Des sénateurs critiquent le projet de loi sur l’information

Des sénateurs critiquent le projet de loi sur l’information

«Il ne répond pas aux attentes des journalistes»

El Watan, 22 décembre 2011

Les sénateurs ont débattu, hier, le dernier projet de loi inscrit dans le cadre des réformes politiques initiées par le président Bouteflika.

Il s’agit du texte de loi organique relatif à l’information. Les élus de la Chambre haute du Parlement se sont tous attardés sur des généralités, à l’exception de deux ou trois intervenants qui ont axé leur intervention sur les véritables problèmes dont souffre le monde de la presse.
Mme Zahia Benarous, du tiers présidentiel, n’a pas été tendre avec ce texte juridique ni avec les déclarations du ministre de la Communication à l’égard des journalistes de l’ENTV. «A quoi sert ce département ? Est-ce qu’il a été mis en place pour gérer uniquement la télévision ? En tant que sénatrice et ex-journaliste, je demande la suppression de ce ministère», déclare-t-elle, en plaidant pour l’installation d’un haut conseil de l’audiovisuel avec des prérogatives allant dans le sens de la bonne gestion de la profession.

Mme Benarous partage les inquiétudes des journalistes qui ont rejeté ce texte. Elle dira, à cet effet, que ce projet de loi ne répond pas aux attentes des journalistes et ne reflète pas la réalité du terrain. «Ce texte ne garantit rien, ni la liberté d’expression, ni l’accès à l’information. Les journalistes ont demandé des conditions meilleures pour l’exercice de leur profession», note-t-elle.
A propos de l’ouverture du champ de l’audiovisuel, la sénatrice a rejeté les arguments du pouvoir : «L’Etat refuse de s’engager dans ce chantier prétextant l’incompétence des journalistes. Ceci est faux. Il faut mettre un terme au bricolage», demande-t-elle, précisant que les chaînes thématiques sont révolues et que l’ENTV est gérée d’en haut, d’où sa médiocrité. «Nous sommes en retard d’un siècle. Le problème de l’ENTV est d’ordre purement politique. Nous devons revoir l’information institutionnelle. Trouvez-vous normal qu’à chaque fois l’ENTV couvre le Parlement et montre uniquement les images des élus levant les mains», dénonce-t-elle.

De son côté, M. Belkaci, du FLN, estime que la concrétisation des promesses du président de la République n’est pas pour demain. Ce nouveau texte juridique, explique-t-il, ne répond pas aux aspirations de la nation.
L’orateur a jugé opportun de citer le nombre d’interdictions que renferme le texte : le mot soumettre (le journaliste ) a été répété 47 fois, alors que le mot «doit» 31 fois et la «sanction» du journaliste 15 fois et enfin le journaliste doit «assumer» 21 fois. «Le texte renferme plus d’interdictions que de liberté d’expression», regrette le sénateur.
Nabila Amir