120 médicaments en rupture de stock

Tension sur les produits de substitution

120 médicaments en rupture de stock

par Moufida R., Le Quotidien d’Oran, 25 octobre 2009

Le Syndicat national des pharmaciens d’officines (Snapo) a dressé, le 13 du mois courant, une liste exhaustive de plus de 120 médicaments en rupture de stock depuis le 8 du même mois. Cette liste, dont nous détenons une copie, énumère avec force détails les conséquences de la pénurie qui dure depuis pratiquement deux mois et qui revient de façon cyclique ces dernières années. L’entité syndicale alerte sur une réelle tension sur les produits de substitution ou les produits équivalents qui sont donnés aux malades quand le médicament prescrit vient à manquer. Ainsi, le Snapo précise dans un document que « lorsqu’une marque d’un médicament disparaît du marché, toute la tension se répercute sur les autres marques équivalentes qui, par conséquent, ne suffisent plus à honorer la demande et induit la rupture de ces autres marques équivalentes ». « Le même phénomène, poursuit le document, est observé lorsqu’un conditionnement ou un dosage disparaît du marché, la demande augmente alors sur les autres présentations, conditionnements et dosages. Ce qui engendre des tensions et des ruptures ». Le Snapo donne l’exemple du Paracétamol en sachets et Ranitidine B/16 en expliquant que si la boîte de 60 n’est pas disponible, elle entraîne la rupture de la boîte de 30 par augmentation de la demande. Le document ajoute qu’ « il existait une variété, et on ne trouve plus que deux spécialités actuellement ». Selon le Snapo, les médicaments en rupture de stock touchent toutes les catégories de maladies et même les maladies chroniques sont concernées. Il donne l’exemple du Largactil cps (comprimés) 100 mg et Nozinon 25 cps et son générique. Lysanxia, un psychotrope accuse également un manque, même chose pour le Tegretol en sirop qui est prescrit pour les épileptiques, Fungysone, une lotion buccale pour les aphtes des enfants et des nourrissons, Thiorphan, enfants et nourrissons pour diarrhées aiguës le Valium en gouttes et sirop, un anticonvulsif pour les enfants et les nourrissons. Ainsi que trois médicaments pour les malades du coeur et de l’hypertension artérielle à savoir le Coravasal 2 mg et son générique, le Tahor en comprimés et l’Amlor également en comprimés. Certains antibiotiques comme Cefacet en sachets, l’Urobacid et Thiphenicol en comprimés. Le Snapo constate que «la Glycérine en suppositoire est absente sur le marché. Elle est utilisée pour traiter la constipation des nourrissons en précisant « qu’aucun équivalent n’est disponible sur le marché, alors que microlax ou norgalax pour nourrissons et même pour adultes ne sont plus disponibles et ce, depuis des années». Les insuffisants respiratoires souffrent aussi du manque de Theophylline en comprimés (100, 200 et 300). Le paracétamol en sachets pour enfants et nourrissons n’est pas non plus disponible. Le syndicat indique que «suite à la rupture du doliprane, l’opérateur national fabriquant du Sapramol n’arrive plus à honorer la demande avec les dosages habituels, 100, 150, 200 et 300 mg donc même le sapromol est en rupture».

L’Union nationale des opérateurs de la pharmacie (Unop) a de son côté alerté les autorités sur une rupture de stock touchant encore plus de produits pharmaceutiques d’ici fin novembre, conséquence de l’instauration du crédit documentaire. Mercredi dernier, le réseau des associations des maladies chroniques a dénoncé les pénuries fréquentes de médicaments qui sont essentiels pour la survie des malades et le risque de rupture d’approvisionnement. Le ministre de la Santé, de la population et de la réforme hospitalière a, quant à lui, nié en bloc, l’existence de pénurie. Saïd Barkat a affirmé jeudi dernier, en marge de la session plénière de l’APN qu’«il n’y a pas un seul médicament qui manque, notamment les médicaments de traitement du cancer ou des maladies chroniques». En soutenant que «le traitement nécessaire aux malades souffrant de ces maladies est disponible pour plusieurs mois». «Il faut, a-t-il conseillé, orienter vers les produits qui ne coûtent pas cher et qui sont efficaces et bons pour le malade et l’économie nationale».