Des demandeurs de logements paralysent la ville

CONSTANTINE

Des demandeurs de logements paralysent la ville

Le Soir d’Algérie, 29 décembre 2015

C’était la paralysie, presque totale, hier au niveau de tous les accès de Constantine. Le centre-ville n’a pas été épargné au même titre que les petites ruelles de la cité qui permettaient quelques échappatoires aux plus téméraires, mais en vain, puisque tout le monde devait patienter au moins deux, voire trois heures pour rentrer chez lui.
Un cauchemar que celui qui a été vécu, hier par une population qui ne comprenait pas toute cette immobilisation, mais le bouche à oreille a fini par livrer les dessous de l’embouteillage. Il s’agit, en effet, d’une énième obstruction de la route au niveau de la cité Boudraâ-Salah, précisément au niveau du grand rond-point de cette cité, où des habitants n’ont pas trouvé mieux que de barrer la route, les motifs restent les mêmes : l’octroi de logements sociaux.
«Nous sommes presque deux cents familles auxquelles on a promis un relogement avant la fin de l’année en cours, mais à notre grand étonnement, nous ne figurons sur aucune des listes des futurs acquéreurs et en barrant la route, nous estimons que c’est pour nous le dernier recours . En fait, ces derniers, squatteurs des immeubles de la cité Boudraâ-Salah pour certains et dont les authentiques occupants ont déjà été relogés, estiment qu’ils n’ont pas eu un autre choix que de les réoccuper. Jugés inhabitables et même proposés à la démolition, ces immeubles sont restés à l’abandon devenant un lieu de prédilection des délinquants de tout bord. La responsabilité des autorités locales étant pleinement engagée dans cet état de fait qui a généré non seulement une gêne insupportable pour les riverains mais aussi, mis mal à l’aise les services de sécurité. Et il fallait s’attendre à une telle situation, fort déplorable, qui a mis dos à dos les responsables locaux et les occupants de ces habitations, bernés semble-t-il par de fausses promesses. Une situation qui a connu une véritable confrontation avec les services de sécurité, venus en renfort pour atténuer une crise qui aurait pu déraper gravement. Selon la cellule de communication de la Sûreté nationale, il n’y avait qu’un seul blessé dans les rangs de la police, mais aussi plusieurs arrestations dans le camp des émeutiers, sauf qu’aucun chiffre ne nous a été communiqué. Du côté du chef de daïra, Mohamed Taleb, ce dernier reconnaît la gravité de toute cette agitation, notamment cette prise en otage de toute une ville par des demandeurs de logements sociaux, en barrant les accès de la ville, un procédé banni par les lois et règlements de la République, selon ses propos : « C’est regrettable que d’arriver à ces situations et porter atteinte à la liberté d’autrui en bloquant toute une ville. Ces demandeurs de logements, je les ai reçus à trois reprises pour leur expliquer clairement qu’ils font partie de la deuxième génération, voire la troisième pour certains d’entre eux et qu’à ce titre, l’octroi d’un logement n’est pas si automatique que cela, à plus forte raison que leurs parents ont bénéficié de logements.»
Une manière de dire que des listes sont déjà faites selon des enquêtes et des formalités réglementaires et qu’il ne peut y avoir de dérogations pour faire bénéficier certains au détriment d’autres.
Allant plus loin dans son intervention, notre interlocuteur nous avoue qu’il ne peut se plier à cette pression et à toutes ces menaces car il est question de respect des lois de la République et partant de la tranquillité des citoyens.
Regrettant toute la gêne qui a caractérisé Constantine, la veille, ce dernier ne manquera pas d’évoquer tous les efforts consentis par l’Etat en matière de relogement d’une grande partie de la population mais en respectant des procédures, le but étant de disqualifier tous ces fraudeurs qui empiètent dans la distribution de logements sociaux, sources d’une grande injustice que le citoyen ne cesse de dénoncer.
N. Benouar