Conférence de presse du chef du gouvernement

Conférence de presse du chef du gouvernement

Belkhadem se penche sur le front social

Par : Nadia Mellal, Liberté, 29 Août 2007

Tout en rejetant l’idée d’une tendance inflationniste généralisée, le Chef du gouvernement explique l’augmentation de certains produits par la hausse de leur cours sur le marché mondial et par des manœuvres de spéculateurs.

La flambée des prix des produits de large consommation a occupé la plus grande partie de la conférence de presse du chef du gouvernement, Abdelaziz Belkhadem, organisée, hier, à Djenane El-Mithaq. “je pense qu’on ne peut pas parler de phénomène inflationniste, car il n’y a pas de hausse généralisée des prix. Les fortes hausses concernent certains produits seulement, surtout ceux importés directement à travers les intrants nécessaires à leur production localement comme la semence et la pomme de terre”, a expliqué Belkhadem dès l’entame de son intervention.
Il indiquera dans le même ordre d’idées que la quasi-totalité des produits ayant connu une hausse importante (semoule, poudre de lait, huiles alimentaires, haricots secs) sont importés.
Donnant à ce propos l’exemple de la hausse du prix des blés durs, le chef du gouvernement indiquera que “la hausse des prix de ces blés sur le marché international a été répercutée sur le prix de la semoule dès le début du mois d’août”. Quoi qu’il en soit, même si certains produits ont connu une hausse des prix Belkhadem dira, “que ce soit en raison de la spéculation, du monopole ou bien de la hausse des produits sur le marché mondial, le gouvernement n’a à aucun moment augmenté les prix”. La démarche de l’Exécutif a été, dira le chef du gouvernement, de “subventionner le lait, le blé et de prendre des mesures par rapport à la pomme de terre de telle façon à ce qu’elle ne se répercute pas négativement sur les bourses des citoyens qu’on veut voir vivre dans la dignité”. Parlant en premier du lait, le chef du gouvernement a expliqué que “l’État va continuer à subventionner le prix du lait de telle façon que le prix du litre du lait soit maintenu à 25 DA”. “une instruction a été donnée au ministère du commerce pour débusquer toute fraude à ce sujet”, dira Belkhadem. Interrogé par rapport à l’augmentation des prix de l’huile, Belkhadem indiquera que “ce n’est pas en raison du monopole exercé sur ce produit, mais plutôt à cause de la spéculation et de son stockage par les commerçants pour provoquer sa pénurie et, donc, augmenter son prix”. Il exprimera à ce sujet son étonnement en disant : “C’est anormal qu’un tel produit soit disponible sur le marché en quantité suffisante, et que les mécanismes du marché soient défaillants.” Pour ce faire, l’État a importé 400 mille tonnes de poudre de lait, annonce Belkhadem tout en expliquant que “ceci va couvrir les besoins en matière de ce produit jusqu’à la fin de l’année”. S’agissant du blé, l’augmentation de son prix est également en rapport avec sa hausse au niveau mondial, explique le chef du gouvernement tout en indiquant que “l’État subventionnera le prix de ce produit avant, pendant et après le ramadhan”. Expliquant à ce sujet que le prix officiel du pain est de 7,50 Da, Belkhadem a assuré qu’il ne sera pas revu à la hausse.
Aussi, par rapport au prix des légumes, Belkhadem, qui notera que la hausse a concerné principalement la pomme de terre, l’attribuera à plusieurs facteurs : “la rareté des semences de la pomme de terre au niveau mondial ; aussi les agriculteurs en ont peu planté cette année en raison des pertes qu’ils ont subies l’année dernière sans oublier les raisons climatiques”, dit-il.
Comment le gouvernement intervient-il pour pallier cette situation ? “le gouvernement va sortir la pomme de terre emmagasinée dans les chambres froides pour des raisons de spéculation”, dira Belkhadem, précisant qu’une instruction a été adressée aux walis dans le but de mettre en évidence les chambres froides dans lesquelles sont stockées les pommes de terre : “si les pommes de terre sont stockées pour des raisons saisonnières, il n’y a aucun problème, mais si ce stockage est en rapport avec la spéculation, il sera procédé à la réquisition de ces chambres froides”, prévient-il.
Une autre mesure prise par le gouvernement : il s’agit de l’importation de 100 mille tonnes de pomme de terre.
La réduction des taxes douanières de 37% par rapport à l’importation de la pomme de terre a été également décidée pour remédier à la flambée du prix de ce légume. Abordant le prix des viandes, le patron du gouvernement expliquera que l’Exécutif “fera en sorte de couvrir le marché en important suffisamment de viandes pour influer sur leurs prix pendant le ramadhan”.
Quoi qu’il en soit, le chef du gouvernement se montrera rassurant quant au maintien des prix des produits de première nécessité en disant qu’“il n’y aura pas d’augmentation des prix du lait, du blé et de la pomme de terre avant, pendant et après le ramadhan.”

