De grosses pointures allemandes investissent

Une société de production de systèmes électroniques à Sidi Bel Abbès

De grosses pointures allemandes investissent

par M. Saâdoune, Le Quotidien d’Oran, 12 juillet 2010

Une société algéro-allemande de production de systèmes électroniques va naître. Elle conforte le gouvernement dans son choix de favoriser une substitution aux importations en favorisant la création d’entreprises mixtes ayant l’assurance de commandes publiques. La règle du 51/49% ne serait pas un obstacle…

Une société commune algéro-allemande pour la production de systèmes électroniques sera mise en place au niveau du site de l’Entreprise nationale des industries électroniques (ENIE) à Sidi Bel Abbès. La nouvelle a été annoncée hier par le cabinet du Premier ministre, avec la précision que la création de la nouvelle société se fera conformément aux dispositions de la loi de finances complémentaire 2009.

La création d’une telle entreprise, dans un contexte de raréfaction sensible des investissements étrangers en Algérie (4 seulement en 2009), est sans le moindre doute une nouvelle agréable pour le Premier ministre algérien, alors que dans le monde des affaires, on critique de plus en plus le dispositif d’encadrement des investissements étrangers mis en place dans le cadre de la LFC 2009.

La réputation de qualité des partenaires allemands qui s’associent aux ministères algériens de la Défense nationale et de l’Industrie, de la Petite et moyenne entreprise et de la Promotion des investissements apporte ainsi la «preuve» que les règles mises en application ne sont pas dissuasives au «bon» investissement.

Eads (European Aeronautic Defence and Space Company), groupe industriel du secteur de l’industrie aéronautique et spatiale civile et militaire, est le concurrent européen de Boeing. Rohde & Schwarz est spécialisé en test et mesure. L’entreprise est l’un des principaux acteurs au plan mondial en matière de radiocommunications professionnelles et des technologies de sécurisation de l’information.

Carl Zeiss AG est leader mondial dans le domaine de l’optique de haute technologie. Un partenariat de qualité, même s’il porte sur un segment particulier, qui peut être ainsi présenté comme une avancée réelle.

On se souvient qu’en août 2009, l’annonce de la conclusion d’un accord entre le gouvernement algérien et le fonds d’investissement public d’Abou Dhabi Aabar Investments, associant cinq firmes allemandes pour produire jusqu’à 10.000 véhicules par an en Algérie, a été la «bonne nouvelle» dans un contexte où le «dirigisme économique» du gouvernement était très critiqué. Une porte-parole de l’allemand Daimler, engagé dans le projet, avait souligné que le gouvernement algérien (le ministère de la Défense en fait) sera le client par excellence de la production réalisée dans le cadre de la joint-venture.

Les capacités du marché algérien comme stimulant

C’est l’esprit même d’une approche renouvelée – tardive et qui n’a pas fait l’objet d’un sérieux effort de marketing – qui consiste à favoriser une véritable démarche industrielle en contrepartie de l’assurance d’un marché. De toute évidence, c’est le même esprit qui préside à la création de cette joint-venture algéro-allemande qui, selon le communiqué du Premier ministère, sera «un nouvel opérateur économique qui s’inscrit dans le cadre du développement de l’électronique professionnelle en Algérie» et qui «induira la création de postes de travail de haut niveau versés dans les technologies avancées».

Les capacités du marché algérien peuvent en effet être un stimulant réel pour des partenaires sérieux en quête de nouveaux horizons, estime un économiste algérien. «Pour autant qu’un projet industriel soit présenté avec rigueur et des arguments convaincants, les partenaires ne manquent pas. Ces annonces le démontrent et prouvent qu’en adossant la stratégie d’attraction des investisseurs à la réalité industrielle du pays, il est possible d’arriver à des accords concluants en termes de transfert de technologie et de dynamisation du potentiel installé».