«L’Algérie joue un rôle extrêmement actif dans le dialogue méditerranéen»

SELON L’AMBASSADEUR DU CANADA A L’OTAN

«L’Algérie joue un rôle extrêmement actif dans le dialogue méditerranéen»

Le Quotidien d’Oran, 8 mai 2005

Jean-Pierre Juneau est l’hôte de l’Institut diplomatique des relations internationales. Hier, il a tenu une conférence à la résidence El-Mithaq sur l’Alliance atlantique et l’évolution qu’elle connaît depuis la chute du Mur de Berlin en 1989.

L’Institut diplomatique des relations internationales (IDRI) a poursuivi hier son cycle de conférences en invitant l’ambassadeur du Canada à l’OTAN, Jean-Pierre Juneau, à débattre de l’évolution de l’Alliance depuis la disparition du bloc soviétique et son élargissement à de nouveaux Etats d’Europe orientale, en même temps que le processus de partenariat dans lequel elle s’est engagée en direction des pays maghrébins et tiers-méditerranéens depuis le début des années quatre-vingt-dix, et du Moyen-Orient dit élargi depuis le sommet d’Istanbul en juin 2004.

L’intervention de M. Juneau, compte tenu du caractère très étendu du sujet qu’il a abordé, a concerné, en un tour d’horizon, les grands bouleversements que l’Alliance a connus depuis la disparition de la menace soviétique et l’apparition de nouvelles fractures, d’abord en Europe avec le conflit des Balkans, et de formes de menace inédites dont le marqueur historique, si l’on peut dire, reste le 11 septembre et les attentats terroristes qui ont frappé les Etats-Unis.

Une des conséquences de ces bouleversements, a-t-il expliqué, a été l’amorce puis la confirmation d’un dialogue avec les pays du Maghreb et l’émergence d’un cadre de partenariat et de coopération technique et militaire qu’on identifie aujourd’hui sous l’appellation de dialogue méditerranéen. Ce processus, a estimé M. Juneau, affiche un bilan très positif dix ans après son lancement en 1994. Son succès, a-t-il laissé entendre, a incité l’Alliance, lors du sommet d’Istanbul en 2004, à l’encourager et à lancer une initiative du même ordre en direction du «Moyen-Orient élargi», dont les premiers Etats bénéficiaires sont le Qatar, Bahreïn et le Koweït, tous les trois membres du Conseil de Coopération du Golfe (CCG).

L’Algérie, qui a rejoint le dialogue méditerranéen en 2000, donc relativement tard par rapport aux autres voisins de la région, y joue, a-t-il précisé, «un rôle extrêmement actif dans la coopération militaire».

On apprendra, à la suite du débat qui a suivi son intervention, que l’ANP a «grandement progressé» dans la coopération avec les forces de l’OTAN, en conséquence d’une réforme en profondeur de ses structures et d’une mise à niveau de ses forces armées. Et que ce processus devrait se poursuivre, dès lors que le dialogue méditerranéen – c’est le constat d’un intervenant – «offre à l’Algérie un cadre compatible à sa vision» de la sécurité dans le monde et dans la région.

La possibilité pour l’OTAN d’intervenir dans le règlement de la crise au Darfour soudanais, avec la participation de forces armées africaines d’interposition (une rencontre est prévue le 17 mai au siège de l’OTAN à Bruxelles avec le président de l’Union africaine), constitue, d’après cet intervenant, un exemple et «un signe» intéressant de l’évolution que poursuit actuellement l’Alliance, notamment sous l’influence de grands pays comme le Canada et d’autres Etats «moins euro-centrés», pour reprendre une expression utilisée hier, et de son affirmation en tant qu’«acteur mondial de la sécurité».

La perspective à court terme pour l’Algérie est de participer à l’opération Activ Endeavour (OAE), qui consiste à aider à la dissuasion, la défense et la protection contre le terrorisme au moyen d’opérations maritimes. Un programme est établi, a fait savoir l’ambassadeur canadien auprès de l’OTAN, et il s’agit uniquement «d’un processus bureaucratique à régler», a ajouté M. Jean-Pierre Juneau.

Noureddine Azzouz