L’année sociale

L’année sociale

El Watan, 8 janvier 2010

Sur le pavé

Les médecins spécialistes et généralistes de la santé publique ont ouvert le bal en cette nouvelle année par des mouvements de grève. Et on peut compter sur la fermeté du docteur Mohamed Yousfi, à la tête du Syndicat national des praticiens spécialistes de la santé publique (SNPSSP), pour exiger la promulgation du statut particulier négocié avec la tutelle début 2008. Avec à ses côtés Lyès Merabet, secrétaire général du Syndicat national des praticiens de la santé publique (SNPSP). Tous les deux exigent des négociations sur le dossier du régime indemnitaire et son application avec effet rétroactif à partir de janvier 2008, ainsi que la reconnaissance du syndicat comme partenaire social à part entière. Autre tête d’affiche 2010 : le leader de l’Unpef (éducation), Sadek Dziri qui a annoncé la couleur en s’opposant énergiquement à la suppression de la retraite anticipée qui entrera en vigueur à partir de 2010. Pour ce syndicaliste, trente ans de travail suffiront pour que l’enseignant parte en retraite tout en exigeant une retraite à 100%. Le même syndicat haussera certainement le ton en n’écartant pas le recours à une grève ouverte. Aussi déterminé, Idir Achour, du CLA (Conseil des lycées d’Algérie) entamera l’année 2010 par une assemblée générale extraordinaire le 15 janvier.

Du nouveau dans l’éducation

Les candidats au bac vont devoir accélérer la cadence. Le bac 2010, prévu pour le 13 juin, pourrait être avancé d’une semaine à cause de l’agenda de la Coupe du monde qui verra la participation de l’équipe nationale. La décision définitive n’est toujours pas prise, et le ministre de l’Education nationale n’écarte pas cette éventualité mais le dernier mot revient au président de la République. Une année qui s’annonce riche en défis pour Boubekeur Benbouzid, le ministre qui table encore une fois sur un taux de réussite de 70% au bac en attendant l’application pour la première fois de l’approche par compétence à la prochaine rentrée scolaire 2010-2011. Une méthode reportée à maintes reprises et réfutée par les candidats eux-mêmes. Le ministre verra certainement les parents d’élèves et les syndicats s’opposer à sa décision du fait surtout qu’il a promis de poursuivre en justice les parents qui ne scolarisent pas leurs enfants. Une première en Algérie à partir de cette année. A la fin du mois de mars prochain, les différentes APC rendront compte aux directions d’éducation des listes des enfants âgés de 6 ans et plus. A leur tour, les directions d’Education vérifieront s’ils sont ou non sur leur fichier national des scolarisés.

Les dossiers des travailleurs

Pour tous les Algériens qui envisagent de devenir propriétaires, 2010 sera l’année ou jamais : car au premier trimestre, entre en application le crédit immobilier à des taux bonifiés entre 1 à 3 % (une fois les textes d’application achevés). Mais la suppression de la retraite anticipée, décidée à la tripartite de décembre 2009, est un coup très dur à supporter pour les travailleurs. Si les syndicats comptent cette année exprimer leur désaccord sur cette mesure, il est peu probable que le gouvernement revienne sur sa décision. Enfin, le dossier des allocations familiales reste toujours ouvert. Le gouvernement a accordé un sursis aux entreprises en acceptant de payer les allocations cette année en attendant les propositions et les conclusions du groupe de travail mixte qui seront soumises à la prochaine tripartite. Concernant les statuts particuliers, 36 sont d’ores et déjà prêts au niveau de la direction de la Fonction publique et 32 ont été adoptés par le gouvernement. Le très attendu, le code du travail, sera, quant à lui, adopté cette année.

Agenda chargé

Sur le bureau du Parlement : une liste de dossiers en stand-by. Un projet de loi organique, visant à mettre en application les dispositions de l’article 31 bis de la nouvelle Constitution – adoptée en novembre 2008, devrait voir le jour en janvier. Cette loi permettra de concrétiser le système des quotas, qui devrait être de 30%, pour permettre une représentation plus équitable des femmes en politique. S’agissant des enfants, un projet de loi relatif à leur protection sera examiné en Conseil des ministres avant d’être soumis au Parlement pour adoption. Il porte, entre autres, sur la limitation de l’âge minimum de la responsabilité pénale à 10 ans, une large protection sociale de l’enfant et sa protection judiciaire. Au mois de février, c’est le projet de loi sur la protection des personnes âgées qui sera présenté en Conseil des ministres. Le texte oblige les enfants à prendre soin de leurs parents, à ne pas les chasser de leur maison ou les placer dans les centres pour personnes âgées sous peine de sanctions allant jusqu’à l’emprisonnement. Les maux de la colonisation ressurgissent avec un projet de loi incriminant le colonialisme français en Algérie qui vient d’être finalisé par un groupe de députés l’Assemblée populaire nationale. Comme le veut la coutume, aucune date n’a été arrêtée pour la soumission au vote de ce dossier historique.

Y’a de la grève dans l’air

Les différents représentants des travailleurs se préparent pour 2010, une année où la contestation ne devrait pas faiblir. Le mouvement de protestation à la SNVI à Rouiba a contaminé la zone industrielle où les grévistes réclament la tête de Sidi Saïd. Les chauffeurs de taxi sont décidés à donner de la voix à partir du 25 janvier, si leurs desiderata ne sont pas satisfaits. Les vétérinaires, à leur tour, menacent de recourir à la grève si leur statut particulier, actuellement au niveau de la Fonction publique, ne tient pas compte de l’article concernant la rétroactivité des régimes indemnitaires. Pour attirer l’attention des pouvoirs publics, le Syndicat national algérien des psychologues (Snapsy) à l’instar de la santé, organisera deux sit-in mardi, à 10 h devant le siège de la direction de la Fonction publique, pour converger au ministère de la Santé à 13h. Leurs contestations ont trait au statut particulier des psychologues. Par ailleurs, le secteur roi des mouvements de débrayage connaîtra lui aussi une année mouvementée, si l’on se réfère aux résolutions du Syndicat national autonome des professionnels de l’enseignement secondaire et technique (Snapest). Ayant déjà tracé une feuille de route pour 2010, le syndicat en question laisse son conseil national en session ouverte en attendant l’écho du gouvernement suite à leur grève observée en novembre 2009.

Par LamiaTagzout , Nassima Oulebsir