La production de lait à l’arrêt

A PARTIR D’AUJOURD’HUI

La production de lait à l’arrêt

Le Soir d’Algérie, 10 décembre 2007

Le lait en sachet ne sera plus disponible à partir d’aujourd’hui. Et pour cause, les principaux producteurs privés, dominant le marché de la production locale, ont décidé de geler, dès aujourd’hui et pour une période indéterminée, leur activité, à savoir la production du lait pasteurisé en sachet.
Rosa Mansouri – Alger (Le Soir) – Dans un document remis hier à notre rédaction, les producteurs, au nombre de vingt, expliquent les véritables raisons de cette décision et les problèmes récurrents que rencontrent les professionnels de la filière lait. Menaçant, il y a près d’une année de faire grève, suite à la rupture de leur stock, due à la hausse des prix du lait en poudre sur le marché mondial, ces producteurs ont dû renoncer à leur menace après que l’Etat ait décidé de subventionner directement l’importation de la matière première et par là, pallier les pertes subies par les producteurs. Cette mission a été ainsi confiée à l’organisme Onil (Office national de l’importation du lait) qui devait, dès lors, prendre en charge l’importation et la distribution des matières premières aux producteurs de lait. Il a été convenu, par ailleurs, que la subvention en question ne sera pas fixe et suivra la courbe d’évolution des prix de la poudre de lait sur le marché international. Ceux-ci qui étaient de 3 700 dollars/ tonne, sont passés à 6 000 dollars/ tonne sans que la subvention accordée aux producteurs ne soit alignée sur ces changements. Au mois de juillet passé, les producteurs de lait ont eu l’assurance des pouvoirs publics de revoir cette question et des promesses ont été faites dans ce cadre. Depuis, les producteurs privés continuent à alimenter quotidiennement le marché en lait pasteurisé, dans l’attente de voir leurs revendications satisfaites. Ne voyant rien venir à l’horizon, les industriels du lait reviennent à la charge et exigent des pouvoirs publics de réévaluer la subvention depuis le mois d’août avec le remboursement des mois de retard, allant parfois jusqu’à six mois pour certains d’entre eux. Si les producteurs ne se sont pas manifestés depuis plusieurs mois, c’est parce qu’ils ont pris en considération la rentrée sociale marquée par le mois sacré du Ramadan, et ne voulaient pas priver les familles du lait pasteurisé. Ce silence a ainsi renforcé le mutisme des pouvoirs publics sur la question des subventions et a maintenu la confusion et le flou sur les prérogatives et les missions de l’organisme Onil, qu’ils ont installé à cet effet. Selon les producteurs, cet organisme n’a établi ou communiqué aucun plan d’action leur permettant de voir l’évolution des opérations des subventions et des perspectives entreprises pour stabiliser le marché de la production nationale. Une situation embarrassante pour les entreprises qui, du jour au lendemain, à la rupture de leur stock, seront contraintes de mettre la clé sous le paillasson et libérer des centaines de travailleurs, sans parler de la paralysie de tout le secteur qui risque d’avoir des répercussions sociales très importantes.
R. M.