Création d’une zone africaine de libre-échange fin 2017

Création d’une zone africaine de libre-échange fin 2017

Une opportunité pour l’Algérie

Liberté, 4 juillet 2017

La création d’une zone africaine de libre-échange, attendue pour la fin de l’année 2017, peut constituer une sérieuse opportunité pour que l’Algérie puisse développer davantage ses exportations hors hydrocarbures. Le marché africain peut être porteur pour le produit algérien pour peu que celui-ci soit de qualité et compétitif. Les experts accueillent favorablement cette décision prise par le conseil exécutif de l’Union africaine (UA).
L’économiste Ferhat Aït Ali estime que cette zone est plus opportune pour l’Algérie que la Zale (zone arabe) qui a servi de relais à des produits d’autres régions en dehors du monde arabe. Idem pour le Grand Maghreb alors qu’avec l’Union européenne, l’inexistence d’une industrie et d’une production concurrentielle au niveau local a fait que le flux du commerce dans cette zone était à sens unique au profit des pays du Vieux Continent.
Ce qui fait dire à M. Aït Ali que cette nouvelle zone de libre-échange en Afrique peut être une solution pour que notre pays puisse diversifier son économie et s’affranchir progressivement du secteur pétrolier. Avant de se lancer dans une telle perspective, suggère-t-il, l’Algérie doit arrêter une stratégie adéquate qui lui permettra de reconquérir ce vaste marché continental acquis d’ores et déjà à quelques pays africains, notamment nos voisins.
Dans une première phase, l’expert estime que l’Algérie gagnerait à parapher des partenariats avec des pays occidentaux dans toutes les filières industrielles possibles afin de devenir leur représentant exclusif dans cette zone et commercialiser ainsi leurs produits. Politiques et économistes avouent que cette zone va booster le commerce interafricain et offrir de nouvelles opportunités de progrès à l’Afrique.
L’UA envisage d’ailleurs à ce propos de doubler le volume actuel du commerce interafricain de 14 à 28% d’ici à 2021, dans le cadre de ce projet continental. Le volume commercial actuel entre les pays africains reste très bas. La Zlec qui sera en place dès octobre 2017, va réunir 54 États et un PIB agrégé de 3 400 milliards de dollars. La zone garantira la libre circulation des personnes et des biens ainsi que des capitaux et, partant, augmentera la compétitivité des entreprises. Les États membres ont décidé, fin février, de démanteler entre
85 et 95% des barrières douanières dans une période de 5 à 10 ans. L’Algérie doit, de ce fait, saisir cette occasion pour la relance de son économie en dehors des hydrocarbures en encourageant plus les exportations.
Des facilitations à l’export sont certes introduites par l’État, mais la problématique des exportations doit être encore à aborder. Les orientations du chef de l’État visant à booster l’acte d’exporter en dehors des hydrocarbures ne sont pas, constatent les spécialistes, visibles sur le terrain. En termes plus clairs, la tendance consistant à diminuer les importations et à augmenter les exportations n’a pu être inversée. L’Algérie est quasiment importatrice des productions manufacturières.
Ce qui l’empêche d’être compétitive sur les marchés étrangers. Notre pays a besoin d’un diagnostic qui lui permettra de se positionner par rapport à la concurrence mondiale. L’État doit ôter l’épée de Damoclès suspendue au-dessus de la tête des exportateurs. Le président de l’Association nationale des exportateurs algériens (Anexal), Ali Bey Nasri, estime que le gouvernement doit consolider le noyau composé de 722 exportateurs qui réalisent des opérations dans certaines filières depuis quelques années déjà. “Nous sollicitons une réactivité de la part des pouvoirs publics et nous souhaitons davantage de mesures de facilitations à l’export”, indique M. Nasri. Ce qui chagrine le plus le président de l’Anexal est l’obsolescence de la réglementation des changes qui, soutient-il, a besoin d’une mise à niveau à même de l’adapter aux standards internationaux. Des entreprises sont, selon lui, en train d’acquérir des marchés à l’international mais “on ne sait pas encore faire”.
Les instruments liés au financement à l’étranger et la réglementation qui régit l’investissement à l’international “brident” les investisseurs, déplore-t-il. “Il faut libérer l’exportateur algérien”, a déclaré M. Nasri. Le premier responsable de cette organisation avoue qu’une stratégie d’ensemble avec une coordination étroite entre tous les intervenants dans l’acte d’exporter est indispensable. L’Algérie a besoin de ce qu’il appelle un “outil de pilotage du commerce extérieur”.

B. K.