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LE PRÉSUMÉ ASSASSIN DES ÉLUS DE BORDJ EL BAHRI Gspc ou mafia du foncier? L'Expression, 18 novembre 2004 Une histoire enchevêtrée où s'entremêlent groupes maffieux et intérêts occultes. Vingt jours après l'attentat perpétré au douzième
jour du Ramadan contre deux élus de la commune de Bordj El-Kiffan,
l'enquête n'a encore abouti à rien de définitif.
Cependant, le présumé coupable, M.Amar Benamra est toujours
maintenu en détention préventive. Sa famille qui réfute
toute implication de l'accusé dans le double assassinat du 26
octobre 2004, demande sa libération, « car rien, dit-elle,
ne justifie encore son incarcération à El Harrach ».
Le 26 octobre 2004, au milieu de la journée, Menasria Nacer, le
second vice-président de l'APC de Bordj El Bahri et son compagnon
Mohamed Houari, un ancien élu de la même commune sont assassinés à bout
pourtant par des inconnus. La nouvelle se répand vite et fait
la une de la presse. Acte terroriste ? Crime lié à un groupe
d'intérêt? La question est vite résolue par l'arrestation
d'un homme, Amar Benamra, qu'un litige lié à un lopin de
terre oppose de manière très vive à Menasria Nacer,
un député d'El Islah, à cheval sur les principes
et qui conteste l'octroi de six carrés de terre à certains « gros
bonnets » de la commune, dont Benamra. La proximité du
lieu de l'attentat, la querelle connue de tous qui l'opposait à l'élu
assassiné et l'absence de toute autre cause de liquidation physique
du second vice-président mettent tout de suite Benamra en ligne
de mire. Il est retenu dans le commissariat de police de Bordj El-Kiffan,
le même jour. En fait, c'est lui qui s'y était présenté accompagné de
ses deux fils. Pendant les interrogatoires, l'accusé nie toute
implication et présente une preuve de son innocence: pendant la
journée du crime, il était chez son ami boucher, au centre-ville
d'El Har-rach et a fait sa prière du « dohr » dans
la mosquée Imam Châfiî de la même localité et
n'est rentré chez lui à Bordj El Kiffan que vers dix-sept
heures, soit quatre heures trente minutes après l'assassinat.
Le témoignage de plusieurs personnes, dont le boucher d'El Harrach,
viennent lui donner un alibi qui tient la route et l'innocente. Cependant,
un autre fait vient perturber la thèse de Benamra: un témoin
affirme avoir vu un homme, au moment de l'attentat, prendre un raccourci
et disparaître. Cet homme décrit minutieusement par le témoin
correspond à Benamra. Sur la base de cet autre indice, la police
décide de le transférer au tribunal qui décide sa
détention préventive en attendant la fin de l'enquête.
Deux jours après, un quotidien arabophone publie un communiqué du
Gspc dans lequel le Groupe salafiste revendique l'assassinat de l'élu,
et argumente l'attentat par le fait que « les élus locaux
partagent avec l'Etat à combattre le projet islamique en constituant
des assemblées locales... ». Un responsable de la sécurité situé loin
des enjeux de la région du littoral (Bordj El Bahri, Bordj El
Kiffan, Aïn Taya) dont les terres agricoles ou de construction suscitent
toutes les convoitises et alimentent toutes les querelles, reste sceptique: « l'attentat
a été perpétré par au moins deux personnes
avec l'aide d'une ou deux personnes pour la surveillance des lieux et
le repli. Cela fait quand même une petite cellule opérationnelle
de combat de type Gspc ou de type mafieux et bien entraîné ».
Benamra peut-il faire jonction avec ce groupe? A-t-il fait l'objet d'un
règlement de comptes, d'une conspiration à l'échelle
locale? La mafia locale du foncier peut-elle aller jusqu'à perpétrer
le crime, ou s'allier avec des groupes armés locaux pour exécuter
le contrat? Fayçal OUKACI
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