Les touristes otages libérés à Gao

APRES 6 MOIS DANS LE DESERT

Les touristes otages libérés à Gao

El Watan, 20 août 2003

Les 14 touristes européens, détenus en otages depuis six mois dans le désert algérien puis malien, sont arrivés libres, hier vers 18h45, dans la ville de Gao, dans le nord du Mali. Un avion militaire les attend pour les emmener en Allemagne après un passage à Bamako. Après leur libération, annoncée par la Présidence malienne dans la soirée de lundi, ils devaient quitter hier matin Tessalit (nord-est du Mali), où ils étaient toujours entre les mains des ravisseurs, et rejoindre Gao à bord d’un avion malien.

Parti pour récupérer les otages, l’appareil est revenu de Tessali bredouille avec à son bord un commando malien armé, selon l’AFP. Les touristes, probablement accompagnés de leurs ravisseurs, ont finalement fait le chemin par route. Détenus d’abord dans le Sud algérien puis dans le Nord du Mali, les 14 touristes (9 allemands, 4 Suisses et 1 Néerlandais) étaient en bonne santé, selon Jurgen Chroborg, secrétaire d’Etat allemand aux Affaires étrangères. Il était sur place pour diriger l’équipe de travail qui a pu entrer en communication avec les touristes dès la nuit de lundi à mardi grâce à un téléphone satellite. Les preneurs d’otages avaient notamment demandé à rester au Mali après la libération des touristes et exigé une rançon. L’Allemagne aurait versé 4,6 millions d’euros pour cela, d’après la télévision publique allemande ARD citant, hier, des sources proches de Berlin. «L’homme de Schroeder à la valise aux millions», titrait mardi le quotidien allemand Bild, montrant le secrétaire d’Etat aux Affaires étrangères Jurgen Chrobog, chef de la cellule de crise sur les otages, sur le tarmac d’un aéroport, une grosse valise à la main. Berlin a continuellement réaffirmé que sa politique était de ne pas verser de rançon lors des prises d’otages. Mais derrière ce rejet de principe, le débat dans ce pays porte déjà sur l’éventuelle participation des ex-otages aux frais de leur libération. Le Mali, quant à lui, «n’accordera pas d’asile aux ravisseurs, mais il ne les combattra pas non plus sur son territoire», a affirmé mardi à Bamako le porte-parole du gouvernement malien, Gaoussou Drabo. «Jusqu’à présent», a aussi indiqué le porte-parole du gouvernement de Bamako, «nous ne connaissons pas le nombre de ces ravisseurs». Le chef des négociateurs maliens, l’ancien chef de la rébellion touarègue au Mali, Iyad Ag-Ghali, privilégie la thèse des trafiquants et contrebandiers qui pullulent dans cette zone de non-droit et pourraient avoir cherché une nouvelle activité lucrative en exigeant le versement d’une rançon. Pour Alger, cette affaire prouve la présence d’un sanctuaire islamiste dans le Sahara. La prise d’otages a été officiellement imputée au Groupe salafiste pour la prédiction et le combat (Gspc), sous l’autorité dudit Abderrezak El Para. Une thèse sur laquelle s’aligne l’Allemagne. «Je suis d’accord avec les présidents de l’Algérie et du Mali : la lutte contre le terrorisme international nécessite une étroite et confiante coopération des autorités participantes», a ainsi affirmé le chancelier Gerhard Schroeder. «Il me semble important que les ravisseurs ne puissent s’échapper en restant impunis. C’est pourquoi les services de sécurité allemands apporteront tout l’appui qui pourrait être nécessaire pour appréhender les coupables et les traduire en justice», a-t-il ajouté. 17 otages (10 Autrichiens, 6 Allemands et 1 Suédois) avaient été libérés le 13 mai en Algérie à la suite d’une opération de l’armée. Fin juin, entre l’Algérie et le Mali, par route une otage allemande est morte des suites d’une insolation.

Par Aziz Yemloul