Ould Kablia menace des associations de retrait d’agréments

Atteinte au système institutionnel, à la souveraineté nationale et à la langue nationale

Ould Kablia menace des associations de retrait d’agréments

Par : FARID B., Liberté, 6 mars 2010

“Le projet de découpage administratif n’est ni mort ni enterré. Il relève de la réforme de l’État, un objectif à moyen terme de ce mandat qui permettra au moins de sortir avec un début de solution. Le président de la République n’a cité, dans ce cadre, aucun nombre de wilayas”. Cette déclaration émane de Daho Ould Kablia en marge de la session plénière de l’Assemblée populaire nationale (APN) consacrée, jeudi dernier, aux questions orales.
Estimant qu’il ne s’agit pas d’un problème “aussi aisé qu’on l’imagine”, M. Ould Kablia a annoncé que ce projet va transformer le visage de l’administration algérienne non sans expliciter les retards accusés pour sa mise en œuvre. Selon lui, “il faut une étude extrêmement approfondie avec tous les effets et toutes les conséquences qui pourraient en être induites. Il serait même contreproductif de créer une nouvelle wilaya sans les résultats escomptés. C’est pour cela qu’il faut examiner tous les aspects financiers, structurels et humains, y compris les problèmes ethnosociologiques”, a-t-il ajouté. Le ministre illustrera ses propos par la question des archs (tribus) qui surgit dans de pareilles situations et qui donnent un cachet subjectif au découpage administratif. À ce propos, il dira que “la population l’aborde sous l’aspect subjectif, alors que l’État le fait avec une approche objective. La gestion de proximité est devenue difficile à réaliser dans ce genre de cas”, a-t-il souligné, citant l’exemple des villes du Grand-Sud où le déséquilibre est criant sur les plans administratif et financier d’une wilaya à l’autre. Cela va sans dire, le ministre mettra en exergue l’aspect de la souveraineté du projet qui devra répondre à la nécessité de la consolider, notamment au niveau des zones frontalières “où des activités parasitaires ont été enregistrées”, a-t-il insisté. Le ministre a également évoqué l’équilibre de la densité de la population à travers toutes les régions du pays, mettant l’accent sur la nécessité de réduire la pression sur certaines wilayas comme Sétif et Oran dont le nombre d’habitants dépasse 1,5 million.
Dans le même sillage, M. Ould Kablia a relevé que “la moyenne du nombre de communes acceptable par wilaya est de 25 APC au lieu des 50 à 60 communes comme c’est le cas actuellement dans certaines wilayas”. Sur un autre plan, le ministre est revenu sur les textes de loi relatifs à l’indemnisation des victimes de la tragédie nationale. Qualifiés de “perfectibles”, le ministre annoncera les cas des veuves et ayants droit de victimes de la tragédie nationale dépassant l’âge de la retraite (60 ans) et non salariées, qui n’ont plus droit à cette indemnisation au-delà de cette limite d’âge. “Dans ce cas-là, comme il n’y a pas de dispositions adéquates dans les textes de loi, il va falloir rectifier”, a-t-il déclaré, signifiant du coup que ce point précis fera l’objet d’un examen particulier. “Il s’agit d’un point qu’il va falloir examiner”, a-t-il expliqué devant les députés. Par ailleurs, le ministre a annoncé que l’État sévira contre toute association contrevenant à la législation en vigueur. “À n’importe quel moment, le ministère de l’Intérieur peut retirer ou geler l’agrément d’une association dans le cas d’activités contraires à son statut ou portant atteinte à la nature du système institutionnel en vigueur, à la souveraineté nationale, à l’unité nationale et à la langue nationale”, a indiqué le ministre. Celui-ci a également menacé de recourir à la dissolution de toute organisation qui portera atteinte à l’ordre public et à l’éthique. Sur un autre plan, M. Ould Kablia a annoncé que l’agrément des associations étrangères, notamment celles initiées par les étrangers résidant légalement en Algérie et ayant un permis de travail, est soumis à la même réglementation imposée aux nationaux pour la création d’associations.
Il citera le cas de l’adhésion du Rotary Club Algérie au Rotary Club international, le 15 octobre 1991, qui est conforme à la loi algérienne, non sans préciser que “les services du ministère de l’Intérieur n’ont été destinataires d’aucun rapport ou renseignements dénonçant des activités contraires à la législation algérienne.” À ce sujet, il affirmera que Rotary Club envoie régulièrement les bilans de ses activités de bienfaisance aux services du ministère de l’Intérieur. Enfin, et concernant les dons étrangers au profit des associations, il dira que ces activités sont soumises à des investigations rigoureuses en concertation avec les institutions spécialisées de l’État.