Bouteflika, s’installe dans le silence

IL NE PRONONCERA PAS DE DISCOURS À L’OCCASION DU 24 FÉVRIER

Bouteflika, s’installe dans le silence

Le Soir d’Algérie, 21 février 2010

Sauf chamboulement improbable dans son agenda, Abdelaziz Bouteflika ne va pas assister aux festivités marquant le 38e anniversaire de la nationalisation des hydrocarbures coïncidant, ce mercredi 24 février, avec le 54e anniversaire de la création de la Centrale syndicale.
Kamel Amarni – Alger (Le Soir) – «Rien n’est prévu dans ce sens», nous confie, d’ailleurs, une source bien informée, à trois jours de cet événement. C’est pour la première fois que Bouteflika «rate» cette occasion depuis son accession au pouvoir en 1999 alors que c’est la seule fois où l’intervention présidentielle est attendue avec un réel intérêt, tant au niveau national qu’international ! Quelle meilleure opportunité, en effet, que la célébration de cette date symbole de l’histoire du pays et de sa société pour Bouteflika pour s’exprimer, enfin, sur le retentissant scandale qui secoue la Sonatrach en particulier, l’ensemble du pays en général qui assiste médusé à une rafale de révélations sur une corruption à la limite de la «métastase» tant elle touche quasiment tous les secteurs ! Les dégâts, cette fois-ci, se chiffrent en milliards de dollars, la traque est réelle mais la scène se déroule dans une espèce de huis clos. Pour cause, les acteurs principaux se résument aux services du renseignement et à la justice, deux corps «impénétrables » de nature. Aucune autorité publique, à quelque niveau que ce soit, n’a, en fait, jusque-là assumé cette opération. Seul habilité à le faire pour avoir excessivement concentré tous les pouvoirs à son niveau, Bouteflika ajoute, désormais, à la confusion générale en se cantonnant dans un silence d’autant plus pesant qu’il est, le moins que l’on puisse dire, inhabituel chez l’homme. Celui qui vilipendait à l’excès «les présidents stagiaires» —c’est ainsi qu’il désignait ses prédécesseurs — ne s’est plus adressé à la nation depuis le 28 octobre 2009 à l’occasion de l’ouverture de l’année judiciaire. Pourtant, ces collaborateurs «lui ont préparé trois projets de discours au moins : pour le 24 février, pour la Conférence nationale des cadres et pour le 8 mars», assure notre source. «Tout le monde attend le feu vert du président pour passer aux préparatifs mais rien n’est à signaler dans ce sens, concernant le 24 février du moins», nous révèle cette même source. Et à bien observer, cette éclipse de Bouteflika ne concerne pas que la période actuelle et s’étend en réalité à bientôt toute la première année de son troisième mandat. En tout et pour tout, Bouteflika aura prononcé deux discours à la nation, effectué deux visites de travail, l’une à Alger l’autre à Sétif et présidé cinq conseils des ministres depuis avril 2009 ! Le reste de ses activités se réduit à quelques apparitions diplomatiques et d’adresse de messages routiniers. L’on a, de plus en plus, du mal à reconnaître le Bouteflika entreprenant et fougueux de jadis. Et ce qui ne manque pas de compliquer l’équation, c’est sa décision surprenante de stopper net l’examen entrepris par le gouvernement en janvier de son plan spécial 2010- 2014 qu’il veut annoncer lui-même à travers «une conférence nationale des cadres». Il récidive encore il y a quelques jours en bloquant, via Abdelaziz Belkhadem, l’adoption d’un décret qu’il avait lui-même ordonné en «urgence», portant sur le «durcissement des mesures de lutte contre la corruption». Visiblement, son état de santé ne permet pas à l’actuel locataire d’El- Mouradia une activité débordante. Comme en témoigne le dernier déjeuner officiel qu’il avait offert, la semaine dernière, en l’honneur de son invité syrien, allégé, pour la première fois, de la traditionnelle allocution de bienvenue
K. A.