Bousteïla jauge ses élites dans le Constantinois

TERRORISME, ÉMEUTES ET ESCORTES

Bousteïla jauge ses élites dans le Constantinois

Par : Farid Belgacem, Liberté, 2 juin 2010

Pas moins de 17 000 gendarmes sont exclusivement formés, entraînés et déployés pour la lutte antiterroriste, les escortes et la protection, ainsi que le maintien et le rétablissement de l’ordre public. Pour la première fois, les GIN (Groupes d’intervention et de neutralisation), une autre élite formée aux opérations de choc, a participé aux exercices de manœuvres. Ils sont au nombre de 30 à l’échelle nationale.

Le patron de la gendarmerie, le général-major Ahmed Bousteïla, a réuni lors de cet important exercice militaire tous les états-majors du Ve Commandement régional (CRGN) de Constantine. Venu superviser ces manœuvres, auxquelles les élites de la GN ont participé en renforts, Bousteïla a observé avec attention les capacités d’intervention des compétences de ce corps d’armes engagé sur tous les fronts. Et la perfection était au rendez-vous puisque le Commandement de la Gendarmerie nationale (CGN) a sérieusement pris en charge le sensible chapitre des atteintes à l’ordre public. Un phénomène qui constitue une préoccupation des pouvoirs publics, mais aussi du CGN qui voudrait anticiper en axant son action sur le double plan prévention et répression. La sécurité des personnes et des biens n’a pas de prix au vu du déploiement de la GN dans la préservation de l’ordre public en offrant, après des années de formation et d’expertise, un service d’ordre digne de ce nom, des services de protection et d’escorte, notamment des personnalités et des VIP, en sus des étrangers qui exercent dans les différents chantiers névralgiques et, enfin, des opérations de maintien et de rétablissement de l’ordre public. Aguerris dans la lutte contre toutes formes de crimes, à commencer par le terrorisme, la drogue, l’atteinte à l’économie nationale, les gendarmes occupent davantage le terrain pour réduire les brèches aux poches de la petite, la moyenne et la grande criminalités, comme le crime organisé. Ces grands efforts s’ajoutent aux avancées enregistrées par ce corps constitué qui a perdu de valeureux officiers, sous-officiers et hommes de troupe pour contribuer au retour de la sécurité, d’une part, avant de s’engager dans la lutte contre les nouvelles formes de terrorisme et de criminalité transnationale et transfrontalière, d’autre part. Il est clair que les troubles à l’ordre public ont connu, durant ces dernières années, une régression sensible, surtout que la GN a préparé ses troupes et développe, doucement mais sûrement, les outils efficaces afin de maîtriser toute situation, loin des improvisations et des précipitations. C’est que la qualité de la formation revalorisée par une préparation individuelle et collective des personnels est annuellement contrôlée par des exercices de cohésion et des manœuvres engageant plusieurs unités pour permettre aux états-majors opérationnels de se perfectionner au plan de la conduite des opérations. Des simulations qui permettent également au CGN de prendre la température des troupes et qui aboutissent dans les faits à des résultats concluants. Au plan équipements et moyens de maintien de l’ordre, le CGN n’a pas fait les choses à moitié à l’effet d’assurer une meilleure protection des personnels, leur attribuant plus d’assurance dans leurs exercices quotidiens et les opérations d’intervention, notamment dans les foyers chauds. Ceci en sus de la mise en place de moyens modernes et d’outils performants pour permettre aux 17 000 hommes déployés d’être à la hauteur des opérations qui leur sont confiées. La protection des équipements publics (écoles, postes, hôpitaux, mairies, wilayas, administrations…) suggère aussi, selon le nouveau modèle d’intervention, le recours aux dotations spécifiques afin de maîtriser les foules en furie en recourant aux munitions non létales, donc non mortelles, afin de préserver l’intégrité physique des manifestants. La lutte antiterroriste et la surveillance générale du territoire s’inscrit également en droite ligne des résultats de ces manœuvres, sachant que la GN s’est engagée dans les opérations de maintien de l’ordre, en plus des parades de déploiement des unités d’intervention pour renforcer les unités territoriales dans la surveillance générale et accomplir des missions de lutte antiterroriste aux côtés des forces de l’ordre. La détermination dans l’application des lois et des sanctions dissuasives par les juridictions pénales, la promptitude dans l’intervention de la force publique ainsi que l’augmentation des renforts de maintien de l’ordre de la Gendarmerie nationale ont permis de répondre avec circonspection aux exhortations des pouvoirs publics. En effet, de 12 000 hommes en 2008 et 2009, ce chiffre est revu à la hausse pour passer à 17 000 gendarmes en 2010, tous engagés dans la nouvelle stratégie de lutte contre le terrorisme et les opérations d’intervention de choc.

