Travail de la femme rurale à Tizi Ouzou

Travail de la femme rurale à Tizi Ouzou

Engouement pour les petits métiers

El Watan, 23 octobre 2010

Avec le chômage et la cherté de la vie, les petits métiers exercés à domicile connaissent un réel engouement auprès de la gent féminine dans la wilaya de Tizi Ouzou.

Parmi la nouvelle gamme d’activités commerciales pratiquées, le couscous roulé à la main, la galette et les gâteaux traditionnels. Avec leurs propres moyens ou appuyées financièrement par les différents dispositifs de soutien à l’emploi de jeunes, ces femmes sont de plus en plus enclines à investir dans ce créneau, décidément porteur dans la région. En milieu urbain, tout comme dans les villages, les échoppes et les fabriques de pain et de gâteaux traditionnels se multiplient et les exemples de réussite dans ce secteur ne manquent pas. «J’ai exercé seule pendant trois années avant de m’installer avec une amie. Nous nous sommes spécialisées dans la confection des gâteaux traditionnels. Les affaires marchent vraiment bien. Parfois, nous nous retrouvons même débordées par les commandes, particulièrement en été, en raison, notamment, des diverses fêtes (mariages et autres).

L’Angem à la rescousse

Les commandes varient selon le client. En hiver, nous préparons aussi de la galette», dira la gérante de l’établissement Amar, situé à M’douha, au chef-lieu de wilaya. Peu équipées, les deux employées de l’établissement doivent trimer dans leur modeste «cuisine» pour faire face aux frais de location (19 000 DA/mois) et d’achat des ingrédients, de plus en plus chers, mais nécessaires à la préparation des gâteaux. Il faut dire que plusieurs initiatives lancées par des femmes dans cette activité artisanale ont fini par prendre de l’ampleur et devenir, de fait, de véritables microentreprises spécialisées pour certaines dans la fabrication du couscous roulé à la main, à l’image de la maison Couscous El Gherbal de Boghni.

Créée dans le cadre du dispositif de l’Ansej, cette maison emploie actuellement une trentaine de femmes pour spécialement rouler le couscous, une pratique devenue, reconnaît-on, non seulement un créneau créateur de richesses, mais aussi un vecteur de conservation du savoir-faire ancestral, jalousement sauvegardé par ces femmes. D’ailleurs, cette maison a été honorée, le 8 mars dernier, une façon de rendre hommage aux femmes rouleuses du couscous qui y exercent et qui ont su sauvegarder les recettes et les méthodes de confection de ce plat national, en le préservant des aléas de l’industrialisation. C’est du moins ce que défendent ces femmes face à la rude «concurrence» des fabricants de pâtes alimentaires industrielles.

Depuis 2005, la maison Couscous El Gherbal travaille dans la fabrication et le roulement de ce mets qui s’impose à la table algérienne, voire méditerranéenne. Outre ses spécialités très prisées sur le marché national par les consommateurs, El Gherbal (le tamis) a présenté à l’occasion du dernier Salon du couscous sa nouvelle gamme de ce mets en couleur. Dans la réalisation de ses commandes en la matière, cette entreprise travaille surtout avec les grands hôtels touristiques de renommée mondiale, installés dans la capitale et ses environs.

Une autre entreprise, Lahlou en l’occurrence, spécialisée aussi dans le couscous traditionnel roulé à la main, également basée à Frikat (Draâ El Mizan), a innové en lançant de son côté sur le marché plusieurs types de produits traditionnels comme le couscous de blé et d’orge, le berkoukès (petits plombs) et autres spécialités très prisées les unes comme les autres. En 2005, faut-il le rappeler, la maison Lahlou avait même réussi le défi de faire parler du couscous algérien en Italie en décrochant le premier prix du Festival international du couscous à San Vito Lo Capo (Italie) devant un des meilleurs pays, sinon le meilleur, Israël en l’occurrence, dans la confection de ce plat nord-africain particulièrement et méditerranéen en général.

