Affaire Khalifa Bank : Un préjudice de plus de 3 milliards de dollars

Affaire Khalifa Bank : Un préjudice de plus de 3 milliards de dollars

par Tahar Mansour, Le Quotidien d’Oran, 8 juin 2015

Durant toute la matinée d’hier dimanche, l’avocat du liquidateur, Me Ali Meziane, a présenté les demandes de la liquidation de Khalifa Bank et affirmé que le préjudice subi par le pays dépasse les 3 milliards de dollars. Lors de son intervention, l’avocat a déclaré que le groupe Khalifa n’existait pas juridiquement car sa création n’obéit à aucune loi de commerce. Pour ce qui est de la liquidation, l’intervenant a précisé qu’elle se déroule d’une manière conforme à la loi; des bilans sont faits chaque année, selon la loi algérienne, et adressés au tribunal de Chéraga. Passant ensuite à la Khalifa Bank, l’avocat de la partie civile affirme que : « nous savons qui a déposé l’argent dans cette banque, mais nous ne savons pas qui l’a pris, et lorsque Khalifa affirme qu’il a laissé 97 milliards de dinars, il a plutôt laissé 97 milliards de problèmes ». Il rappelle aussi que l’argent constitue les irrégularités constatées au niveau de la caisse principale. Il s’étale ensuite sur la création de Khalifa Bank et estime que cette institution a failli provoquer un drame national si Sonatrach avait déposé, comme c’était prévu, la somme de 400 milliards de dinars, n’était-ce la présence d’esprit du financier du groupe Sonatrach qui l’avait refusé. « Ce n’est pas avec des bouts de papiers que l’on gère une banque et même si le directeur de la caisse principale a nié cela, tout le monde sait qu’il recevait des bouts de papiers de Khalifa Abdelmoumène ou des appels téléphoniques et il remettait d’importantes sommes à ceux qu’il envoyait », a déclaré Me Meziane en parlant de la caisse principale. Il rappelle aussi que lorsque l’information de la désignation d’un administrateur a été connue, un vent de panique a soufflé sur la banque où des ordres ont été donnés pour régulariser la caisse principale en utilisant les 11 EES (écritures entre sièges) qui sont restées en suspens. « Le secteur public a fait un placement de 57 milliards de dinars et le secteur privé un placement de 2,5 milliards de dinars », a annoncé aussi le même avocat. Il aborda aussi la question des transferts douteux de devises à l’étranger, surtout après le retrait de l’autorisation de commerce extérieur à Khalifa Bank et affirme que c’est surtout le franco-libanais Ragheb Chamaa qui était derrière les grandes transactions à l’étranger et qui a été donc le grand gagnant dans cette affaire. Ce personnage a été derrière l’achat de la villa de Cannes et des unités de dessalement mais n’a pas été touché, de près ou de loin, par cette affaire. Il rappelle aussi que 140 milliards de dinars ont été transférés vers l’étranger, dont 26% par Khalifa Airways et ce, en l’espace de cinq années d’activité seulement.

A la reprise de l’audience à 13 h 30, c’est le représentant du ministère public, M. Zerg Erras Mohamed qui commença son réquisitoire en reprenant l’historique de toute l’affaire et en essayant de démontrer devant le tribunal la mauvaise foi de Khalifa Rafik Abdelmoumène et de ses co-inculpés. Dans son réquisitoire, le procureur général a rappelé les conditions dans lesquelles a été créée la banque Khalifa, la préparation de cette opération d’escroquerie depuis 1992, la complicité entre des fonctionnaires de certaines banques et Khalifa Abdelmoumène. Le représentant du ministère public affirme que Khalifa Abdelmoumène avait toute les possibilités de réussite mais il a préféré aller plus loin encore, en créant cette banque pour voler ses clients au lieu d’apporter un plus au pays. Il affirma aussi qu’il va décortiquer les actes de chaque accusé et présenter un historique complet de cette affaire.