Port d’Alger : vers la paralysie !
LES PRINCIPAUX SYNDICATS APPELLENT A UNE GRÈVE LE 16 OCTOBRE
Port d’Alger : vers la paralysie !
Le Soir d’Algérie, 3 octobre 2005
La coordination des syndicats d’entreprise UGTA de la zone portuaire d’Alger a décidé de passer à l’acte. Face au refus de leurs employeurs respectifs, à savoir la Direction générale des douanes, l’Entreprise portuaire d’Alger (EPAL), la CNAN et l’ENTMV, de donner une suite favorable à leurs doléances contenues dans la plate-forme de revendications ayant sanctionné la réunion du 19 septembre dernier, les principaux syndicats décident de l’organisation d’une journée de protestation pour le 16 octobre prochain.
Celle-ci coïncidera avec la réunion qu’organiseront le jour même les animateurs de la coordination nationale des ports au niveau de l’Entreprise portuaire d’Oran. La réunion de ce dimanche a été révélatrice de la détermination des représentants des travailleurs d’aller au bout de leurs revendications, et ce, “face au mutisme inexpliqué des quatre employeurs, qui, au lieu d’ouvrir des discussions et autres négociations avec les syndicalistes, ont préféré la fuite en avant ou encore le pourrissement en ignorant les revendications des travailleurs ou en soutenant des démarches allant dans le sens contraire des intérêts des travailleurs”.
“La CNAN sera dissoute”
Cette seconde réunion de la coordination des syndicats d’entreprise de la zone portuaire d’Alger intervient quinze jours après la première réunion qui s’est tenue le 19 septembre dernier. Lors de cette dernière, les délégués syndicaux des quatre entreprises ont rendu publique une déclaration dans laquelle ils rappellent “la nécessité de l’amélioration de la situation socioprofessionnelle des travailleurs, notamment en matière de salaires, de conditions de travail (hygiène et sécurité), de renforcement des moyens humains et matériels, en particulier au profit des agents des douanes, le refus de privatisation des entreprises publiques performantes” et tant d’autres revendications. Or, pour les animateurs de cette seconde rencontre, “on n’a pas seulement rejeté nos doléances, d’importantes décisions mettant en cause le devenir des travailleurs ont été prises à notre grande surprise”. Il s’agit, selon le secrétaire général de la section syndicale de la CNAN, de la “décision à la fois injuste et clandestine de dissoudre la compagnie de transport maritime de marchandises, la CNAN”. “Grande était notre surprise de lire dans un journal gouvernemental l’appel à manifestation d’intérêt national et international pour la cession totale ou partielle de l’entreprise CNAN Group et de ses filiales. Il s’agit d’une provocation lancée à l’adresse des travailleurs et nos doutes exprimées la dernière fois se sont aujourd’hui avérées vrais”, explique le secrétaire général du syndicat d’entreprise de la Cnan. “Après la CNAN, ça sera le tour de l’ENTMV, au port d’Alger et à tant d’autres d’entreprises publiques qui sont en bonne santé financière ou qui peuvent remonter facilement la pente”, ajoute un autre syndicaliste. A ce titre, dans leurs différents comptes rendus, les secrétaires généraux des quatre entreprises ont indiqué que “le processus de privatisation des ports a d’ores et déjà commencé. Pour preuve, le port d’Oran est concerné par une structuration”. “C’est un début de privatisation qui sera élargi à toutes les autres entreprises. On commence par la CNAN et le port d’Oran et par la suite ce sera les autres entreprises. C’est le moment ou jamais aux travailleurs de s’unir et de converger leurs efforts. Ce n’est que de cette manière qu’on fera barrage à ses destructeurs», dira le secrétaire général du syndicat des douanes. Une idée soutenue par les autres représentants des travailleurs à l’image du premier responsable du syndicat d’entreprise de l’ENTMV, de la CNAN et de l’entreprise portuaire. “S’il n’ y aura pas d’actions communes et solidaires des travailleurs, personne ne nous entendra. Vous avez vu ce qui s’est passé à Bastia, en France. 400 travailleurs ont renversé la situation en poussant le gouvernement français à plaider la cause de la SNCM auprès de l’Union européenne”, ajoute Ahmed Badaoui.
“Djenouhat a pour mission de casser l’UGTA”
Lors de cette rencontre, il est important de noter qu’un cinquième syndicat d’entreprise de la zone portuaire, en l’occurrence l’entreprise Nashco, une entreprise spécialisée dans le transit, s’est joint à la coordination. Une “adhésion” que les membres de la coordination considèrent comme très importante, et ce, au vu “du vide organique enregistré au niveau de la wilaya d’Alger”. En évoquant cette question, les participants à cette rencontre ont condamné les propos tenus par le secrétaire national chargé de l’organique lors du meeting sur le référendum organisé à la Maison du Peuple Abdelhak-Benhamouda par le ministre des Transports. “Ce monsieur a violé le statut et le règlement intérieur de l’UGTA. Il n’a pas le droit d’évoquer la question syndicale à l’occasion d’un meeting politique. Ce monsieur veut faire de la politique, c’est son droit absolu, mais il n’a pas le droit de le faire sur le dos de l’UGTA en traitant la question organique en présence de personnes étrangères à l’organisation. Nous le défions de présenter une situation claire et précise sur l’Union de wilaya d’Alger, alors qu’il se permet, lors de cette rencontre politique, de dire qu’après le référendum nous allons refaire le congrès. Qu’il commence d’abord par l’Union de wilaya d’Alger ou l’Union locale de la capitale dont les mandats ont expiré depuis près de sept années. Ce monsieur n’a d’autres objectifs ou de missions que de casser l’UGTA au profit d’un parti politique. Pour votre information, ce monsieur occupe six postes de responsabilité. Il est secrétaire général de l’Union de wilaya d’Alger, président du conseil d’administration de la CNAS, vice-président au CNES, de la Commission des droits de l’homme et secrétaire national. Aujourd’hui nous interpellons les membres du secrétariat national sur cette situation. Il faut qu’ils sachent que Djenouhat est à l’UGTA pour accomplir une seule mission : casser l’UGTA et faire fuir les syndicalistes ou les domestiquer dans un but bien précis celui de casser les structures syndicales revendicatives. On a exclu Mohamed Sendid pour des motifs moins graves que ceux commis par ce monsieur. Mais les travailleurs et les syndicalistes sont là pour lui barrer la route. Jamais il ne sera secrétaire général de l’UGTA, et ce, même s’il faut qu’on se retrouve avec deux UGTA », affirme le secrétaire général du syndicat d’entreprise des douanes fortement applaudi par les participants à cette rencontre. Cela dit, avant la date du 16 octobre, les membres de la coordination prendront attache avec le secrétaire général de l’UGTA pour lui exposer la situation. C’est à l’issue de cette rencontre et des suites qu’il accordera à leur doléances que la décision finale sera prise.
Abder Bettache
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