Rachid Ramda rejugé à Paris pour son implication dans les attentats de 1995

Rachid Ramda rejugé à Paris pour son implication dans les attentats de 1995

AFP, Le Point, 14 septembre 2009

L’islamiste algérien Rachid Ramda est à nouveau jugé à partir de mercredi par la cour d’assises spéciale de Paris. Il avait été condamné à la prison à vie en 2007 pour son implication dans les attentats de 1995 à Paris, dont celui de la station Saint-Michel. Il a toujours nié avoir financé ces actes pour le compte du Groupe islamique armé (GIA) algérien.

Rachid Ramda a fait appel de sa condamnation qui comporte une peine de 22 ans de sûreté. Âgé de 39 ans, il est actuellement incarcéré à Fresnes dans le Val-de-Marne. Il avait été reconnu coupable de complicité d’assassinat et de tentatives d’assassinat pour l’attentat meurtrier du 25 juillet 1995 à la station Saint-Michel, qui avait fait 8 morts et 150 blessés, et deux autres perpétrés en octobre de la même année aux stations Maison-Blanche et Musée d’Orsay, qui avaient fait des dizaines de blessés.

Déjà condamné en 2006 à 10 ans de prison dans le volet délictuel de l’affaire, il avait été en 2002 le grand absent du procès criminel qui s’était soldé par la condamnation à la prison à vie de Boualem Bensaïd et Smain Aït Ali Belkacem, reconnus comme les deux auteurs principaux des attentats. Encore détenu à Londres, où il avait été arrêté le 4 novembre 1995 alors qu’il travaillait au journal Al-Ansar , considéré comme un bulletin de propagande du GIA, il n’avait été extradé de Grande-Bretagne qu’en 2005, au terme d’une longue bataille de procédure.

Un donneur d’ordres ?

Parmi les éléments retenus par l’accusation, une empreinte digitale de l’islamiste a été identifiée sur un bordereau de transfert d’argent à un des poseurs de bombe, à la veille d’un des attentats en octobre 1995. L’homme a reconnu avoir effectué un virement de 5.000 livres sterling à cette date, mais affirmé qu’il ignorait que le destinataire était l’un des poseurs de bombe. L’argent était destiné, selon lui, à payer les avocats de « frères » interpellés lors de coups de filet anti-islamistes en France. Balayant ces explications, l’accusation avait soutenu que Rachid Ramda était le donneur d’ordres pour Boualem Bensaïd et Aït Ali Belkacem, « celui qui motivait les troupes » et l’avait dépeint comme « la courroie de transmission de Djamel Zitouni », le chef du GIA en Algérie.

Lors de ce second procès d’assises, la défense devrait à nouveau plaider la thèse d’une « manipulation » orchestrée par les services secrets algériens de l’époque, qui auraient délibérément mis les enquêteurs français sur de « fausses pistes » pour discréditer, voire éliminer, certains opposants après l’interdiction du Front islamique du salut (FIS) en 1992. « Certes Ramda était membre du FIS et travaillait pour un journal interdit en France, mais ça n’en fait pas pour autant le financier des attentats. Il y a eu de grosses lacunes dans l’enquête », dénonce l’un de ses avocats, Maître Sébastien Bono. Il compte demander le témoignage à l’audience de Jean-Louis Debré, ministre de l’Intérieur de l’époque, qui aurait été mis au courant de ces pratiques du gouvernement algérien.