Quelque 4368 microprojets ayant généré 6494 emplois ont été créés dans la wilaya de Tizi Ouzou au titre du dispositif de l’Agence nationale de gestion du microcrédit (Angem) et ce, depuis le début de ses activités en 2005. Le financement pour ce nombre de demandes de prêts a été assuré pour un total de 6116 dossiers déclarés éligibles par la commission compétente au cours de cette période, a indiqué Mme Chouachi Nouara, coordinatrice de l’antenne locale de l’Angem.

74% des bénéficiaires sont des femmes

Elle rassure que le reste des demandes est en cours de financement. Sur le nombre de projets ayant abouti, 1977 ont été initiés dans le secteur de l’agriculture. Le reste des activités est réparti comme suit : services (496), BTP (41) et les gâteaux traditionnels (451). Au total, le nombre d’emplois créés à fin août 2010 s’élève à 6494 postes dont 4814 occupés par des femmes (74%) et 1680 par des hommes (25,88%).

La majorité des bénéficiaires de ces prêts, exonérés d’intérêts, se comptent dans les rangs des femmes au foyer, telles que les tapissières, les potières, les couturières et autres artisanes en butte à des difficultés de financement des approvisionnements en matières premières. Rappelons que 10 entreprises Angem, activant dans la wilaya de Tizi Ouzou, ont été primées pour la qualité de leurs prestations durant le Salon de la microentreprise qui s’est tenu en décembre dernier. Pour la pérennisation de ce type d’activités, l’Angem a initié une formation en techniques de gestion au profit d’une vingtaine de promoteurs. D’autres cycles de formation sont programmés pour des périodes ultérieures pour la consolidation des ressources de ces microprojets.

Selon Mme Chouachi, la direction générale de l’Angem a mis en place tous les moyens pour la réussite du dispositif lancé en 2005. «Nous avons installé un bureau dans chaque daïra pour accompagner, orienter et assister le promoteur. Ce sont nos agents qui déposent les dossiers auprès des banques», ajoute notre interlocutrice. S’agissant des facteurs ayant boosté ce dispositif, la responsable de l’antenne de Tizi Ouzou met en avant l’exonération des porteurs de projets du paiement de la Taxe sur l’activité professionnelle (TAP) et de l’Impôt sur le revenu global (IRG), pour une période variant entre 5 et 10 ans, qu’il s’agisse d’activités de prestation de service ou de production, tel que stipulé par la loi de finances 2009.

A l’effet de promouvoir l’information de proximité en la matière, l’Angem, dont le siège est situé à la cité des Fonctionnaires de la ville de Tizi Ouzou, s’est dotée d’une dizaine de cellules d’accompagnement des postulants à son dispositif.
«Nous organisons régulièrement des journées de vulgarisation de proximité en collaboration avec des comités de village et le mouvement associatif et ce, pour toucher le maximum de chômeurs. Pour les femmes qui ont un savoir-faire dans une spécialité quelconque mais ne possédant pas de justification de travail, nous leur délivrons une validation à la Chambre de l’artisanat et des métiers», souligne Mme Chouachi.

Les chiffres de l’Angem font ressortir un engouement remarquable des jeunes femmes pour ces petits métiers, exercés souvent à domicile.Elles constituent en effet 74% des bénéficiaires de ce dispositif depuis sa mise en œuvre en 2005 jusqu’à la fin du mois d’août dernier, avec plus de 4814 femmes sur un total de 6494 bénéficiaires.
Cet intérêt pour l’Angem est à imputer, nous dit-on, aux dispositions et mesures souples prévues par le dispositif, les avantages et exonération d’intérêts sur les crédits octroyés permettant aux promotrices d’investir dans diverses activités artisanales, telles que la couture, la broderie, le couscous roulé à la main, la galette et gâteaux traditionnels, le tricotage, la poterie et autres.