Aboudjerra: Si le «oui» est massif, «le rapport de forces changera»

Aboudjerra : le 29 septembre constitue «l’avant-dernière» étape sur le chemin de la normalisation

Si le «oui» est massif, «le rapport de forces changera»

par Mohamed Zaâf, Le Jeune Indépendant, 20 août 2005

Aboudjerra Soltani, président du MSP, a admis implicitement hier que la consultation référendaire sur la charte pour la paix n’était pas la solution définitive à la crise mais s’est dit convaincu que les rapports de forces – cause de l’empêchement du dénouement escompté – changeront inéluctablement au cas ou une participation et un «oui» massifs venaient appuyer la démarche du Président, le 29 septembre prochain.

Au MSP «nous considérons que la charte est un pas géant sur le chemin de la réconciliation nationale», déclarait-il lors de son intervention devant les cadres du parti convoqués pour réfléchir à une stratégie de campagne efficace en mesure de procurer le succès au référendum.

Faisant la genèse des actions visant à absorber la crise, Aboudjerra évoquait les lois précédentes sur la Rahma et sur la Concorde civile et qualifiait la Charte pour la paix d’»avant-dernière» étape pour sceller la crise. Le leader du MSP, qui soulignait lors de son discours la nécessité d’une amélioration du quotidien algérien, n’a pas manqué de noter que la charte survenait «dans la foulée de la dynamique économique prometteuse entamée en 2001 et poursuivie à travers le plan de relance 2004-2009».

L’enveloppe de 55 milliards de dollars prévue pour le plan est prête à se voir «augmentée en cas de projets garantissant la prospérité sociale», indiquait-il. Aussi considère-t-il que «les circonstances sont propices pour tourner définitivement la page de la tragédie nationale et ouvrir une nouvelle page pour une Algérie rayonnante».

Mais cela n’est possible que «si les Algériens sauraient saisir cette chance historique et fermer à jamais la porte à la face des marchands de la mort, des seigneurs de la guerre, des missionnaires de la crise et des fans de l’état d’urgence pour maintenir le pays, à tous ses niveaux, en stand by», avertit-il.

Pour Aboudjerra, le 29 septembre sera «l’heure de la vérité». Et il faudra remplir quatre conditions pour en faire une grande fête algérienne : 1) une campagne professionnelle globale en mesure de toucher les sentiments et les esprits ; 2) la reconnaissance par tous que la paix globale est la seule voie pour sécuriser l’avenir de nos enfants (…) et que la réconciliation nationale est dans l’intérêt de tous, sans exclusive ; 3) l’abstention des incitations, des polémiques, de l’encouragement à la haine, de l’usage du dossier des disparus, des critiques des Algériens en exil forcé — M. Aboudjerra précisait qu’il s’agissait là de dossiers en suspens dont le traitement sera pris en charge à travers des mesures techniques et des initiatives politiques qui seront progressivement prises après le référendum et en fonction du pourcentage réalisé en faveur de la charte — ; 4) prendre avant la date du référendum un ensemble de mesures d’apaisement préventives afin de tranquilliser les esprits, adoucir le climat et confirmer les bonnes intentions de tous, d’autant que des contacts de type lourds laissent apparaître leur dessein d’adopter le contenu de la charte.

Bien plus, les bonnes volontés sont prêtes à lui faire une bonne propagande à l’intérieur et à l’extérieur pour qu’en Algérie aucun prisonnier d’opinion ne reste derrière les barreaux et qu’aucun Algérien ne soit absent de la fête du 29 septembre que ça soit même Benchicou ou Ali Benhadj.

Aboudjerra rejette, en revanche, les surenchères et les marchandages qui peuvent jeter le trouble sur l’important rendez-vous national. Car «ce qui ne peut être réalisé en gros aujourd’hui pourra être acquis par traites à travers des ordonnances exécutives ou une loi qui viendra en annexe à la charte une fois votée», prédit le ministre d’Etat.

M. Aboudjerra s’est longuement étalé sur la question des femmes kidnappées, insistant sur la mise en place de textes juridiques qui les absoudraient et qui règlerait la situation civile des «enfants des casemates» issus des mariages dans les maquis.

Enfin, le chef du MSP a exhorté les cadres de son parti à œuvrer à la mobilisation du peuple pour assurer le triomphe de la charte, les invitant à unir leur verbe et à traduire une même interprétation de la charte durant la campagne devant débuter officiellement au début du mois prochain.

M. Z.