Sellal : «L’année 2017 s’annonce difficile»

Il exhorte les walis à fournir des efforts supplémentaires

Sellal : «L’année 2017 s’annonce difficile»

El Watan, 13 novembre 2016

Les rendez-vous se suivent et les discours se ressemblent. Deux ans après le début de la crise financière engendrée par la baisse des prix du pétrole en 2014, les responsables du gouvernement donnent l’impression de tourner en rond.

Pourtant, la nécessité du «changement» revient, tel un leitmotiv, dans toutes leurs déclarations. C’était le cas, hier encore, à l’occasion de la réunion habituelle gouvernement-walis, qui a été élargie, pour la première fois, à quelques présidents d’APW, présidents d’APC et «acteurs de la société civile».

Le ton est donné dès l’entame de cette rencontre qui s’est tenue au Palais des nations, à Alger. Sans aucune remise en cause, les responsables du gouvernement qui se sont succédé au pupitre ont opté pour une terminologie plutôt optimiste quant à l’avenir économique du pays. Dans des discours chargés de politique politicienne et de constats, ils tentent de définir le nouveau cap économique du pays. Celui-ci devra reposer, essentiellement, sur les collectivités locales appelées à faire preuve d’imagination pour prendre des mesures audacieuses, «chercher de nouvelles ressources, libérer les initiatives au niveau local et impliquer les élus locaux dans le développement économique…» Le premier à prendre la parole est le ministre de l’Intérieur, Noureddine Bedoui, qui tente de secouer les walis, tout en faisant les louanges des politiques du gouvernement. Selon lui, «nous ne sommes pas en faillite (…) et notre pays est en droit d’espérer une sortie rapide de la crise actuelle».

Ce faisant, il insiste sur la nécessité d’en finir avec «cette dépendance à la rente pétrolière» et d’ouvrir en nouvelle ère. Il exhorte ainsi les walis à «bâtir de nouvelles relations avec l’administration et avec le peuple», tout en axant sur l’obligation de donner la priorité à la promotion des activités créatrices d’emplois et de richesses au niveau local.

Intervenant juste après lui, le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, explique les objectifs du «nouveau modèle économique». Tout en reconnaissant que l’année 2017 s’annonce difficile, il estime que le pays maîtrise les équilibres macroéconomiques. Cependant, dit-il, la croissance sera dorénavant cherchée dans l’entreprise sur la base du nouveau modèle économique de croissance. Ce dernier, précise-t-il, a été décidé pour «préserver les équilibres financiers et diversifier davantage l’économie nationale dans un objectif de croissance».

«Il vient mettre en cohérence et en synergie les éléments de l’action économique avec les éléments factuels de conjoncture tout en maintenant les objectifs de mue économique et de responsabilité des pouvoirs publics envers les couches défavorisées», insiste-t-il. Abdelmalek Sellal fait aussi dans le choix des mots lorsqu’il évoque les conséquences de la crise : «Au lieu de l’austérité, nous avons toujours fait le choix de la croissance que nous chercherons dorénavant dans l’entreprise nationale, espace privilégié de création de richesses, de plus-values et d’emplois pérennes, tout en consolidant la justice sociale.» Selon lui, l’Algérie continue de résister et de déployer des efforts pour préserver la stabilité de ses indicateurs macroéconomiques, et ce, malgré la contraction de ses revenus pétroliers depuis trois années.

Les élus et l’attractivité des localités

Afin d’étayer ses dires, le Premier ministre livre une série de chiffres. Il précise d’abord que le pays «a réalisé un taux de croissance de 3,9% en 2016, qui devrait être le même l’année prochaine». Selon lui, le nombre de projets lancés ces trois dernières années est équivalent à 70% des créations d’activités depuis 2002 avec 24 836 investissements déclarés, tandis que les crédits à l’économie demeurent en progression de l’ordre de 10%, alors que les chiffres de l’inflation et du chômage restent «relativement stables».

Poursuivant, Abdelmalek Sellal appelle les walis à fournir plus d’efforts en matière de facilitation de création d’entreprises et d’investissements surtout que, observe-t-il, beaucoup d’entraves ont été levées avec la promulgation de la loi sur l’investissement et la réforme de la gestion du foncier industriel. Dans ce sens, il plaide pour la libération des énergies et la participation des élus à l’amélioration de l’attractivité, l’implantation des projets et le captage des investissements.

En tout cas, les participants à cette rencontre devront définir, à l’issue de leurs travaux prévue ce matin, les principales mesures à prendre pour donner un nouveau souffle aux collectivités locales. Trois ateliers ont été installés pour engager la réflexion, notamment sur le rôle des collectivités locales dans la promotion de l’investissement, la réforme des finances et de la fiscalité locale ainsi que la modernisation du service public.
Situation financière des collectivités locales : Forte dépendance au budget de l’Etat

La majorité des collectivités locales a «une capacité financière négative». C’est ce qu’a affirmé le ministre des Finances, Hadji Baba Ammi. S’exprimant à l’ouverture des travaux de la réunion gouvernement-walis, ouverts hier à Alger, le ministre a souligné que ces dernières «sont grandement dépendantes des dotations budgétaires de l’Etat pour accompagner les actions de développement local».

Selon lui, le faible revenu des collectivités locales est dû essentiellement au fait que les recettes non fiscales n’en représentent qu’une part négligeable (2%), tandis que le reste des revenus globaux des collectivités locales est composé à 87% de la fiscalité locale et à 11% des dotations budgétaires. Dans ce sens, il plaide pour la réforme des finances locales.

Hadji Baba Ammi précise que cette réforme pourrait s’articuler autour de l’élargissement de l’assiette fiscale par le développement d’activités économiques sur le territoire de la wilaya et la diversification des ressources financières. Il préconise également de procéder à une fusion de certains impôts locaux ayant la même finalité, dont l’unification de six taxes écologiques générant un rendement bien en deçà de leurs coûts administratifs, et la fusion de trois taxes liées aux biens immobiliers : la taxe foncière, la taxe d’assainissement et la taxe d’habitation.M. M.

Madjid Makedhi