NADIA MELLAL

 


Réserves de change, croissance industrielle, emploi, dette publique…

Le tableau de bord du chef du gouvernement

Par : Nadia Mellal

Le Chef du gouvernement, Abdelaziz Belkhadem, a donné beaucoup de chiffres, hier, lors de sa conférence de presse animée à Djenane El-Mithaq pour expliquer la situation économique du pays : “L’évolution des prix du pétrole a contribué à travers les recettes de fiscalité pétrolières à renforcer la viabilité à moyen terme des équilibres macro-financiers et monétaires : un compte courant excédentaire évoluant en hausse et passant de 0,33% du PIB en 1999 à près de 26 % du PIB en 2006 ; une dette extérieure ramenée à 4% seulement du PIB ; des réserves de change en constante amélioration passant de 4,6 mois d’importations en 1999 à près de 39 mois d’importations de biens et services en 2006 ; un solde budgétaire excédentaire en augmentation passant de 0,3% du PIB en 1999 à +13,7% en 2005 et près de 14% en 2006”, expliquera le Chef du gouvernement. Il attribuera “une grande partie” de la croissance au secteur du BTH disant qu’il est “le premier bénéficiaire de la stimulation de la croissance par la dépense publique, et donc à partir de ressources assurées par les hydrocarbures”. Pour le Chef du gouvernement, cette “évolution” a eu une conséquence directe sur l’emploi : “Elle a amélioré la situation de l’emploi qui figure parmi les premières préoccupations des pouvoirs publics”, dit-il. Parlant du secteur industriel, le Chef du gouvernement expliquera, qu’il soit du public ou du privé, il se caractérise “par une évolution modérée marquée par une alternance de périodes de baisse puis d’augmentation”. Plus précis, l’intervenant indiquera que le développement du secteur privé industriel “s’est fait de manière limitée malgré l’ouverture des activités, de sorte que le secteur public industriel, malgré les dispositifs incitatifs mis en place, n’a pas permis d’enrayer le processus de quasi-désindustrialisation qui a affecté près de deux décennies durant le secteur public industriel”.
Abordant la question de la pauvreté en Algérie, Belkhadem a donné des chiffres pour étayer ses dires : “Le ratio de la pauvreté avait augmenté de 49,4% entre 1988 et 2000. L’évolution économique globale, favorable sur la période 1999-2006, a permis de le faire baisser de 54% par rapport à 2000 pour le ramener en 2006 à un niveau inférieur de près de 31% par rapport à celui de 1988.” Sur la question de l’emploi et du chômage, Belkhadem expliquera que “le rythme d’accroissement annuel moyen de la population active s’est ralenti par rapport à la dernière décennie, passant d’une moyenne de 4,2% l’an entre 1990 et 2000 à 2,5%, en moyenne annuelle, entre 2000 et 2006”. Aux yeux de l’orateur, cette évolution “serait notamment la conséquence des baisses des taux d’activités des tranches situées entre 16 et 19 ans, elle est même liée à la baisse de la natalité amorcée en 1985 et à une meilleure rétention du système éducatif”.
Sur la question de la dette extérieure, l’intervenant notera qu’elle est aujourd’hui maîtrisée grâce à son paiement par anticipation. S’agissant de la dette publique interne, le patron du gouvernement dira que des “efforts importants seront déployés à ce sujet”. Interrogé sur la référence du prix du baril du pétrole dans l’élaboration de la loi de finances 2008, le Chef du gouvernement expliquera qu’elle sera maintenu à 19 dollars.

N. M.

 


Belkhadem a abordé hier plusieurs questions d’ordre politique

“Le remaniement ministériel n’est pas à l’ordre du jour”

