Le GSPC attaque une base militaire en Mauritanie

15 militaires et 5 assaillants tués et vingt autres soldats blessés

Le GSPC attaque une base militaire en Mauritanie

Le Quotidien d’Oran, 6 juin 2005

Une base militaire mauritanienne de Lemgheity située à 400 km de la ville minière de Zouérate près de la frontière algérienne et malienne a été attaquée, à l’aube de samedi dernier, par un groupe armé.

L’incursion durant laquelle six véhicules ont été emportés et deux camions incendiés a fait, selon un bilan officiel, quinze soldats et cinq assaillants tués, vingt militaires blessés et deux autres portés diparus parmi la cinquantaine qui occupait la caserne. Les assaillants – dont le nombre variait entre 100 et 140 hommes circulant à bord d’une douzaine de véhicules – appartiennent au GSPC, selon le pouvoir mauritanien qui pointe aussi du doigt l’opposition islamiste, les «cavaliers du changement» en particulier.

Contre ce mouvement, le régime de Mouaouiya Ould Taya mène une guerre impitoyable depuis le coup d’Etat avorté que ses dirigeants Abderrahmane Ould Mini et Saleh Ould Hennena, aujourd’hui en prison, ont mené en juin 2003 puis en août et septembre 2004. Les deux derniers coups de filet datent du 25 avril et du 2 juin dernier, au cours desquels une dizaine d’islamistes présumés ont été inculpés pour «constitution d’association de malfaiteurs». En instance de jugement, sept d’entre eux ont été formés, selon la police mauritanienne, dans le maquis du GSPC.

Lequel ? Nouakchott parle depuis des mois de la présence dans la région d’un sanctuaire du groupe islamiste algérien pour la prédication et le combat. Elle évoque aussi des «connexions» avec ses islamistes locaux, qui auraient été aidés par la Libye, un pays accusé comme le Burkina Faso de manoeuvres anti-mauritaniennes, et des «liens» avec la holding terroriste d’Al-Qaïda, à laquelle le GSPC, prétendent les observateurs avertis, a prêté allégeance. Ses thèses sont corroborées par le climat d’insécurité qui règne dans cette partie du Sahel où les desperados islamistes disputent le terrain à des bandits et des trafiquants dangereux et dotés d’une capacité de mobilité rendant leur capacité de nuisance particulièrement redoutable au regard des moyens militaires modestes dont dispose la Mauritanie, obligée aujourd’hui de se tourner vers l’Otan et vers Israël surtout, un pays avec lequel elle entretient une relation diplomatique et une discrète coopération sécuritaire.

Elles sont appuyées aujourd’hui par l’intérêt que portent à la région des puissances comme la France et, plus récemment, les Etats-Unis et leur fameux plan Pan-Sahel destiné à prévenir les foyers d’instabilité et les menaces de terrorisme dans cet espace désertique dont les caractéristiques particulières peuvent en faire une zone grise. Le président mauritanien Mouaouiya Ould Taya a participé hier à une réunion de l’état-major de Nouakchott en présence des chefs de l’armée. Selon un communiqué de l’état-major de l’armée mauritanienne, ils ont fait le point de la situation et des mesures à prendre après cette attaque.

Depuis samedi soir, l’armée mauritanienne a été mise en situation d’alerte maximum et des renforts, dont des avions de reconnaissance, ont été dépêchés dans la zone, ont annoncé des sources à Nouakchott. Sous le choc après l’attaque de Lemgheity, elle doit pourchasser un groupe apparemment bien organisé et équipé pour opérer en terrain difficile et ratisser dans un territoire désertique immense où la lutte la plus efficace reste celle de la coopération accrue entre les pays voisins. Or, celle-ci est entravée par le contexte de tension et de blocage dans lequel se trouve aujourd’hui le Maghreb.

Kader Hannachi