Le GSPC traqué pour retrouver les otages autrichiens

Algériens, libyens et tunisiens élargissent leurs recherches

Le GSPC traqué pour retrouver les otages autrichiens

Par : Rosa B. et Mohamed benmessaoud, Liberté, 12 mars 2008

Depuis la revendication, avant-hier soir, par Al-Qaïda au pays du Maghreb du rapt des 2 touristes autrichiens, un important dispositif sécuritaire, impliquant les IVe et VIe Régions militaires s’est renforcé. Toute la région englobant les wilayas de Tébessa, El-Oued, Batna, Khenchela, Biskra, Ouargla et Ghardaïa est sous haute surveillance.

Cette fois-ci, les opérations de ratissage de grande envergure ont cédé la place à un travail de renseignement très approfondi. L’enjeu est de taille. Il est question de retrouver sain et sauf Wolfgang Ebner, 51 ans et Andrea Cloiber, 41 ans, les deux touristes autrichiens, enlevés, selon un porte-parole de la branche d’Al-Qaïda au pays du Maghreb, le 22 février en territoire tunisien. Selon nos sources, les touristes autrichiens, qui se trouvaient au moment de leur kidnapping à Matmata, un petit village situé dans la région de Tataouine, au sud-est de la Tunisie, ont été effectivement acheminés par leurs ravisseurs tunisiens affiliés à Al-Qaïda dans le territoire algérien.
Selon nos mêmes sources, ils se trouveraient, actuellement, soit au Mali, soit quelque part sur l’axe Ouargla-Illizi, ce qui est sûr, selon des observateurs au fait de la situation sécuritaire, c’est qu’ils seraient déjà loin de la bande frontalière algéro-tunisienne, donc pas à Tébessa où un important dispositif sécuritaire est visible. Ce dernier a été dressé du fait que les services spécialisés sont quasi certains de l’implication des groupes infestant les maquis de Bir El-Ater dans le rapt, au moins à travers l’apport logistique. L’autre quasi-certitude est que le passage des frontières ne s’est pas fait du côté de Tébessa, ni du côté d’El-Oued où l’armée algérienne a renforcé, depuis des mois, sa présence, mais du côté de Ouargla. Enfin, la troisième quasi-certitude est l’information qui a parcouru, hier, les rédactions.
Selon cette dernière, les deux Autrichiens se trouvaient déjà au Mali. En fait, les terroristes n’auraient jamais revendiqué le rapt, s’ils ne se sentaient pas loin du terrain d’action des ninjas et autres kouksoul, ayant déjà par le passé libéré des otages dans le Grand-Sud.
Les forces combinées algériennes comptent beaucoup sur les renseignements à récupérer, lors des opérations en cours dans la région de Tébessa, pour la bonne conduite des opérations de recherche et de localisation. L’on se rappelle qu’en novembre 2007, une trentaine de terroristes ont été neutralisés à Bir El-Ater, El- Malabiod, El-Kamakem, ou encore à Bir El-Ach, parmi lesquels figuraient des Libyens et des Tunisiens. Cette donnée est une piste sérieuse dans le travail de renseignement. D’ailleurs, la présence sur le territoire algérien de ces ressortissants ne date pas d’hier. Elle remonte bien avant le ralliement du GSPC à l’internationale islamiste d’Oussama Ben Laden. Ils ont, et à plusieurs reprises, participé à des attentats commis sur le sol algérien, comme ce fut le cas en janvier 2003 lors de l’une des attaques les plus meurtrières dans l’histoire macabre du terroriste.
À l’époque, des Tunisiens et des Libyens avaient pris part à une embuscade tendue à une patrouille de reconnaissance composée d’éléments des forces spéciales et de GLD au lieu-dit Iglfen-Taghda, situé sur les hauteurs de Biskra et Batna. Bilan de cet acte terroriste transmaghrébin : 39 parachutistes et 3 gardes communaux assassinés. Aujourd’hui, avec l’enlèvement des deux touristes autrichiens, la lutte antiterroriste prend une toute autre dimension. Une coopération transmaghrébine en matière de renseignement s’est imposée d’elle même.
Aussi, selon nos sources, les services de sécurité algériens, tunisiens, libyens et autrichiens sont en concertation permanente sur la conduite à tenir afin de libérer les deux otages. Pour rappel, déjà en mai 2003, 32 touristes suisses, allemands et néerlandais, ont été enlevés au nord de Tamanrasset, à l’Extrême-Sud algérien. Une rançon de 5 milliards d’euros aurait été versée par Berlin contre la libération de 14 otages. Les 17 autres otages avaient été libérés, après plusieurs mois de détention, dans le désert malien, par l’armée Algérienne

Rosa B. et Mohamed benmessaoud


Des experts pourraient être dépêchés dans la région

Vienne affirme n’avoir pas reçu de revendication officielle

Par : R. Benkaci, Liberté, 12 mars 2008

L’Autriche “n’a pas encore reçu de revendication” des éventuels ravisseurs de deux Autrichiens disparus en Tunisie et qui seraient détenus au Mali par un groupe d’Al-Qaïda au Maghreb, a affirmé, hier, le ministre de l’Intérieur, M. Günther Platter. “Nous n’avons pas encore reçu de revendication”, a-t-il dit devant le Parlement à Vienne.
Les autorités autrichiennes, tout en affirmant ne pas détenir “de preuves solides d’un enlèvement”, prévoient d’envoyer une mission d’experts dans la région. Des membres des unités spéciales Cobra pourraient faire partie de cette délégation, mais sans mission militaire, a expliqué un porte-parole du ministère de l’Intérieur, Rudolf Gollia. Avant-hier, dans un enregistrement diffusé par la chaîne de télévision satellitaire du Qatar Al-Jazeera, un porte-parole d’Al-Qaïda au Maghreb, Salah Abou Mohammad, a affirmé que son groupe avait “enlevé le 22 février en Tunisie un couple autrichien”. Les deux touristes, qu’il a identifiés comme Wolfgang Ebner et Andrea Kloiber, “sont en bonne santé et sont bien traités”, a-t-il assuré. Dans un communiqué revendiquant l’enlèvement, diffusé sur Internet par le site Intelligence Group, Al-Qaïda a averti lundi passé que “toute tentative d’intervention militaire de l’Algérie mettrait en danger la vie des deux Autrichiens”, laissant ainsi entendre que les deux otages se trouvaient dans ce pays.
Un porte-parole du ministère autrichien des Affaires étrangères a indiqué, hier matin, à la radio nationale ORF, que l’Autriche avait demandé à l’Algérie et à la Tunisie de ne pas intervenir militairement, pour protéger la vie des otages. Selon la presse autrichienne, le couple avait donné signe de vie pour la dernière fois le 18 février, en appelant depuis Tataouine (sud-est tunisien), Bernhard Ebner, fils d’un spécialiste allemand du désert. Il devait rappeler le 25, mais ne l’a pas fait, lançant les recherches.
La Tunisie avait démenti avant-hier ??? sur son territoire des ravisseurs et de leurs deux otages. “Pour l’heure, aucun élément ne permet de confirmer que les ressortissants autrichiens se trouvent actuellement en territoire tunisien ou qu’ils ont été enlevés à l’intérieur des frontières tunisiennes”, avait indiqué une source officielle tunisienne.
Les autorités tunisiennes avait précisé avoir effectué en vain “d’intenses recherches et ratissé la zone par des moyens terrestres et aériens dès notification” de la disparition des deux touristes autrichiens.

R. Benkaci