Les otages autrichiens contre l’argent seulement

Les otages autrichiens contre l’argent seulement

Les ravisseurs révisent leur demande à la baisse

par Ali Babès, Le Quotidien d’Oran, 22 mars 2008

La branche Maghreb d’Al-Qaida a donné un autre délai pour la libération des deux otages autrichiens, qu’un de ses groupes avait kidnappé le 22 mars dans le sud tunisien. Dans un communiqué mis en ligne, le groupe de ravisseurs, se réclamant de la branche Maghreb d’Al-Qaida, donne jusqu’à dimanche de Pâques, le 23 mars, le dernier ultimatum aux autorités autrichiennes pour qu’elles satisfassent aux revendications du groupe. Fait nouveau, les ravisseurs ont abandonné la revendication principale, celle consistant en la libération par l’Algérie et la Tunisie de 10 terroristes, dont Abderrezak El-Para.

Fini donc la revendication de la libération de terroristes, une revendication qui avait mis beaucoup de pression sur les négociateurs et les services de sécurité qui suivent de près cette affaire. Les revendications de la branche d’Al-Qaida au Maghreb portent ainsi uniquement sur le paiement d’une rançon, qu’ils ont fixée à 5 millions d’euros, soit environ 6,7 millions de dollars. Cependant, le groupe, selon lequel les deux otages sont «en bonne santé», a averti les autorités autrichiennes contre toute intervention militaire pour libérer les otages. «Ils seront immédiatement exécutés», menace le groupe dans son communiqué. Mieux, il prend à témoin l’opinion publique autrichienne, qu’il a tout fait pour faciliter les négociations pour la libération des otages, et en impute la responsabilité aux autorités autrichiennes si l’affaire capote. La prolongation de l’ultimatum «est une occasion que les autorités autrichiennes doivent exploiter» pour faciliter la libération des otages, avertit encore le groupe des ravisseurs. Par ailleurs, différentes sources confirment que le groupe des ravisseurs a entamé des négociations avec une médiation libyenne, alors que les négociateurs libyens, proches de la fondation d’un des fils du guide de la Révolution, ont établi des contacts avec le groupe d’Al-Qaida au Maghreb. La prolongation de l’ultimatum serait un des résultats des négociations en cours, entre la médiation libyenne et le groupe de ravisseurs. En fait, plusieurs services de renseignement occidentaux et maghrébins suivent cette affaire de près, alors que les renseignements américains auraient déjà établi avec exactitude la position du groupe, au nord du Mali. «Un état-major de crise est sur la brèche en permanence, a souligné un porte-parole du ministère des Affaires étrangères autrichien.

Le porte-parole du chancelier n’a pas voulu confirmer un contact téléphonique entre le chancelier autrichien, Alfred Gusenbauer et le dirigeant libyen, Mouammar Kadhafi. D’autre part, plusieurs observateurs relèvent que les ravisseurs ont, en définitive, abattu leurs cartes dans cette affaire, à savoir le besoin impérieux d’argent liquide, alors que la revendication de libération de prisonniers terroristes n’était qu’un leurre. Les groupes terroristes, encore nuisibles, n’ont jamais été plus qu’avant intéressés par l’argent, et toutes leurs actions tournent autour du besoin impérieux de financer leurs actions terroristes en Algérie. Vienne devra payer une rançon de 6,7 millions de dollars pour libérer ses deux ressortissants. Tripoli sera bien à l’aise d’avoir aidé à sauver des vies humaines, mais à quel prix pour la sécurité et la lutte contre le terrorisme que mènent d’autres pays dans la région ?