Pour ses avocats, le général Benhadid est un détenu d’opinion

Pour ses avocats, le général Benhadid est un détenu d’opinion

Par Hadjer Guenanfa, TSA, 10 janvier 2016

Les avocats du général Hocine Benhadid ont appelé, ce dimanche 10 janvier, les « promoteurs » de l’avant-projet de loi portant révision de la Constitution à libérer leur client en détention provisoire pour entreprise de « déstabilisation de l’armée ». « Un fait nouveau majeur marque le pays : le projet de révision de la Constitution met l’accent sur les principes de liberté, de justice indépendante, de procès équitables et (de dépénalisation) des délits de presse qui ne peuvent en aucun cas faire l’objet de sanction privative de liberté », a expliqué Me Khaled Bourayou lors d’une conférence de presse organisée à Alger.

« Les promoteurs de ce texte ne peuvent pas, à notre avis, laisser le général Benhadid privé de sa liberté durant trois mois. Dans le cadre de cette révision de la Constitution, nous souhaitons que les promoteurs de ce texte puissent donner la preuve de la sincérité de l’affirmation de ces principes. La détention du général Benhadid ne doit pas être un point noir », ajoute l’avocat. Pour Me. Bourayou, cette révision constitutionnelle ne peut avoir de la « crédibilité », de la « légitimité » et une « objectivité » « tant qu’un homme ou des hommes sont poursuivis pour des délits de presse ».

Au cours de son intervention, Khaled Bourayou a annoncé l’introduction prochaine d’une nouvelle demande de liberté provisoire et ne cache pas ses craintes quant à son éventuel rejet. « On a même peur que notre demande de liberté provisoire soit rejetée parce qu’il (le général Benhadid) n’a toujours pas été entendu sur le fond (par le juge d’instruction) », a expliqué l’avocat qui a dénoncé cette situation. Depuis son arrestation, « aucun acte d’instruction n’a été porté à notre connaissance », dit-il.

« Nous considérons que c’est une situation inadmissible et inédite dans les annales judiciaires. Il est inadmissible compte tenu de la personnalité du prévenu, de son âge, de son parcours et de l’infraction commise qu’on reste près de 100 jours sans qu’un acte d’instruction ne soit pris puisque c’est une infraction criminelle », a ajouté Me. Bourayou.

L’avocat conteste la qualification des faits avant d’insister : « C’est un délit d’opinion ! Pourquoi garder Benhadid avec une infraction criminelle et se retrouver paradoxalement avec une grande lenteur ? Ce qui nous inquiète, c’est la politisation de cette affaire ».