Plus de 3 600 hommes des GIN, des SSI et des GIR sur le terrain de combat

Soigneusement préparée au groupement opérationnel de maintien de l’ordre public de Mechta Al-Hadb, depuis le 22 avril dernier jusqu’au jour de son exécution, la manœuvre de la GN, par ailleurs baptisée Sidi-Arghis, a mobilisé 3 605 hommes issus des 12 Groupements d’intervention et de réserve (GIR) qui couvrent les 15 wilayas du Ve CRGN, des 35 Sections de sécurité et d’intervention (SSI) et, pour une première, des 15 Groupes d’intervention et de neutralisation (GIN). Mais il y avait aussi les 35 escadrons et les brigades cynophiles qui ont été déployés pour la circonstance. Des entraînements physiques au combat frontal en passant par les exercices d’endurance et de valorisation, ces hommes ont évolué dans un bivouac aux multiples reliefs tant difficiles que dangereux afin de jauger leurs capacités et leur degré de faire face à des situations sécuritaires inopinées et risquées. L’exercice débutera au stade de Oum El-Bouaghi où l’équipe de Itihad Echaouia reçoit Aïn Beïda. Les deux clubs antagonistes sur les nerfs au même titre que leurs supporters venus nombreux, l’arbitre central siffle un penalty au profit des visiteurs. Le terrain est envahi par les fans des locaux et les gendarmes des GIR interviennent pour sécuriser les arbitres. Mais ce n’est pas fini ! Une rixe oppose les joueurs locaux aux arbitres. Au même moment, les visiteurs, au nombre de 700, reçoivent une mauvaise nouvelle : un jeune supporter est tué devant l’enceinte du stade dans des circonstances affreuses. Excités, voulant le venger, ils investissent la chaussée et ferment la RN3 avec des troncs d’arbre, des pneus en fumée et des pierres. La situation dégénère. Sur le qui-vive, les éléments des GIR interviennent en force et recourent aux moyens lourds pour rétablir le calme. C’est alors que la troisième phase de l’opération commence puisque les deux délégations, au même titre que les supporters, doivent être évacuées sans perte de vies humaines. Le défi réussi, les gendarmes reçoivent un télex faisant état de la présence d’une résistance isolée composée d’une dizaine de terroristes sur le chemin du retour. Et pour une opération de choc, les états-majors mobilisent les SSI et les GIN. C’est alors qu’une escorte composée de ces élites est désignée pour accompagner les délégations et sécuriser les itinéraires. Surtout que les chemins de la RN3 sont non seulement sinueux, mais périlleux. Aguerries aux méandres des méthodes classiques de riposte contre les embuscades, ces élites devront alors développer la nouvelle parade qui consiste à riposter à l’attaque quel que soit l’effet de surprise.
Chose faite, ils escortent les équipes et les arbitres, mais au retour, ils tombent dans une embuscade terroriste. La chaussée minée par des bombes artisanales, les gendarmes des SSI et des GIN sont pris en “sandwich”. Tirs nourris de part et d’autres ; ces élites engagent une réplique musclée. Elles éliminent les premiers éléments proches de la chaussée, mais leurs acolytes se sont légèrement retirés derrière les rochers où ils tenaient en otage un citoyen.
Entre-temps, les renforts arrivent pour, enfin, mettre hors d’état de nuire ce noyau de terroristes et libérer sain et sauf le citoyen. La manœuvre a duré près de deux heures sous le regard attentif de Bousteïla et du commandant du Ve CRGN, Ali Tourèche. Selon le colonel Abderrahmane Ayoub, le patron de la GN a réuni, à l’issue de cet exercice, tous les états-majors de l’Est, dont les commandants des GIR, des groupements de wilaya, mais aussi des GGF à l’effet d’inspecter les infrastructures, de valoriser les troupes et d’inaugurer de nouvelles réalisations en présence de plusieurs cadres du CGN.