Habib Souaïdia condamné à mort

Habib Souaïdia condamné à mort

Libération, 25 janvier 2006

L’ex-militaire algérien, réfugié à Paris et auteur, en 2001, de la Sale Guerre, qui dénonçait les exactions de l’armée algérienne pendant la décennie 1990, a été condamné à mort par contumace dimanche en Algérie. Selon un tribunal de Bouira, Habib Souaïdia a enlevé et tué trois personnes en 1994 dans la région de Lakhdaria, alors qu’il y était militaire. Premier officier algérien – qui plus est appartenant à une unité d’élite, les forces spéciales – à témoigner à visage découvert sur les exactions des forces de sécurité contre les civils, Souaïdia pourrait être un coupable idéal. Cherchant à tourner définitivement la page sur la sale guerre, le régime s’évertue à attribuer la responsabilité d’une partie des «disparitions forcées » – 10 000 à 15 000 – à des actes « isolés » des forces de sécurité. Or, deux des personnes que Souaïdia est censé avoir tuées ont été enlevées par l’armée. Accuser cet ex-militaire dissident a le mérite de le salir tout en crédibilisant la théorie de « l’acte isolé ». La peine de mort n’a pas été appliquée en Algérie depuis 1993.