Par : Nadia Mellal

“Si le président apparaît à la télévision nationale, on dira de lui qu’il accapare ce média, s’il n’apparaît pas, on dira de lui qu’il est malade !”, a déclaré, hier, le chef du gouvernement, Abdelaziz Belkhadem, au cours d’une conférence de presse animée à Djenane El-Mithak, en réponse à une question à propos des rumeurs ayant circulé sur l’état de santé du président Bouteflika. “Vous allez aujourd’hui voir le président”, a-t-il assuré. Se voulant plus précis, le chef du gouvernement a indiqué : “le président de la république n’est pas en congé, ni en vacances, ni en convalescence. Le président de la république est chez lui, il travaille et suit les affaires du pays.” “Soyez tranquilles sur ce point-là !” a-t-il souligné. Le chef du gouvernement attribue les inquiétudes par rapport à la santé du chef de l’État, tout autant par rapport à d’autres questions d’intérêt national et aux rumeurs “basées, dit-il, le plus souvent sur de fausses informations”.
Sur la question d’un éventuel remaniement du gouvernement, Abdelaziz Belkhadem a été catégorique. “ce n’est pas à l’ordre du jour”, a-t-il affirmé. Interrogé à ce propos sur sa saisine au président de la république lui demandant d’opérer un changement à la tête de certains ministères, l’intervenant expliquera que le chef de l’État “a opéré un changement suite à cette saisine où il a changé ce qu’il a estimé devoir changer”. Questionné sur la possibilité de démission des membres du gouvernement en raison de la flambée de certains produits de large consommation (pomme de terre, lait, sucre, blé), l’intervenant a répondu par une interrogation : “Démissionner pourquoi ?” Avant de noter que “s’il y a augmentation du prix de la pomme de terre, ce n’est pas la faute au ministre de l’agriculture et s’il y a augmentation du prix du lait, ce n’est pas la faute au ministre du commerce !” “où se trouve la faille gouvernementale ?”
“De toutes les façons, c’est le président de la république qui détient l’ensemble des prérogatives pour apporter un quelconque changement à l’équipe gouvernementale”, explique-t-il encore. C’est d’ailleurs le cas s’agissant de la révision de la constitution : “ce n’est pas le chef du gouvernement qui prend ce genre de décision, c’est une prérogative qui relève du président de la république.” Évoquant la situation sécuritaire, le chef du gouvernement s’est voulu concret en s’appuyant sur des chiffres : “il y a eu mise hors d’état de nuire de 36 terroristes avec l’arrestation de 19 terroristes, alors que 15 d’entre eux ont été tués. Tout comme il y a eu restitution de 15 armes, destruction de 22 casemates et désamorçage de 36 bombes.”
Au plan de la lutte antiterroriste, Belkhadem a indiqué que “l’Algérie coordonne avec l’ensemble des pays concernés contre ce fléau”. Ceci étant, Belkhadem exclura “tout déploiement des stratégies étrangères en Algérie”. Tout comme il démentira l’existence de “toute base ou présence militaire étrangère en Algérie”. Au niveau national, “c’est nous-mêmes, seuls, qui menons la lutte antiterroriste”, tient-il à spécifier.
À la question de savoir si le gouvernement envisage d’autres mesures en rapport avec la réconciliation nationale telle que revendiquée par certaines parties, Belkhadem affirmera : “je ne suis pas responsable de cela, et il n’y a rien de cela !” Abordant les prochaines élections locales, le patron du gouvernement démentira les informations relatives au report de ce rendez-vous électoral : “il se tiendra dans les délais prévus par la loi.” Le code communal et de wilaya sera, quant à lui, abordé lors de la prochaine session du parlement, une fois que le gouvernement décidera de sa programmation dans son ordre du jour. Sollicité sur la démarche du ministre de l’intérieur et des collectivités locales, Yazid Zerhouni, inhérente aux questionnaires adressés aux quatre millions d’abstentionnistes, l’intervenant s’est dit étonné des réactions qu’a suscitées une telle démarche.“C’est comme si c’était la fin du monde que le ministre de l’Intérieur veuille avoir des données sur l’abstention”, fait-il remarquer d’entrée avant de préciser : “Il ne s’agit que d’une statistique pour avoir des informations de manière publique et pas du tout d’une atteinte à la vie privée des gens.” Questionné à propos des maladies apparues à Djelfa et Sidi Bel-Abbès, le Chef du gouvernement a marqué une pause avant de répondre : “À Sidi Bel-Abbès, l’affection n’a pas été diagnostiquée et puis pour Djelfa, nous assistons à des maladies que connaissent même les pays développés.” Évoquant la prochaine rentrée sociale, le Chef du gouvernement a estimé qu’elle “ne sera pas chaude, c’est juste une rumeur”. Il annoncera dans ce cadre une bipartite pour la première semaine de septembre qui abordera la grille des salaires des travailleurs de la Fonction publique. Faisant à ce propos une mise au point, l’intervenant dira que “lors de cette bipartite, il sera question de finaliser la grille des salaires qui est fin prête avant de la soumettre en Conseil de gouvernement, puis en Conseil des ministres, tout en sachant que je n’ai pas dit que cette grille sera finalisée en juillet 2008, mais plutôt les statuts particuliers car ils demandent plus de concertation”.

N. M.