personnalités à avoir exprimé un avis clair sur les objectifs de la démarche au cours d’une conférence de presse co-animée avec Louisa Hanoune, Djillali Guerroudj et Zohra Drif. Dans une déclaration publiée hier par le journal El-Hadath, il a préféré se démarquer des propos tenus par ses camarades,
Mme Louisa Hanoune en particulier, au sujet de la lettre du général Toufik affirmant son refus de prendre part pour une quelconque partie dans le débat actuel. Il prévoit même de faire une mise au point publique lors de la prochaine conférence de presse qu’animera le groupe et, plus grave, menace de se retirer dans le cas où «la responsable du PT ne fait pas preuve de neutralité».
Bizarrement, ces propos interviennent au moment où des ripostes virulentes à la lettre du général Toufik s’enchaînent épisodiquement. La dernière en date émane du vice-président de l’APN lequel s’est adonné à un jeu de mots très violents, sur Ennahar TV, pour fustiger le général Toufik et Mme Louisa Hanoune, une fois de plus accusée d’être «téléguidée» par l’ancien patron du DRS.
La même personne ajoute que le général Hassan, condamné à cinq ans de prison par le tribunal militaire d’Oran, est «un ancien sous-officier fabriqué par le général Toufik au détriment des compétences nationales». Interrogé au sujet de la demande d’audience du groupe des 14, le vice-président de l’APN a eu cette réponse qui laisse perplexe : «C’est une liste de perturbateurs, sauf les grands moudjahidine pour lesquels j’ai énormément de respect.» Vise-t-il ces anciens moudjahidine qui ont préféré se démarquer des débats chauds de l’heure ? La coïncidence ne peut en tous les cas passer inaperçue.
Contactées sur le sujet, Mmes Louisa Hanoune et Khalida Toumi ont préféré s’abstenir de tous commentaires pour s’en tenir à la règle qui veut que le groupe ne peut faire de déclarations engageant d’autres signataires rappelant que les positions de ce genre ne peuvent être exprimées que lors des conférences de presse. On se souvient cependant que le retrait de quatre signataires de la lettre avait très peu été commenté par les concernés.
Lors d’une rencontre avec les journalistes, Djillali Guerroudj, Louisa Hanoune et Mme Zohra Drif avaient fait état de pressions exercées sur les concernés sans aller plus loin dans les détails.
M. Lakhdar Bouregaa était présent lors de cette conférence. Selon Mme Khalida Toumi, présente dans la salle ce jour-là, «ce genre de situation avait été pris en compte avant même que la demande d’audience ne soit rendue publique». Un peu plus tard, Mme Zohra Drif avait tenu à rappeler aux journalistes que «la déclaration du 1er Novembre avait était signée par un large groupe, mais il n’en est resté que 22 et la Révolution n’a pas manqué d’avoir lieu».
En d’autres termes, aucune incidence sur le groupe pourtant soumis à de fortes pressions. Celles des opposants à cette démarche qui s’expriment visiblement au nom des plus hautes sphères du pays, mais également celles de l’opinion dans l’attente d’un «plus» ou du moins d’éclairages sur la suite de la démarche.
Selon les informations que nous détenons, une partie de ces pressions est exercée par un très grand nombre de citoyens qui continuent de signer la fameuse lettre détenue par le groupe des 14 «recevez-les M. le Président». Plus d’un mois et demi après la demande d’audience, aucune réponse officielle ne s’est fait entendre ce qui confirme, avait affirmé Mme Zohra Drif, le fait que le président de la République n’a pas été destinataire de la lettre. L’impasse ?
A. C.