Fondation Matoub: Le décor est planté, le bal commence!

FONDATION LOUNES MATOUB

Le décor est planté, le bal commence !

En Kabylie, depuis quinze ans, à chaque fois que le peuple algérien a rendez-vous avec l’histoire pour une nouvelle « expression démocratique », les ‘’gladiateurs’’ font dans l’agitation. Elle prend encore plus l’allure d’un rituel. La cible est toute désignée, l’invective et la stratégie de déstabilisation aidant la machine infernale s’enclenche. Les sirènes des imposteurs retentissent dans un cycle quasi religieux où s’entremêlent démons et vieux chevaux de retour.

Il apparaît aujourd’hui, et c’est encore plus évident que par le passé, que le destin de cette région est confisqué par une minorité. Elle est composée de la caste ‘’des bunkers’’, de ses valets et d’une partie influente de la diaspora.

Ils font et défont les institutions et autres organisations populaires au gré de leur unique intérêt dans une atmosphère nauséabande.

Tantôt agitant le péril intégriste se l’appropriant comme une machine de guerre, tantôt agitant le péril « dialoguiste » pour justifier la stratégie du pire avec la bénidiction de la hiérarchie institutionnelle .

Au milieu de ce brouhaha, le citoyen étourdi par le quotidien, observe ce bal cynique auquel il a finit par s’habituer en subissant depuis 1988. Comment pourrait-il en être autrement ?

le peuple seul rempart, est malheureusement réprimé toutes les fois dans le sang, cette repression legendaire est versée par certains dans le triste registre de l’amnésie à la grande désolation du citoyen en attente de paix civile.

C’est toujours pendant cette troisième mi-temps qu’on fait admettre la defaite et qu’on négocie la suivante.

Les remords qui devraient peser sur les consciences sont tellement lourds à porter qu’ils pousseraient au suicide.

A défaut, ils condamnent leurs auteurs à une sénilité rangée dans les jupons de la dictature seule voix garante de l’immunité.

Où en est la mémoire de Matoub dans ces fourvoiments ?

« le combat d’un ami on le continue ou on le trahi » (dixit Said Saadi)

Nous avons cheminé ensemble jusqu’à ce jour ;

Que chacun reprenne sa voie à présent.
Je savais que cette heure devait advenir,
Tant et tant m’ont précédé dans cette condition

Votre dessein est visible,
Vous êtes semblables à ceux qui ont fait la ruine ;
Vous avez renié le parti des opprimés,
Vous nous appelez uniquement ces jours de vote
inédit Lounès Matoub juin1998

A Paris la famille Matoub va encore vivre une serie de procès bouleversants l’opposant aux ex députés de la Nation Algérienne et à l’actuel médiateur de la Republique Française , en l’occurrence Said Saadi, Nordine Ait Hamouda et Hend Saadi et ce le 1 décembre 2003 et le 22 janvier 2004.

En Algérie le « casting des élus» continue, le 10 novembre 2003 au tribunal de Tizi Ouzou ça sera au tour du père et du fils Cherbi de Beni-Douala de « subir » encore les aveux extorqués par la police extra-judiciaire.

Quant au procès des véritables éxécutants et commanditaires de l’assassinat de Lounès Matoub il attendra au gré de l’humeur des décideurs …

Pour rappel, la population révoltée par cet ignoble assassinat avait accusé le pouvoir en juin 98. Mais les députés du RCD ont été les premiers à désigner les auteurs de cet acte odieux, qu’ils déclaraient connaître. Selon eux « certains feraient même partis de la région de MATOUB ».

ils avançaient même des allegations funestes comme quoi ils savaient qu’il etait attendu.

Au-delà de ces affirmations, qui précédaient même ABOU HAMZA dans sa revendication du 1er juillet à Londres, la preuve de l’implication de HASSAN HATTAB a été avancée sur la base d’une information reprise dans un journal et exhibé lors d’une émission de la télévision algérienne en mars 2001 en duplex de Paris par des représentants de la coalition gouvernementale de l’époque, s’en suit des vociferation abjectes : « Pourquoi Malika, ne veut-elle pas écouter les aveux fait par HAKIM CHENOUI, un des terroristes de Beni Douala ? ”

Cette insinuation ne vaut-elle pas une inquisition ?

Le fond de cette question est l’objet de toute la machination qui vise à accréditer la thèse plébiscitée par les instigateurs de la trouvaille du personnage alibi.

Il est desormais établi que la gestion politico-médiatique de l’assassinat a bien été le monopole exclusif de ceux que nous avons en face de nous aujourd’hui.la boucle est bouclée…

Les parties civiles au procès d’un assassinat sont juridiquement en droit de déposer toute requête de nature à éclairer l’opinion et contribuer à la manifestation de la vérité.

C’est evidemment de ce droit que la famille MATOUB a usé le 20 décembre 2000 en demandant un complémént d’informations auprès de la cour suprême d’Alger.

En retour nous avons essuyé une fin de non recevoir

A cet effet la famille et la Fondation Matoub interpelle le président de la république.

· Elles lui rappellent ses engagements de faire la lumière sur l’affaire MATOUB.

– la necessité d’une véritable reconstitution des faits en présence des temoins occulaires du drame.

– L’audition des auteurs des déclarations intempéstives quel que soit leurs rangs dans la hérarchie sociale .

– Une véritable étude balistique contradictoire.

– Une véritable enquête judiciaire.

– Jugement et condamnation des coupables et commanditaires.

– L’arrêt imediat « du casting des élus» à l’inculpation.

· L’exigence de vérité doit être partie integrante d’un processus socio-politique visant la réhabilitation de la citoyenneté expurgée de centres de pouvoir occultes.

· La quête de vérité est un préalable incontournable pour le retour de la cohésion sociale ;

· Elle participe de la thérapie déstinée à redonner espoir à la Kabylie et à l’ Algérie toute entière.

L’imposture subie par la Kabylie dure depuis 1989. Elle est incarnée et portée par des groupuscules sociaux- élitistes en quête d’appropriation de parcelles du pouvoir. A cet effet ils usent de méthodes machiavéliques et de plans diaboliques qui ne visent qu’à assouvir des ambitions démesurées qui dépassent l’entendement et les frontiéres géographiques d’une nation réduite à un vécu tragique.

L’agitation et la fièvre s’en emparent à nouveau.

Des menaces émanants de ces groupuscules en quête de virginité politique se précisent.

La mort de Matoub a servi des desseins macabres. Mais sa mémoire et la quête de vérité portée par des citoyens probes font barrage au remake de juin 98. Dagourrou, dagourrou, dagourrou.

Halte, La kabylie n’est pas à hypothéquer !

Je me targue, à raison ! par ma valeur je vous surpasse.
Je vous ai franchi, vous ai depassé ;
La pente à gravir, je la domine contre vous.
Depuis toujours je sais que vous êtes indignes,
Mon sang seul avait trahi ma confiance.
J’ai rapiécé où il ne pouvait avoir raccomodage
Dans l’oliveraie je vous attends.
Que le gagnant emporte la vérité !
inédit Lounès Matoub juin 1998

Taourirt-Moussa le 08 novembre 2003