Rapport américain sur les libertés religieuses: Les réponses de Mohamed Aïssa

Rapport américain sur les libertés religieuses: Les réponses de Mohamed Aïssa

par Moncef Wafi, Le Quotidien d’Oran, 14 août 2016

Le gouvernement n’a pas tardé à réagir au rapport du département d’Etat américain au sujet de la liberté religieuse en Algérie pour 2015 et la riposte est venue de son ministre des Affaires religieuses et des Wakfs, Mohamed Aïssa. Dans une posture de défense, ce dernier a affirmé que l’Algérie n’a besoin de recevoir de leçons de quiconque à ce sujet. «Nous n’avons pas besoin d’une tierce partie pour nous juger ou nous évaluer ou nous donner des leçons», a souligné le ministre qui répondait à une question sur sa position du rapport américain.

Le rapport évoque notamment «des entraves significatives à la pratique religieuse» en rapport particulier avec la religion chrétienne. Elles vont du refus de visas pour les religieux étrangers, délivrés, selon le même document, suite à des interventions auprès des AE algériennes aux difficultés bureaucratiques d’importations de manuscrits religieux en passant par les retards dans la délivrance des agréments des associations religieuses ou encore les poursuites judiciaires de convertis pour offense à l’islam ou à son prophète. Mohamed Aïssa considère que ces divergences sont plutôt le fruit d’une incompréhension de la culture algérienne qui «n’est pas appréhendée à sa juste valeur par les Américains», précisant que l’Algérie est une terre d’Islam, de modération et de dialogue inter-civilisationnel. Il préfère plutôt mettre en exergue les «points positifs» américains, affirmant que ce document était le meilleur rapport écrit sur l’Algérie depuis que le département d’Etat américain a entamé l’élaboration de ces rapports. Toujours sur la défensive, il ajoutera que son département publiera un communiqué détaillé en coordination avec le ministère des Affaires étrangères pour lever les ambiguïtés contenues dans le rapport. Parmi les bons points accordés par Washington au droit à la pratique religieuse, on notera que la Constitution algérienne garantit la liberté de conscience et les lois accordent à chacun le droit de pratiquer sa religion dans le respect de l’ordre et de la réglementation publics. Le département d’Etat précise à ce propos que le code pénal incrimine quiconque insulte les prophètes ou dénigre les religions. Le même document a mis en exergue la détermination du gouvernement algérien à contrer le salafisme radical en rappelant les déclarations dans lesquelles il s’est opposé à toute forme d’extrémisme religieux tout en condamnant les violences commises au nom de l’Islam. A ce sujet, il rappelle l’action du gouvernement à soustraire les mosquées à l’influence des salafistes en procédant au remplacement de 55 imams imprégnés de ce courant rigoriste par d’autres formés dans ses propres instituts.

En 2010, le département d’Etat américain, sous la houlette de Hillary Clinton, avait déjà distribué de bonnes notes à l’Algérie considérant que la situation des minorités religieuses «s’était améliorée». Il souligne la liberté pour les non-musulmans de pratiquer leur religion dans la mesure où elle est «en harmonie avec l’ordre public, la moralité et le respect des droits et des libertés fondamentales d’autrui», précisant qu’en général, «la société algérienne tolère les étrangers qui pratiquent d’autres religions que l’Islam».

Par ailleurs, le ministre des Affaires religieuses a annoncé, hier, la délivrance de plus de 7000 visas au profit des hadjis algériens. Il a rappelé pour cette année, l’introduction du «processus électronique». Ainsi, pour la première fois, les frais de location seront transférés par voie électronique alors que les membres de la délégation composée de différents secteurs ont bénéficié de cycles de formation. Le ministre a également rassuré sur les conditions d’hébergement expliquant que les hadjis «seront installés dans des hôtels 3 étoiles à proximité des deux Lieux Saint afin de leur faciliter le déplacement». Il a ajouté à ce propos que le nombre de hadjis par chambre ne dépassera pas cinq personnes et promet de «bonnes conditions d’hébergement à Arafat». Abordant le hadj 2015, Mohamed Aïssa a annoncé que son département a écarté certains cadres supérieurs de la délégation algérienne à cause des dépassements enregistrés lors du pèlerinage de l’an dernier.