Bouteflika lors lors du Conseil des ministres sur la grève générale

Intervenant lors du Conseil des ministres sur la grève générale

Bouteflika : il y a des ministres qui en tirent profit

Par Sihem H.; Le Jeune Indépendant, 24 février 2003

Le président de la République s’est attaqué, lors du dernier Conseil des ministres, à certains membres du gouvernement de Benflis, sans pour autant les citer nommément, les accusant de «tirer profit» de la grève générale de deux jours prévue pour demain à l’appel de l’UGTA.

Selon des sources crédibles, M. Bouteflika n’y est pas allé, mercredi dernier, avec le dos de la cuillère pour rappeler à l’ensemble des ministres qu’il fallait assumer ses «véritables responsabilités» et «mettre de côté leurs intérêts personnels» en ce qui concerne cette grève. Dans son intervention, le chef de l’Etat s’en est pris aux ministres qui, «de manière outrancière, font primer leurs propres dividendes sur celles de la cité». A cet effet, le premier magistrat du pays a appelé fermement les ministres à réduire autant que possible, chacun dans son secteur, les conséquences, notamment économiques, de la grève. Dans ce contexte, les membres du gouvernement ont été instruits pour éviter toute paralysie du pays comme le visent les initiateurs de ce débrayage, au «détriment de la bonne marche des affaires du pays».

Bouteflika qui, selon la même source, a passé «à la hâte» l’ordre du jour de ce Conseil, a saisi cette occasion pour remettre les pendules à l’heure et donner l’image d’un Président qui est très au fait de ce qui se trame dans les différents départements ministériels et les rouages du pouvoir. C’est sans doute aussi ce qui explique la programmation «inattendue» du Conseil des ministres, au point où certains ministres ont même été obligés de modifier leur agenda pour répondre à la convocation du Président. Bouteflika voulait, vraisemblablement, donner les orientations nécessaires aux ministres, afin de juguler autant que possible le débrayage qui aura lieu en son absence. En effet, le Président a, après la tenue de ce Conseil, repris son bâton de pèlerin en direction de Paris puis de Kuala Lumpur pour participer au sommet France-Afrique et à celui des pays non alignés. M. Bouteflika voulait, par ces orientations, user de tous les moyens en sa possession pour apaiser la fronde sociale exprimée à travers le mot d’ordre de l’UGTA suivi du SNAPAP. Bouteflika, à qui l’on prête l’intention de se présenter pour un second mandat, semble décidé à lever tous les obstacles qui entraveraient sa stratégie de se maintenir aux commandes du pays.

D’autant plus que la plupart des projets qu’il avait promis de mener à bien, au lendemain de son investiture à la tête de l’Etat algérien, n’ont toujours pas connu leur concrétisation.

A cela s’ajoute la crise en Kabylie qui dure depuis presque vingt-deux mois sans qu’aucune solution adéquate n’ait été trouvée. S. H.

Le PT soutient l’UGTA : Temmar, Khelil, Boukrouh et Louh ont les mêmes objectifs que Bush

Le Parti des travailleurs a exprimé son soutien à la grève de deux jours prévue par l’UGTA à partir de demain. Le parti de Louisa Hanoune considère, dans un communiqué rendu public, qu’en plus de la légitimité incontestable des revendications socio-économiques, «cette grève générale participe de la légitime défense, de la préservation de la République une et indivisible contre les plans dévastateurs qui menacent les bases matérielles de la nation, son unité et son intégrité». Le PT estime qu’à travers «les licenciements, la déréglementation, la contractualisation, le plan de régionalisation et le projet de généralisation des zones franches, c’est la désintégration de l’UGTA qui est programmée pour détruire l’unité des travailleurs».

Il considère que la grève des 25 et 26 février participe de la lutte contre l’exploitation, car les plans des ministres Khelil, Temmar, Boukrouh et Louh visent les mêmes objectifs que ceux pour lesquels Bush prépare la guerre contre l’Irak. A. G.

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Le Syndicat des travailleurs de l’éducation

«Ce sera un échec !»

Par Nabila K.

«Sidi-Saïd n’arrachera rien au gouvernement. La grève générale que l’UGTA a décidé d’organiser sera forcément un échec, même si cette dernière réussira à paralyser tout le pays.» C’est en ces termes que le secrétaire général du SNTE (Syndicat national des travailleurs de l’éducation), M. Mohamed Benoui, a qualifié l’action devant être menée par la centrale syndicale, lors d’un point de presse tenu hier à Alger.

Rappelant que son mouvement syndical ne participera pas à la grève générale, M. Benoui qualifiera celle-ci de grève politique. «Le SNTE estime que le mouvement de protestation n’est que politique. Il est loin d’être un combat pour la cause des travailleurs. C’est un conflit entre Sidi-Saïd et le président Bouteflika», a-t-il souligné, arguant que lorsque où la centrale syndicale a organisé des mouvements de protestation, elle cette dernière n’a pas réussi à forcer les pouvoirs publics à accepter les revendications légitimes des travailleurs. A ce propos, il dira : «Nous refusons que l’enseignant soit l’otage des intérêts personnels ou des conflits.»

M. Benoui lancera, en outre, un appel à tous les travailleurs de l’éducation adhérant au SNTE de ne pas suivre le mot d’ordre de l’UGTA. Dans ce contexte, il précisera que le syndicat qu’il dirige exigera du ministère d’envoyer des directives aux différents établissements les incitant à laisser les portes des écoles ouvertes. Le premier responsable du SNTE ne niera pas, toutefois, que son mouvement ne sera pas surpris si ces portes seront fermées et que ses adhérents seront sommés de suivre la grève contre leur gré. «Notre administration n’a jamais été neutre. On espère que cette fois-ci elle le sera», a-t-il déclaré. N. K.