Les «privilèges» des entreprises étrangères

MARCHES PUBLICS

Les «privilèges» des entreprises étrangères

Le Quotidien d’Oran, 4 décembre 2005

Les opérateurs économiques algériens s’estiment-ils lésés dans l’attribution des marchés publics ? A entendre parler leur représentant, en l’occurrence le président de l’Union nationale des entrepreneurs algériens, M.Dennouni Abdelmadjid, la réponse coule de source: c’est une lapalissade.

Lors d’une conférence-débat animée hier au Forum du journal El-Moudjahid, ce responsable a en effet subordonné l’efficacité et le rendement des entreprises nationales à la refonte du code des marchés publics. Pas seulement. Il faut aussi, selon lui, assainir l’administration publique des boulets qui la confinent dans l’inertie et assurer un égal traitement dans l’accès aux marchés publics aux entreprises nationales et étrangères. C’est à ce prix que ces entités peuvent participer activement à la mise en oeuvre des programmes de développement déclinés pour la période allant jusqu’à 2009. «Les entrepreneurs nationaux peuvent relever le défi de la relance économique en participant activement à la réalisation du programme présidentiel, mais à condition d’assainir l’administration publique et de soumettre les entreprises nationales et étrangères aux mêmes conditions de travail et d’attribution des marchés», a-t-il notamment déclaré, sûr de lui.

C’est que le représentant des entrepreneurs est convaincu, s’appuyant sur un constat avéré, qu’il se développe une concurrence déloyale entre les entreprises nationales et étrangères, en faveur de ces dernières dans l’attribution des marchés. Il faut, par conséquent, à ses yeux, pour remédier à cette situation malaisée, procéder à la mise en harmonie de tous les textes de lois qui régissent l’attribution des marchés. Les pouvoirs publics sont solennellement interpellés sur cet impératif qui constitue «une condition essentielle de réussite des programmes de développement économique», notamment dans le secteur du bâtiment et des travaux publics, en général, où les projets sont somptueux. A l’image de ceux de la réalisation du million de logements et des infrastructures routières et autoroutières. Le montant de 55 milliards de dollars fait rêver, a-t-on souligné. Et la vocation d’une entreprise n’est-elle pas moins de s’emparer d’un maximum de parts de marché ?

Mais la compétition est faussée dès lors que le marché ne traite pas sur un pied d’égalité, selon le conférencier, les entreprises nationales et étrangères. Objet incriminé: la législation des marchés publics présentée comme une véritable entrave qui contrarie le développement des entreprises algériennes. D’où la demande expresse de son amendement formulée séance tenante pour mettre un terme aux lacunes et dérives qui sont enregistrées dans le sillage de l’application de ce code.

L’anormalité résiderait dans l’exigence de conditions aux nationaux qui ne le sont pas pour les étrangers. Le conférencier signalera également «le système de sécurité» qui exclut des soumissions les entreprises nationales en exigeant des critères qui ne sont pas appliqués pour les étrangers. Les cautions demandées, par exemple, aux nationaux sont telles qu’elles alourdissent la trésorerie des entreprises nationales et ne leur permettent pas d’avoir les mêmes chances que leurs partenaires étrangers. Les banques doivent aussi se mettre à la page en accordant plus d’intérêt pour le BTPH, traité comme un parent pauvre, alors que le secteur explose. Face aux interrogations de la salle quant aux capacités réelles des entreprises nationales à mener à bon port et dans les délais les projets des infrastructures lourdes, le conférencier a admis qu’il est nécessaire de mener une mise à niveau de ces entreprises et de réorganiser la corporation des entrepreneurs.

Omar Sadki