Bouteflika apparaît en public: Inauguration protocolaire ou message politique ?

Bouteflika apparaît en public: Inauguration protocolaire ou message politique ?

par Moncef Wafi, Le Quotidien d’Oran, 10 septembre 2016

Dans sa deuxième apparition publique de l’année, le président de la République a inauguré, ce jeudi, le Centre international des Conférences (CIC), situé à Club des pins, à l’ouest d’Alger. Bouteflika, accompagné notamment de son frère Saïd, a d’abord dévoilé, à l’entrée du hall principal du CIC, la plaque inaugurale de ce site, baptisé au nom de Abdelatif Rahal, ancien diplomate et conseiller diplomatique du président, décédé en décembre 2014, à l’âge de 92 ans.

Par la suite, Bouteflika a visité le salon des chefs d’Etat et son bureau personnel. Le président de la République a également visité la grande salle du CIC, à savoir l’auditorium Icosium (nom historique d’Alger). A cette occasion, un documentaire a été projeté sur l’écran géant de la grande salle sur le CIC, qui a été réalisé par l’entreprise chinoise CSCEC Algéria et un bureau d’études italien. Les présidents du Conseil de la Nation et de l’APN, des membres du gouvernement et de hauts responsables de l’Etat ont assisté à cette projection.

Bouteflika a, ensuite, visité la clinique du CIC, équipée d’une unité de radiologie, d’une salle de réanimation et d’un bloc opératoire. Cette sortie publique a été, différemment, commentée évoquant un message sibyllin de Bouteflika à quelques mois des législatives. En effet, attaqué sur son état physique, on pense qu’à travers cette apparition, le président a voulu signifier, à la classe politique et à l’adresse des capitales occidentales, qu’il est toujours présent à la tête de l’Etat même s’il a été presque constamment absent de la scène nationale ces trois dernières années. La présence de son frère à ses côtés semble être, également, une réponse aux rumeurs qui ont foisonné sur la Toile, concernant sa maladie. En effet, des informations avaient circulé sur une grave maladie de Saïd Bouteflika l’envoyant même à l’article de la mort.

La presse internationale, reprenant l’inauguration du CIC, a mis en exergue le caractère de cette sortie la qualifiant de «rare». L’agence ‘Reuters’ a rappelé que «depuis un accident vasculaire cérébral, il y a trois ans, Abdelaziz Bouteflika n’a fait que de rares apparitions en public» soulignant que l’opposition, remettant en cause sa capacité à diriger le pays, a réclamé «une élection présidentielle anticipée». Selon l’analyste politique Arslan Chikhaoui, repris par l’agence, cette inauguration était pour le chef de l’Etat, le moyen de dire «qu’il a l’intention d’aller jusqu’au bout de son mandat, en 2019» excluant, au passage, toute élection présidentielle anticipée qui «n’est pas une option pour le moment». «20 minutes», un quotidien d’information générale distribué gratuitement, en France, en Espagne et en Suisse, a indiqué que « le chef d’Etat, dont la santé est l’objet de nombreuses conjectures, n’a pas fait de déclaration », rappelant également la rareté de ses activités officielles. Pour «L’Orient le jour», premier quotidien francophone au Liban, a abondé dans le même sens que les autres titres de la presse internationale rappelant aussi ses quelques apparitions publiques depuis mars 2014 lorsqu’il a déposé son dossier de candidature pour la présidentielle, puis en avril de la même année à la cérémonie de prestation de serment, après sa réélection ou encore en juillet dernier, au cimetière d’El Allia à l’occasion du 54ème anniversaire de l’Indépendance. Quelle lecture faire, alors, de cette sortie ? Peut-être qu’au fond, elle n’est que protocolaire ou sentimentale puisqu’il avait, lui-même, donné le coup d’envoi des travaux, en 2005, au début de son 2ème mandat.