Bouteflika et Aït Ahmed se rencontreront-ils à Ifri?

CINQUANTENAIRE DU CONGRÈS DE LA SOUMMAM

Bouteflika et Aït Ahmed se rencontreront-ils à Ifri?

L’Expression, 07 août 2006

Pour la population, quelque chose d’important se produira dans les prochains jours.

L’éventuelle présence de Abdelaziz Bouteflika, président de la République et celle de Hocine Aït Ahmed, président du Front des forces socialistes à Ifri Ouzellaguen, à l’occasion du 50e anniversaire du Congrès de la Soummam animent le débat public à Béjaïa depuis quelques jours au point de devenir carrément une certitude, même si aucune information ne le confirme pour l’heure.
Toujours est-il que le sujet est présent dans les conversations des citoyens, notamment depuis que le FFS a montré son intention d’occuper le terrain à Ifri en y tenant son conseil national le week-end passé. Ce qui n’a pas manqué de relancer le débat à ce sujet, au sein d’une opinion locale qui reste majoritairement favorable à ce cas de figure. La présence des deux personnages politiques dans la région n’a, en effet, pas manqué de réjouir beaucoup d’habitants de Béjaïa dans ce qu’elle peut apporter de positif aussi bien sur le plan politique qu’économique.
Les arguments avancés par les uns et les autres témoignent d’un enthousiasme certain, même si quelques réticences persistent, mais beaucoup plus chez très peu de citoyens partisans. Pour l’homme de la rue, «le déplacement du président de la république ne peut que débloquer la situation qui reste encore assez crispée». C’est en substance ce que disait, hier, un ancien moudjahid, en présence d’un groupe de jeunes qui n’ont pas manqué d’appuyer la thèse du sexagénaire. Karim, étudiant de son état, voit d’un bon oeil cette éventualité et la soutient dans tout ce qu’elle peut apporter sur notamment, le plan économique. «Si le président vient ce seront tous les projets à l’arrêt qui vont être relancés avec peut-être d’autres à inscrire». Cette attente, relevée chez Karim, existe aussi chez son camarade qui s’est montré plus politique «C’est toute la réhabilitation de cette date symbole avec toutes ses valeurs démocratiques et sociales qui est attendue de cette visite du président de la République» soutient-il avant d’ajouter «et si Aït Ahmed se met de la partie ce ne sera que formidable».
Ils sont nombreux les citoyens, que ce soit dans la vallée ou dans les fins fonds des villages de la région de Basse Kabylie, à garder espoir dans la visite du président de la République qui, pour rappel, ne s’est jamais déplacé à Béjaïa en dehors des passages éclair lors des campagnes électorales. C’est donc une première très attendue surtout si elle est agrémentée par la présence du leader du FFS. Coté pratique, le comité des festivités et d’accueil serait selon certaines sources déjà installé pour parer à cette éventualité.
L’accélération des travaux sur les axes routiers menant à Ifri et ceux menant à la zaouia de Cheikh Ahhadad à Seddouk reste aussi un élément qui renforce la conviction des citoyens que quelque chose, d’importance politique, se produira dans les prochains jours. Chez le politique, le Front des forces socialistes, qui veut faire du 20 Août prochain un événement grandiose, est parti pour organiser des festivités à la hauteur de l’événement, même, si de ce côté, on refuse aussi de confirmer la présence du président du parti le 20 août sur les lieux. Mais le programme tracé pour la circonstance concourt franchement à ce cas de figure. Quant à la présence du président de la République, la tendance supposée opposante au sein du plus vieux parti d’opposition, reste très, très minoritaire.
Le Mak, Mouvement pour l’autonomie de la Kabylie qui s’est réveillé récemment par un message adressé à Zidane l’invitant «à ne pas accepter l’invitation du président de la République», est signalé dans la région, menant une campagne anti-déplacement de Bouteflika à Ifri «en développant des arguments qui ne trouvent pas preneur», déclarait hier un jeune qui a eu l’occasion de discuter avec un militant autonomiste avant de préciser qu’«aucune force politique ne peut décider à elle seule de recevoir ou pas le président de la République», explique Hakim, qui fait référence au dernier score de la présidentielle d’avril 2004, Bouteflika était classé premier à Béjaïa. Ce qui prouve pour lui «la popularité du président dans la région». Chez les archs, on estime que «la présence du président de la République à Ifri est un hommage de la République aux martyrs de la révolution et aux artisans du Congrès de la Soummam, dont Abane Ramdane. C’est aussi une façon ´´d’épouser´´ le message d’Ifri: République algérienne démocratique et sociale».
En tout état de cause, le déplacement du président de la République à l’occasion de la célébration du cinquantenaire du Congrès de la Soummam avec en prime la présence du président du FFS, reste un souhait de la majorité silencieuse qui n’aspire qu’à une vie paisible et un développement durable mettant la masse juvénile à l’abri du chômage et des fléaux sociaux.

Arezki SLIMANI