Au sud du pays, 40 % des enfants de moins de 5 ans souffrent de malnutrition

Alors que la création d’un observatoire national de nutrition se précise

Au sud du pays, 40 % des enfants de moins de 5 ans souffrent de malnutrition

par Nassima Oulebsir, Le Jeune Indépendant, 18 octobre 2005

L’Algérie doit disposer d’un observatoire national de nutrition qui aura pour mission l’élaboration d’études et d’enquêtes nationales au niveau des foyers. Il constituera une référence pour les programmes nationaux de santé ainsi qu’un outil d’évaluation de l’état de la population en matière de nutrition.

Il s’agit d’une recommandation des intervenants à la journée d’études tenue, hier à Alger, à l’occasion de la Journée mondiale de l’alimentation. Cette démarche s’avère plus que nécessaire dans la mesure où les chiffres avancés par les différentes institutions nationales et internationales se contredisent.

Cette recommandation énoncée particulièrement par la Forem vise à cerner les statistiques sur l’état nutritionnel des Algériens. Aucune enquête nationale portant sur la population n’a été menée depuis 1987, affirme-t-on. Même si les chiffres diffèrent, la malnutrition de milliers d’Algériens est une réalité, selon M. Khiati, président de la Forem.

Celui-ci révèle, selon une étude effectuée récemment, que 40 % de nos enfants de moins de 5 ans, notamment dans les wilayas d’Adrar et de Timimoun ainsi que dans la commune de Charouin présentent des indices de plusieurs pathologies dues à la malnutrition.

Pis encore, le programme national du ministère de la Santé ne peut être appliqué puisque, affirme-t-il, une quinzaine de wilayas, à l’exemple de Djelfa, Tamanrasset, Tindouf, Naâma et Illizi, ne disposent pas de spécialistes de la santé publique. Les habitants de ces wilayas souffrent particulièrement d’absence de gynécologues, de pédiatres et de cardiologues.

Notre interlocuteur recommande l’instauration de mesures incitatives en faveur des spécialistes, afin de les amener à travailler dans ces wilayas. «Nous devons trouver de nouvelles formules, préconise-t-il, pour combler le vide dans les structures de la santé publique.» La couverture des besoins nutritionnels dans notre pays est faible, comparativement à nos voisins marocains et tunisiens.

En termes de chiffres, la production de céréales, selon la FAO, couvre seulement 28 % des besoins contre 49 % au Maroc. En matière de sucre, la production est insignifiante par rapport à celle du Maroc (51 %). La production en huiles végétales couvre les besoins de 15 % seulement de la population, alors qu’elle est de 52 % en Tunisie.

Selon le rapport du PNUD, qui considère que la pauvreté absolue est de vivre avec moins d’un dollar par jour, 14 % de la population algérienne, soit 4,5 millions de personnes, est pauvre. 67 % des bénéficiaires du filet social consacrent la totalité de leurs indemnités aux dépenses alimentaires, selon le CENEAP (Centre national d’études et d’analyses pour la population et le développement).

N. O.