Farouk Ksentini: «Le rapport Issaâd n’a jamais été appliqué»

Farouk Ksentini évoque la non-application de la réforme de la justice :

«Le rapport Issaâd n’a jamais été appliqué»

«La réforme de la justice telle que préconisée dans le rapport de feu Mohand Issaâd n’a jamais été appliquée. Elle a été évacuée par les bureaucrates.» C’est l’avocat Farouk Ksentini, le président de la Commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l’Homme (CNCPPDH), qui a fait ce constat lors de son intervention, hier matin, sur les ondes de la Chaîne 3.

Abder Bettache – Alger – (Le Soir)Le Soir d’Algérie, 21 avril 2015

C’est là une déclaration très importante que le président de la CNCPPDH a fait lors de son intervention sur les ondes de la radio nationale. L’hôte de l’émission «l’Invité de la rédaction» a indiqué que la réforme de la justice a été complètement détournée. Il appelle à corriger cette situation de fond en comble en améliorant la formation professionnelle des juges et des avocats.
La solution est dans la mise en œuvre de la réforme recommandée par la Commission Issaâd, or, constate-t-il, aucune de ses suggestions n’a été retenue et encore moins appliquée. Il trouve que la réforme de la justice a été complètement détournée. Son appréciation est visiblement très sévère : la justice algérienne n’a pas progressé dans les proportions souhaitées. Il faut revenir au rapport de la Commission de la réforme de la justice dont les travaux avaient été dirigés par le regretté Pr Mohand Issaâd, souligne Me Farouk Ksentini.
Par ailleurs, Me Ksentini a évoqué la problématique de la détention préventive ou encore l’acte de gestion. Pour rappel, le président de la CNCPPDH avait déjà soulevé le problème de la détention préventive et remis en question les arguments de magistrats qui la défendent en la présentant comme un moyen de protéger les intérêts des victimes.
Sur un autre chapitre, l’invité de la radio nationale a exprimé son souhait de voir la langue amazighe officialisée lors de la prochaine révision constitutionnelle. «Je suis favorable à la consécration de la langue amazighe comme deuxième langue officielle», a déclaré Farouk Ksentini.
Une déclaration qui intervient, faut-il le noter, à l’occasion de la célébration du 35e anniversaire du Printemps berbère.
Me Ksentini a estimé que la promotion de cette langue comme deuxième langue officielle du pays dans la prochaine Constitution «apportera un plus», «car, explique-t-il, je considère que c’est une culture et une langue dont il ne faut pas nous séparer et qu’il faut élever au rang qu’elles méritent».
Me Ksentini, qui a défendu l’officialisation de la langue amazighe lors des deux consultations sur la révision de la Constitution, n’a pas manqué de réitérer sa proposition dans son rapport qu’il a récemment remis au chef de l’Etat.
Durant cet entretien accordé à la Chaîne 3, le président de la CNCPPDH est également revenu sur la situation des droits de l’Homme en Algérie, sur les victimes du terrorisme ainsi que sur la peine de mort.
A. B.