Ouyahia à propos des moines de Tibhirine : «L’Algérie n’a rien à cacher»

Ouyahia à propos des moines de Tibhirine : «L’Algérie n’a rien à cacher»

par Djamel Belaïfa, Le Quotidien d’Oran, 4 février 2012

«L’Algérie n’a rien à cacher concernant l’assassinat des sept moines de Tibhirine».

C’est en ces termes qu’a répondu, jeudi, le Premier ministre Ahmed Ouyahia à une question de la presse en marge de la clôture de la session d’automne de l’APN. Le Premier ministre a rappelé dans ce contexte que l’Algérie a des conventions de coopération judiciaire avec la France et elle a toujours coopéré sur ce dossier. M. Ouyahia a souligné que la coopération sur ce dossier se fait en particulier entre les ministères algérien et français de la Justice. La justice française avait adressé dernièrement une commission rogatoire internationale aux autorités judicaires algériennes, contenant une demande d’autopsie des crânes des sept moines et l’audition d’une vingtaine de témoins. Le 27 janvier dernier, le juge français Marc Trévidic a indiqué vouloir se rendre en Algérie pour exhumer et autopsier les crânes des sept moines. Le juge Trévidic a adressé une commission rogatoire internationale à l’Algérie, rédigée le 16 décembre et traduite en arabe, précisant sa demande d’autopsie et la vingtaine de témoins qu’il souhaite entendre sur place. Il entend se rendre à Tibhirine, exhumer les têtes, pratiquer une expertise ADN pour identifier les victimes, puis réaliser l’autopsie avec deux médecins légistes, un expert en empreintes génétiques et un photographe de l’identité judiciaire, avant de remettre les cercueils en terre.

Le juge Trévidic a réuni en octobre les familles des victimes pour leur exposer sa démarche et obtenir leur assentiment. Les sept moines, de l’Ordre de Cîteaux de la stricte observance, avaient été enlevés dans la nuit du 26 au 27 mars 1996 dans leur monastère isolé situé près de Médéa. Le Groupe islamique armé (GIA) de Djamel Zitouni avait revendiqué l’enlèvement et l’assassinat des moines. Leurs têtes avaient été retrouvées le 30 mai au bord d’une route de montagne, mais leurs corps ne l’ont jamais été.

Sur un autre registre, et sans toutefois donner la date exacte, le Premier ministre a indiqué que le prochain scrutin législatif aura lieu avant le 17 mai 2012. «Ce que je peux vous dire, selon une lecture des textes (de loi) et en attendant que le président de la République promulgue le décret portant convocation du corps électoral, devant intervenir 90 jours avant le scrutin, il est sûr que, conformément à la loi, les élections devront se tenir avant le 17 mai prochain, date de la précédente législature», a déclaré M. Ouyahia. «Ce sera durant la première quinzaine du mois de mai et vous l’apprendrez exactement dans peu de temps», a-t-il ajouté.

A propos des élections législatives, M. Ouyahia a signalé qu’une délégation d’experts de l’UE se trouvait actuellement en Algérie et devrait rencontrer des représentants de partis politiques, de la société civile et des autorités publiques, en vue d’élaborer un rapport qui sera soumis à Bruxelles et sur la base duquel sera prise la décision définitive concernant la venue d’observateurs européens en Algérie. Le Premier ministre a, en outre, affirmé que les magistrats seront présents à tous les niveaux du scrutin lors des prochaines législatives, précisant que leur rôle de supervision et de contrôle «est déjà défini par la loi».

M. Ouyahia a rappelé à cette occasion que les éléments de l’Armée nationale populaire ne voteront pas dans les casernes, mais avec le reste des électeurs, dans les bureaux de vote, comme c’est le cas depuis 2004. Quant aux bureaux itinérants, il a précisé qu’il n’en restait plus qu’une «centaine» qui permettront aux citoyens des zones reculées du Sahara de voter, affirmant que pour le reste des bureaux, «tout est organisé et transparent». Toujours concernant les législatives, le président du Conseil de la Nation, M. Bensalah, avait annoncé jeudi que le président de la République «convoquera le corps électoral dans quelques jours».

Par ailleurs, interrogé sur un éventuel remaniement du gouvernement avant les prochaines législatives, Ouyahia a indiqué que cette question relèvait «des prérogatives du président de la République». Concernant la demande de certains députés relative à la présentation de la déclaration de politique générale du gouvernement, M. Ouyahia dira que «les députés de l’opposition qui ont demandé la présentation de la déclaration de politique générale du gouvernement à quatre jours seulement de la clôture de la session d’automne, accomplissaient leur rôle d’opposants.