Sellal à l’écoute des chefs d’entreprise

Assouplissement des procédures administratives et bancaires

Sellal à l’écoute des chefs d’entreprise

El Watan, 24 novembre 2012

Le Premier ministre a réuni, jeudi dernier, les organisations patronales, entre autres le FCE, l’UNEP, la CAP et la CGEA, l’UGTA et plusieurs membres du gouvernement, ainsi que le gouverneur de la Banque d’Algérie, Mohamed Laksaci. Abdelmalek Sellal demande la participation de tous les acteurs de l’économie nationale pour mettre en pratique son plan d’action. Il veut rester optimiste et mise tout pour un «pacte de croissance» pour l’année 2013.

Après une année 2012 marquée par un minable taux de croissance de 2,5% et un taux d’inflation de 9,38% qualifié de «choquant» pour l’économie algérienne, le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, veut rester optimiste et mise tout pour un «pacte de croissance» pour l’année 2013. C’est la raison pour laquelle il a réuni, jeudi dernier, à la résidence El Mithak, d’un côté les organisations patronales, entre autres le Forum des chefs d’entreprises (FCE), l’Union nationale des entrepreneurs publics (UNEP), la CAP et la CGEA, de l’autre l’Union générale des travailleurs algériens (UGTA) et plusieurs membres du gouvernement ainsi que le gouverneur de la Banque d’Algérie, Mohamed Laksaci.

Le Premier ministre demande la participation de tous les acteurs de l’économie nationale pour mettre en pratique son plan d’action. «L’entreprise est la principale source de création d’emplois, de richesses, de développement et de croissance», a-t-il dit. Seulement, l’Algérie n’en possède qu’à peine 700 000, la plupart dans le commerce, et ce n’est sûrement pas avec un tel retard que l’économie peut reprendre sa croissance. M. Sellal, lui-même, doit savoir que la tâche est ardue, puisqu’il brosse un tableau peu optimiste de la situation. Selon lui, 15% des entreprises algériennes sont connectées à internet et 9% seulement ont une adresse électronique, mais sans jamais y mettre un catalogue de leurs produits. Un indice de taille et largement suffisant pour connaître que notre machine économique traîne la patte en négligeant un des plus importants facteurs de développement, en l’occurrence les nouvelles technologies. Mais le plus grand handicap qui entrave l’émergence d’une réelle économie de production, ce sont les pesanteurs bureaucratiques. M. Sellal en parle sans complexe et affiche la disponibilité de son gouvernement d’alléger les lourdeurs qui freinent l’acte d’investir avec une batterie de mesures à même d’assouplir les procédures bancaires. «Quand on fait un retrait, le banquier te demande : que feras-tu avec cet argent ? Lorsqu’on ouvre un compte, il faut 5 ou 6 documents et on exige l’extrait de naissance n°12; pour quelqu’un qui est né à Tamanrasset, ce n’est pas évident», affirme le Premier ministre, qui promet plus de souplesse en la matière tout en maintenant la prudence.

«La règle des 51/49% et le crédoc sont un faux débat»

Se disant pragmatique, M. Sellal compte passer à l’action pour fluidifier les procédures bancaires et le secteur financier trop marqué, selon ses dires, par le «syndrome Khalifa». «Nous n’avons plus de temps à perdre», soutient-il en relevant que l’Algérie a un potentiel et se doit de sortir du paradoxe d’une bonne santé macroéconomique, alors que rien ne va par ailleurs. Comment ? Le Premier ministre insiste sur la lutte, ensemble, contre la sédimentation bureaucratique qui paralyse l’économie en levant un à un les verrous. Sauf que pour lui, la règle des 51/49% imposée à l’investissement étranger en Algérie n’en constitue pas un. De même que le crédoc, bien qu’il concède que ce dernier doit être allégé pour les très petites entreprises. M. Sellal est convaincu que cela ne constitue pas un frein. La preuve : le projet de l’aciérie de Bellara entre les Qataris et Sider et celui de l’usine de construction de voitures à Oran entre Renault et la SNVI. «C’est un faux débat», a souligné le Premier ministre, qui appelle à la mobilisation de tous pour faciliter le climat des affaires et l’acte d’investir. «Nous n’avons plus le droit de rester là où on est», a dit M. Sellal, qui a demandé aux patrons de lui dire «où ça cale».

Les gestionnaires publics et le secrétaire général de l’UGTA, Abdelmadjid Sidi Saïd, plaident pour la dépénalisation de l’acte de gestion. Les patrons privés préconisent, entre autres, la lutte contre le marché informel plutôt au niveau du container qu’à celui du petit vendeur, qui empêche l’épanouissement des entreprises nationales et entrave l’acte d’investir même pour les étrangers. Ce qui accentue encore les difficultés des entreprises algériennes à placer leurs produits à l’international, c’est aussi le fait que le pays n’a pas encore adhéré à l’Organisation mondiale du commerce (OMC). M. Sellal apparaît scandalisé par cette situation en disant : «Nous sommes un des tout derniers pays, aux côtés de la Corée du Nord, à ne pas faire partie de cette organisation.» Selon lui, «les adhérents trouvent toujours le moyen de protéger leurs économies». Une thèse que défendra également le patron du FCE, Réda Hamiani, qui pense que la concurrence des produits étrangers stimulera les entreprises algériennes pour produire de la qualité. En fait, tout est dans cette réponse de M. Sellal à Sidi Saïd, qui prône un protectionnisme total en revenant à la création d’unités de commercialisation du produit national : «Vous voulez qu’on revienne à l’Onaco, mon frère !»

Pour réussir son pacte de croissance, le Premier ministre a donné des gages de confiance sans laquelle tout est voué à l’échec. Il a promis de les prendre en compte lors d’une prochaine réunion du gouvernement. Mais d’ores et déjà, il a donné le signal, comme pour rompre avec des décisions prises précédemment, aux entreprises publiques de réintégrer le FCE.
Said Rabia