Ouyahia: Déclaration de politique générale

Déclaration de politique générale

« Soutenir la démarche présidentielle »

El Watan, 17 mai 2005

Le dimanche 22 mai, le chef du gouvernement Ahmed Ouyahia fera sa déclaration de politique générale devant l’APN. Le document de 24 pages dressant le bilan « des plus positifs » de l’année 2004 a été remis hier aux députés pour examen.

Dans le chapitre réservé au dossier de la sécurité et de l’Etat de droit, il est indiqué que la lutte contre le terrorisme progresse de manière significative grâce, entre autres, à la gendarmerie, à l’armée, à la sûreté de wilaya et au rejet total de ce fléau par la population qui « mesure l’importance des ouvertures déjà faites à travers la politique de la concorde civile, la réconciliation nationale et elle est appelée prochainement à se prononcer sur l’initiative du chef de l’Etat portant sur l’amnistie ». La démarche du président de la République, que le gouvernement s’attelle à mettre en œuvre, repose sur un triptyque indissociable, à savoir une lutte « sans relâche ni hésitation » contre le terrorisme, un engagement résolu pour « la concrétisation de la réconciliation nationale » dans toutes ses dimensions et une future initiative d’amnistie pour « faire cesser la tragédie nationale et cicatriser les plaies ». « Soutenir donc la démarche présidentielle, c’est la soutenir dans tous ses volets, y compris par la condamnation du terrorisme et l’appui à la lutte qui lui est livrée. La vigilance demeure requise afin de barrer la voie aux résidus terroristes dont les lâches crimes sont certes de plus en plus rares mais, malheureusement, toujours sanglants », lit-on dans la déclaration de politique générale. L’Alliance présidentielle (composée du RND, du FLN et du MSP) doit, selon le document, contribuer au renforcement de la stabilité politique. Elle est appelée à se renforcer au fil de la pratique en « consolidant le pluralisme démocratique ». Abordant la crise de Kabylie, le gouvernement se félicite de son dénouement. L’initiative de dialogue, relancée en juin 2003, a d’abord « consolidé la sérénité et ouvert la voie à l’émergence progressive » de la confiance. Elle a, par la suite, abouti à l’accord pour la mise en œuvre de la plateforme d’El Kseur par l’Etat. Cet accord traduit « la volonté politique résolue de renforcer notre identité nationale dans ses trois composantes indissociables que sont l’Islam, l’arabité et l’amazighité ». Sur le volet portant Etat de droit, le chef du gouvernement, même s’il évoque des résultats positifs, n’a pas nié que les retards demeurent importants, à la mesure des séquelles léguées « par plus d’une décennie de crime qui a déstabilisé la société dans ses fondements, déraciné des pans entiers de la population, banalisé la violence et affaibli la présence et l’autorité de l’Etat ». Le gouvernement s’engage à renforcer la lutte contre les fléaux sociaux et les violations de la loi au détriment de la collectivité. Il est souligné que les dispositifs législatifs et réglementaires se sont enrichis de nouveaux textes, dont les lois adoptées, ou en cours d’examen, pour la lutte contre la drogue et les stupéfiants, le blanchiment d’argent, la corruption, l’atteinte à l’urbanisme, la circulation routière. Sont évoquées aussi les dispositions prises pour le respect de la loi en matière de relations de travail, de relations commerciales, de concurrence et de protection de l’environnement. Les atteintes à l’urbanisme font désormais l’objet de sanctions légales. D’après le document officiel, plus de 1000 constructions illicites ont été détruites, « conformément à la loi », et plus de 500 cas de constructions non conformes sont l’objet de saisine des tribunaux. Pour sa part, le système bancaire, qui a été secoué par de graves affaires, est l’objet par l’autorité monétaire « d’un renforcement du contrôle légal et d’un relèvement des garanties exigibles ». De son côté, la justice fait progresser les procédures conduisant à la présentation devant les tribunaux des personnes impliquées dans ces atteintes à la loi. « La lutte contre les détournements des terres agricoles a été intensifiée à travers tout le pays, comme expression d’une volonté claire de l’Etat de faire réprimer par la loi toutes les atteintes à cette richesse nationale », est-il relevé. « Cette approche sera soutenue par la prochaine présentation au Parlement de textes législatifs amendés relatifs au foncier agricole », est-il ajouté. Selon le gouvernement, la répression des violations de la législation du travail s’est traduite par 37 000 contrôles, le constat de 30 000 infractions et des recouvrements de plus de 3 milliards de dinars. La lutte contre la fraude commerciale a porté, en 2004, sur près de 55 000 vérifications ayant débouché sur 93 000 infractions, la découverte et la sanction d’actes de dissimulation de plus de 45 milliards de chiffre d’affaires, la fermeture de près de 10 000 locaux commerciaux, la saisie de près de 5 milliards de dinars de marchandises, le blocage aux frontières de près de 12 000 t de produits et l’engagement de 87 000 poursuites judiciaires. La répression de la fraude fiscale a porté, l’année dernière, sur plus de deux mille dossiers ayant entraîné plus de 11 milliards de dinars de redressement opérés. Quant à la lutte contre le banditisme, la contrebande et les autres fléaux sociaux, le bilan du gouvernement fait ressortir qu’en 2004 il y a eu le traitement de plus de 60 000 affaires, à savoir 48 415 dossiers de crimes et délits dont 13 907 atteintes aux personnes, 27 784 atteintes aux biens, 5188 affaires de mœurs et 1536 affaires économiques et financières sans omettre les 13 748 dossiers de crime organisé dont 5702 pour le trafic de stupéfiants, 4261 pour la contrebande et 553 pour la fausse monnaie. Le document consacre un espace réduit à l’activité syndicale. De l’avis du gouvernement, l’expression plurielle continue de… s’épanouir et il en est ainsi de l’activité syndicale qui se développe « dans la pluralité mais qui ne serait qu’anarchie hors du cadre de la loi ». « L’hommage rendu il y a deux mois, par le BIT, à la démarche suivie par l’Algérie est un témoignage impartial du respect de l’Algérie des conventions de l’OIT », est-il souligné.

