Quelle suite pour le mouvement des policiers ?

Quelle suite pour le mouvement des policiers ?

El Watan, 21 octobre 2014

Aucune réaction n’a été enregistrée du côté des policiers protestataires quant aux résultats du Conseil interministériel de dimanche, ayant traité leur plateforme de revendications. Ni satisfaction ni déception. Après avoir investi la rue de manière brusque et musclée et s’être rassemblés deux journées de suite devant la présidence de la République, les éléments des Unités républicaines de sécurité (URS) se murent dans un silence étrange.

Les policiers se sont-ils finalement contentés du peu et accepté les mesures annoncées par le biais d’un communiqué sanctionnant le Conseil interministériel présidé par le Premier ministre, Abdelmalek Sellal ? Craignent-ils des sanctions ? Ont-ils subi des pressions pour ne plus sortir dans la rue, au risque de troubler l’ordre public qu’ils sont censés préserver ? Que s’est-il passé depuis jeudi dernier, date de la levée de leur rassemblement devant la Présidence ? Le gouvernement a-t-il pris langue avec les représentants des protestataires et a-t-il réussi à les convaincre d’apaiser la situation ? Il faut souligner que le gouvernement n’a pas cédé sur les principales revendications de ces policiers. Il n’a pas autorisé la création d’un syndicat. Et le Directeur général de la Sûreté nationale, dont le départ a constitué leur première revendication, est toujours au poste.

Même les revendications d’une retraite après 20 ans de service et d’une pension de 10 000 DA pour les femmes au foyer n’ont pas été accordées. Le gouvernement semble avoir préféré gérer la colère d’un corps constitué plutôt que de céder sur des points qui pourraient soulever une grosse vague de protestation de l’ensemble des fonctionnaires. Les policiers ont-ils donc renoncé définitivement à leur mouvement de protestation ? Sont-ils en train de préparer un autre mouvement dans la discrétion comme ils l’ont fait la dernière fois ? Cette vague de protestation des policiers a eu un impact impressionnant de par son effet de surprise. Car personne ne s’y attendait.

Le silence de ces policiers a-t-il un lien avec des rumeurs qui circulent sur d’éventuelles mesures de sanction qui seraient prises contre des «éléments» qui auraient été à l’origine de cette «révolte» dans le corps de la police ? Aussi, beaucoup de gens s’interrogent aujourd’hui sur le sort du général-major Abdelghani Hamel en tant que Directeur général de la Sûreté nationale. Des noms, de son probable successeur, ont été mis sur la place publique et circulent sur les réseaux sociaux. Va-t-il rester à la tête de la police ? Ou préfère-t-il regagner son corps habituel, à savoir la Gendarmerie nationale ? On ne le sait toujours pas. Une chose est sûre : la conférence qu’il devait animer hier aurait été annulée en raison de cette nouvelle situation créée par le coup de colère des policiers des URS.
Mokrane Ait Ouarabi