Sellal appelé à combler le vide

CONVALESCENCE DE BOUTEFLIKA

Sellal appelé à combler le vide

Le Soir d’Algérie, 16 juin 2013

Le Premier ministre Abdelmalek Sellal, qui assumait déjà, depuis sa nomination en septembre 2012, de maintenir la visibilité de l’exécutif sur la scène politique, voit les contingences politiques lui adjoindre une nouvelle lettre de mission : l’animation de la vie institutionnelle. Avec la maladie du Président Bouteflika, obligé d’observer une convalescence qui risque d’être longue, il est appelé à faire en sorte que le vide ne soit pas trop perceptible.

Sofiane Aït Iflis – Alger (Le Soir) – Dès lors qu’il a été choisi pour rendre visite, en compagnie du chef d’état-major de l’ANP, au Président Bouteflika à l’hôpital parisien les Invalides, où il suit une réadaptation fonctionnelle, séquelle de son AVC du 27 avril dernier, le Premier ministre a compris que c’est à lui qu’il revenait de se poser en vitrine politique du pouvoir, tout le temps que durera la convalescence du chef de l’Etat. Par le discours mais surtout dans l’action. Le système ayant visiblement fait le choix de ne pas jouer une séquence présidentielle avant avril 2014, il lui faut donc faire en sorte que soit maintenue, du moins en tout cas, l’illusion d’une vie politique normale. Et au Premier ministre, qui, déjà, jouissait de la compétence exclusive des sorties sur le terrain, dans le cadre des visites dans les wilayas, qu’échoit d’assumer le rôle plus prépondérant de chef d’orchestre politique. Un rôle auquel il s’essaie sans attendre. Sitôt rentré de la wilaya d’El Bayadh, qu’il a visitée jeudi, Abdelmalek Sellal a enchaîné hier samedi par une allocution d’orientation devant le bureau du Conseil national économique et social CNES), réuni à Alger. La solennité du ton qu’il semble avoir troquée, depuis jeudi, contre ses digressions récurrentes, voire excessives, ne laisse aucun doute sur le nouveau rôle pour lequel il se destine. Certains voient même, à tort, peut-être, dans cette mutation dans l’attitude et le discours du Premier ministre l’entame d’un marketing politique pour un destin meilleur. Conjecture hâtive, soit, mais il n’empêche qu’elle découle du constat juste que Sellal a entrepris de combler le vide généré par la longue absence de Bouteflika. Pour sûr, au demeurant, que ce nouveau rôle sera plus palpable au fil des semaines, voire des mois. Mardi dernier, outre une opération de communication, plutôt ratée, tant est qu’elle a plus soulevé de questions qu’elle en a apporté de réponses, le message délivré est que c’est dans l’action du Premier ministre que s’incarnera la continuité de la vie institutionnelle. Une action qui se voudra assurément suffisamment soutenue qu’elle ne devrait laisser aucun limbe par laquelle échapperaient de nouveau les interrogations autour de la vacance du pouvoir. Car, dans la logique du pouvoir, la question relative à la santé du chef de l’Etat et de sa capacité à finir son mandat actuel est réglée depuis mercredi, après les images montrées à la télévision. D’ailleurs, la communication officielle sur le sujet s’est arrêtée immédiatement après la diffusion de ces images. Même le Premier ministre a manqué à sa promesse de livrer davantage de détails.
S. A.