Nabila Amir


L’Europe, l’OTAN et le Maghreb

El Watan, 17 mai 2005

Ahmed Ouyahia consacre, dans le bilan de son gouvernement pour l’année 2004 qu’il présentera le 22 mai devant le Parlement, un chapitre de 2 pages à la politique étrangère de l’Algérie.

Dans son rapport (dont El Watan s’est procuré hier une copie), le chef de l’Exécutif évoque notamment les résultats des efforts déployés sur la scène internationale l’an dernier. Une période vouée par l’Algérie, est-il souligné, à la consolidation de sa place, à la défense de ses droits, au renforcement de ses réseaux d’amitié et de solidarité et au soutien également des principes et des causes auxquels elle adhère. Au niveau maghrébin, ces efforts se sont traduits, mentionne-t-on, par « la consolidation des relations bilatérales avec tous les partenaires ». Le rapport du gouvernement précise que dans ce cadre, « l’Algérie a réaffirmé sa volonté d’écrire une page nouvelle de bon voisinage, de fraternité et coopération, dans le respect des principes intangibles du droit international, que l’Organisation des Nations unies est responsable de faire appliquer pour un règlement juste et définitif de la question du Sahara-Occidental ». L’Algérie, est-il précisé par ailleurs, a apporté « une contribution loyale à la résurgence d’une volonté maghrébine commune de remettre en marche le processus de l’Union du Maghreb arabe ». Au sein de l’espace plus large de la « Nations arabe », le gouvernement évoque, en revanche, la poursuite de son « engagement actif pour le respect des droits du peuple palestinien et du peuple irakien frères ». Il rappelle également que l’Algérie a été de toutes les initiatives « pour dynamiser la Ligue des Etats arabes ». A titre illustratif, l’Exécutif cite dans son document « le succès exemplaire du 17e sommet de cette organisation tenu à Alger en mars dernier (…) avec des résultats concrets ». Une confirmation des plus nettes, pour le gouvernement, « de tout ce que l’Algérie a déployé comme efforts pour l’unité arabe et de tout ce qu’elle entend également investir comme énergies durant l’année de sa présidence de la Ligue arabe ». L’action de la diplomatie algérienne en Afrique a permis à l’Algérie, indique-t-on par ailleurs, de renforcer les liens bilatéraux de fraternité, d’amitié et de coopération et de contribuer au règlement des crises qui secouent le continent et à la construction de l’Union africaine. Avec le continent européen, le gouvernement rappelle que l’Algérie, qui « a scellé sa volonté de partenariat exemplaire, vient de ratifier l’accord d’association avec l’Union européenne, en même temps qu’elle consolide dans cette région des relations bilatérales, mutuellement bénéfiques, avec tous les pays européens ». Les liens avec les Etats de la rive nord de la Méditerranée revêtent, souligne-t-on, « une dimension particulière, portée par des traités d’amitié conclus avec l’Espagne, l’Italie et le Portugal (…) ». Le rapport bilan du gouvernement précise, en outre, qu’un autre traité d’amitié s’annonce en perspective avec la France, « dans une dimension privilégiée que l’Algérie souhaite établir sur la base d’un passé véritablement assaini et dans la perspective d’un avenir complémentaire et mutuellement bénéfique ». Outre d’insister sur l’importance des partenariats tissés avec les Etats-Unis, les pays d’Amérique du Sud, la Chine et le Japon, le rapport du gouvernement rend compte d’un accroissement de la contribution de l’Algérie à la sécurité dans la région ouest de la Méditerranée, à travers sa coopération avec l’OTAN. Une coopération, relève-t-on, « qui bénéficie également à la professionnalisation de l’Armée nationale populaire ».

