Du rififi sous les hauts-fourneaux d’El-Hadjar : La BEA ne donnera pas 700 millions $ à ArcelorMittal

Du rififi sous les hauts-fourneaux d’El-Hadjar

La BEA ne donnera pas 700 millions $ à ArcelorMittal

par Salem Ferdi, Le Quotidien d’Oran, 4 juin 2013

La «feuille de route» pour un plan de développement d’El-Hadjar prévoyant un crédit de 700 millions de dollars de la BEA est démentie. Une source «proche du dossier» précise qu’il reviendra à ArcelorMittal de «mettre la main à la poche».

Rien n’est jamais simple sous les hauts-fourneaux d’El-Hadjar. Il y a quelque jours, les journaux algériens ont été rendus destinataires de la part d’une source jugée généralement très fiable pour ce qui concerne la vie du complexe sidérurgique d’un document faisant état d’un accord entre ArcelorMittal et le groupe public Sider sur une feuille de route prévoyant une renationalisation-recapitalisation selon la 51/49 entraînant une injection de cash de 156 millions de dollars, 100 millions pour Sider et 56 millions pour ArcelorMittal. Mais le plus important était l’assurance qu’un plan de développement pour porter la capacité de production du complexe à 2,2 millions allait recevoir un financement de «700 millions de dollars de la Banque extérieure d’Algérie (BEA) sur la base d’un échéancier et en fonction de la réalisation du plan 2014/2017».

Une source «proche du dossier» citée par l’APS a brouillé littéralement cette feuille de route. Selon elle, il n’existe aucune négociation avec la BEA pour l’octroi d’un crédit de 700 millions de dollars à ArcelorMittal. «La BEA n’a été ni approchée par AreclorMittal» et elle n’a pas «entamé de discussions sur tel crédit», indique la source. Cette information est «dénuée de tout fondement». Et si ArcelorMittal veut financer le développement du complexe d’El-Hadjar, il devra «mettre la main à la poche» en apportant de l’argent frais pour le financer. Il faut préciser que ce n’est pas ArcelorMittal qui a envoyé la «feuille de route» aux journaux même si le démenti semble lui être adressé. L’autre constat est que la source proche du dossier parle surtout du crédit de la Banque extérieure d’Algérie – il est vrai l’élément le plus important de cette présumée feuille de route – mais ne se prononce pas sur la véracité ou non du projet recapitalisation-renationalisation sur la base du 51/49%. La source «proche du dossier» – probablement la banque publique elle-même – a rappelé la «démarche rigoureuse» de la BEA qui avait exigé en 2011 des garanties financières pour accorder à ArcelorMittal une ligne de crédit de 14 milliards de DA, qui sera ensuite transformée en tranches d’augmentation de capital. «Une solution innovante pour renforcer le capital d’El-Hadjar, compte tenu de la fragilité financière et des déséquilibres qui caractérisent la filiale algérienne du géant sidérurgique», indique la source.

UNE FEUILLE DE ROUTE POUR FAIRE PRESSION ?

On se souvient que le syndicat d’entreprise avait pris à partie la BEA pour avoir refusé d’octroyer le crédit et il avait fallu l’intervention d’Ouyahia pour dissuader le syndicat de jouer ArcelorMittal contre la BEA qui estimait avoir le droit d’exiger des garanties, au moins égales à celles octroyées par le géant mondial à Société Générale. Ahmed Ouyahia avait défendu la BEA en déclarant pourquoi «on donne des garanties à Société Générale et non pas à la BEA. Pourquoi je donnerai un crédit sans garanties à un étranger pour la simple raison qu’il me menace avec les six mille travailleurs algériens». La sortie de la «source proche du dossier» semble suggérer que la diffusion de la «feuille de route» est une forme de pression exercée sur la BEA alors que rien n’a été discuté et qu’un crédit est toujours dépendant des garanties. Au passage, la source proche du dossier ne doute pas de la capacité de Sider à apporter sa part d’argent frais sans recourir à des crédits bancaires, ce qui ne serait pas le cas d’Arcelor Mittal.

Celui-ci «aura besoin d’injecter de l’argent frais et éventuellement recourir à des crédits bancaires, ce qui n’est pas le cas, alors que le CPE s’apprête à examiner son plan de développement».