Le président Bouteflika regagne Alger, l’incertitude demeure sur son état de santé

Le président Bouteflika regagne Alger, l’incertitude demeure sur son état de santé

Abed Charef, Maghreb Emergent, 16 juillet 2013

Absent d’Alger depuis le 27 avril, le président Abdelaziz Bouteflika a regagné Alger mardi après-midi. Son état de santé s’est amélioré, mais il ne semble pas encore remis de son AVC.

Le président Abdelaziz Bouteflika est rentré à Alger mardi en début d’après-midi après une période de soins, puis de convalescence en France, qui a duré un peu plus de deux mois et demi. Un communiqué de la présidence de la république a précisé dans l’après-midi, que le chef de l’Etat « poursuivra une période de repos et de rééducation », ce qui signifie clairement qu’il n’a pas totalement récupéré de l’accident vasculaire cérébral dont il avait été victime le 27 avril dernier. Soigné dans un premier temps à l’hôpital militaire de Aïn-Naadja à Alger, M. Bouteflika avait été transféré le jour même à l’hôpital des armées françaises du Val de Grâce puis, un mois plus tard, dans un centre spécialisé, les Invalides, où il avait poursuivi sa rééducation.

Rumeurs et manipulation

L’hospitalisation du chef de l’Etat avait été entourée des rumeurs les plus folles à cause notamment d’une communication officielle totalement défaillante. Officiellement, le chef de l’Etat avait été victime d’un AIT (accident ischémique transitoire), une forme mineure d’AVC. Mais l’absence d’images et la durée de son hospitalisation avaient fini par jeter le doute sur ces informations. Au bout d’un mois et demi, les médias publics avaient fini par diffuser des images de M. Bouteflika recevant le premier ministre Abdelmalek Sellal et le chef d’état-major de l’Armée, le général Ahmed Gaid Salah. Au lendemain de cette rencontre, Abdelmalek Sellal avait finalement parlé d’AVC, confirmant que l’information officielle sur l’état de santé du chef de l’état était largement manipulée. Malgré cette situation alarmante, le gouvernement a systématiquement tenté de minimiser l’impact de la maladie du chef de l’Etat qui, selon les autorités, suivait au quotidien les affaires de l’Etat et donnait des instructions sur le suivi des dossiers.

Gel de la vie politique

Depuis plusieurs semaines, le retour du président Abdelaziz Bouteflika était annoncé comme « imminent », certains médias donnant le détail de l’agenda du chef de l’Etat pour les semaines à venir. Mais l’opinion publique avait fini par se lasser de ce feuilleton et n’accordait plus de crédit aux informations publiées par les médias. Des journaux français s’étaient laissés allés à ce jeu et certains d’entre eux ont rapporté, mardi, que le chef de l’Etat était transporté par fauteuil roulant, sans qu’il ne soit possible de confirmer cette information.

Nouvelle donne politique

Par ailleurs, la maladie de M. Bouteflika a, d’autre part, changé la donne politique en Algérie, un an avant des élections présidentielles prévues en avril 2014. Son état de santé exclut désormais qu’il puisse se représenter pour un quatrième mandat, ce qui débloque une situation jusque-là verrouillée. Tant que M. Bouteflika était en mesure de se succéder à lui-même, aucune autre alternative ne semblait crédible. Mais son absence a également gelé l’activité politique en Algérie. Les partis du gouvernement, FLN et RND, tous deux sans chefs, ne savent plus dans quel sens le vent va tourner. Le MSP, autre parti de l’alliance présidentielle qui a soutenu M. Bouteflika depuis une décennie, a quitté le gouvernement mais n’arrive pas encore à développer un discours d’opposant. Quelques rares opposants ont toutefois demandé l’application de l’article 88 de la constitution, un article qui organise la transition dans le cas où le chef de l’Etat se trouve dans l’incapacité d’exercer ses fonctions.