Cherfaoui Zine


Le bilan du chef du gouvernement dimanche prochain à l’apn

Les privatisations : le satisfecit d’Ouyahia

El Watan, 17 mai 2005

Les opérations de cession totale ou partielle ont rapporté 33,6 milliards de dinars au Trésor public. C’est ce qui ressort du bilan que le chef du gouvernement, Ahmed Ouyahia, va présenter devant l’APN, le 22 mai. Près de 142 opérations ont été réalisées jusqu’à présent dans le cadre du processus de privatisation.

Le document précise que 117 opérations de cession totale d’actif d’entreprises publiques ont été réalisées. On compte parmi ces entités seize briqueteries, six unités d’eau minérale et six unités d’industrie agroalimentaire. Il est également souligné que 25 opérations de partenariat par cession partielle d’actif d’entreprises publiques, dont 17 avec des opérateurs étrangers, ont été conclues. Les Français et à un degré moindre les Espagnols et les Arabes, indique-t-on, se taillent la part du lion. La reprise par les salariés a concerné 32 unités. Les repreneurs, toutes opérations confondues, se sont engagés à reprendre l’endettement de ces entreprises publiques, dont le montant est évalué à 16,4 milliards de dinars. Le chef de l’Exécutif semble particulièrement satisfait de la préservation des postes d’emploi, au nombre de 8878. Dans la même foulée, il est rapporté que 5500 nouveaux emplois seront créés à la faveur de ces cessions. Les contrats signés avec les repreneurs et les partenaires prévoient de nouveaux investissements qui devraient atteindre le milliard de dollars. Il convient de rappeler que dans le cadre du processus de privatisation, quelque 1200 entreprises sont en quête d’acquéreurs et de partenaires depuis quelques mois. Le bilan d’Ahmed Ouyahia relève, un peu plus loin, que « l’année 2004 a vu la réalisation d’un important volume d’investissement, qui, en incluant les dépenses de l’Etat, a totalisé 1175,4 milliards de dinars, soit l’équivalent de 15,672 milliards de dollars ». L’investissement privé, en dehors de l’agriculture, totalise, à lui seul, un peu plus de 190 milliards de de dinars, contre 305,6 milliards de dinars entre 1999 et 2003. L’on s’attend à une augmentation substantielle du volume des investissements avec la mise en œuvre du plan quinquennal pour la consolidation de la croissance économique. Dans le secteur de l’agriculture, le bilan met en exergue « une activité soutenue » qui s’est traduite par une production de 40 millions de quintaux de céréales, 56 millions de quintaux de maraîchages et près de 2 milliards de litres de lait. Ces résultats ont été réalisés nonobstant l’invasion acridienne qui a failli compromettre la saison agricole. Un dispositif national a été mis en place pour lutter contre ce fléau, qui a permis le traitement d’une superficie de 4,5 millions d’hectares. L’Etat y a consacré 20 milliards de dinars. Sur le plan macroéconomique, le chef du gouvernement rappelle qu’en 2004, la croissance a atteint 5,2%. L’exercice précédent a également été marqué par une hausse de 16% du produit intérieur brut (PIB), qui était de l’ordre de 85 milliards de dollars. Le chef du gouvernement se félicité aussi du fait que la dette extérieure ait été ramenée de 23,2 milliards de dollars en 2003 à 21,4 milliards de dollars en 2004. Elle devrait se réduire encore plus vite durant les prochaines années, selon le chef de l’Exécutif, et ce, « grâce à la décision de financer l’économie et le développement par les ressources nationales et de renoncer aux emprunts extérieurs (…), sauf pour les crédits concessionnels à long terme et à des taux particulièrement favorables ». L’Algérie a eu recours à des emprunts extérieurs pour une valeur de 7 milliards de dollars entre 2000 et 2004. Avec de telles performances, le cadre macroéconomique s’est stabilisé, selon le chef du gouvernement.

Boudedja Nora