Nouvelles nominations dans l’Armée

Nouvelles nominations dans l’Armée

Critère de confiance et esprit de changement

El Watan, 10 août 2005

Le changement opéré, lundi, par le Président Bouteflika à la tête du commandement des forces navales n’a surpris personne, y compris les milieux militaires.

La nomination du général Malek Necib au poste de commandant des forces navales, en remplacement du général Mohand-Tahar Yala, qui est appelé visiblement à d’autres missions, était plutôt prévisible. Ayant déjà fait ses preuves dans le corps de la marine où il a fait une longue carrière, d’une trentaine d’années, le nouveau commandant – qui sera installé dans les prochains jours – a été promu au grade de général en juillet dernier. Certains connaisseurs du milieu militaire avaient alors interprété sa promotion comme « une légion de mérite », au vu de ses capacités de commandement prouvées sur le terrain. Aussi, c’était une étape à franchir pour qu’il prenne, ensuite, les commandes des forces navales nationales. Le général Malek Necib n’est, certes, pas connu dans le milieu médiatique. Son nom n’est jamais sorti des façades maritimes et des forteresses de l’armée. Ayant aujourd’hui la cinquantaine, le général Necib a occupé, des années durant, le poste de commandant de la façade maritime Ouest (FMO), où est implantée la base navale de Marsa El Kebir, la plus importante base navale d’Algérie. Connu pour sa rigueur et sa perspicacité, qui lui ont été reconnues par ses pairs, le général Necib a gravi, en douceur, les échelons de responsabilités pour devenir aujourd’hui le « patron » des forces navales. Parmi les raisons qui auraient poussé le Président à le nommer à ce poste de responsabilité dans une conjoncture marquée essentiellement par un début de coopération militaire avec les pays de la rive Nord de la Méditerranée, devaient y avoir le facteur de compétences dont il dispose et l’esprit de responsabilité et de professionnalisme dont il a fait preuve. Mais aussi et surtout la confiance que le Président lui voue. Le deuxième changement effectué à la tête de la Garde républicaine est expliqué par nombre d’observateurs comme une réponse, en premier lieu, à un besoin urgent. Le nouveau nommé, à savoir le général Layachi Grid, au poste de commandant de la Garde républicaine, est venu en remplacement du général-major Ali Jemaï, homme dit très proche du Président. Le général-major Ali Jemaï serait appelé à succéder à Rachid Maârif, en qualité de chef de protocole du Président. Ainsi, il aurait fallu trouver rapidement un homme « de confiance » pour prendre les commandes de la Garde républicaine. Il semble que le général Layachi Grid représente le profil voulu. En second degré, cela confirme la thèse selon laquelle l’armée est en train de faire sa mue. Le discours du Président Bouteflika sur la modernisation et la professionnalisation semble faire ses effets sur le terrain. Lors d’une visite à l’Académie militaire interarmes de Cherchell, en juillet 2005, M. Bouteflika a beaucoup insisté sur le renforcement des matières technologiques. Ayant conduit l’Algérie dans un processus de coopération avec l’OTAN et d’autres pays du bassin méditerranéen et suivi la logique des « blocs stratégiques » dictée par les grandes puissances, européenne et (surtout) américaine, le Président aurait, pour ce faire, besoin de « ses » hommes capables de l’aider à asseoir sa politique militaire en sa qualité de patron de l’ANP. Cela pourrait justifier les changements effectués jusqu’à présent au sein de l’institution militaire. Et ils sont nombreux et touchent tout le corps de l’institution. En août 2004, le Président a procédé au renouvellement des principaux cadres de l’armée, notamment le secrétaire général du ministère de la Défense et le commandement des forces terrestres. En mai 2005, il y a eu « un remaniement » qui a touché 6 postes-clés, notamment le commandement des forces de la défense aérienne du territoire. Depuis qu’il est à la tête du pays, le Président Bouteflika a complètement changé la composante de l’ANP. L’arrivée par grappes à des postes importants d’officiers supérieurs relativement jeunes et formés dans des grandes écoles militaires du monde pourrait ajouter du crédit à la volonté du chef de l’Etat de passer la vitesse supérieure dans la professionnalisation et la modernisation de la « grande muette ».

Mokrane Ait Ouarabi